
d’avoir à se demander si les hémisphères cérébraux
sont les organes immédiats des sens. Cette
question ressort directement néanmoins des travaux
récens sur la cinquième paire, et des faits
pathologiques relatifs aux altérations du segment
basilaire de. l’axe cérébro-spinal du système nerveux.
Il devient donc plus important que jamais
de chercher à préciser la part que prennent à
l’exercice des sens les lobes cérébraux, pour la
distinguer de celle qui paraît dévolue et à la cinquième
paire et à la moelle allongée.
Boerhaave ayant posé en principe que l’action
de chaque nerf existait à son point d’insertion
sur l’axe cérébro-spinal, les physiologistes et les
pathologistes placèrent le siège de l’odorat aux
environs du champ olfactif, et celui de la vision
dans la couche optique. Le sens du goût et celui
de l’ouïe résidaient vers les bandes inférieures delà
moelle allongée, et le toucher, sens plus général,
était disséminé dans la masse des hémisphères.
Voilà ce que l’on croyait, et ce qui doit être réformé
ou modifié.
En attendant de nouvelles lumières, nous devons
dire sur quelles bases étaient établies ces données.
Saucerotte, par ses expériences sur les animaux,
semblait, avoir établi sans réplique que l’odorat
avait son. siège dans le champ olfactif, puisqu’il
abolissait ce sens par la section de cette partie;
Lover l’avait vu détruit chez l’homme par une
tumeur qui comprimait les branches d’insertion
du nerf olfactif; et moi-même , dans plusieurs altérations
organiques du champ olfactif, je croyais
m’être assuré que l’olfaction était perdue dans la
narine correspondante à la lésion. Mais les conclusions
que nous avions déduites de ces faits et
de ces expériences sont singulièrement atténuées
par l’observation récente de Béclard, qui constata
la persistance de l’olfaction dans une dégénérescence
presque cancéreuse du champ olfactif.
L’influence des hémisphères cérébraux sur la
vue est bien mieux prouvée que celle de l’olfaction.
Coïter, Valsalva , P o u rfo u r-P etit, Saucerotte ,
ont constaté la perte de ce sens à la suite de l’altération
ou de l ’ablation des lobes cérébraux. Cet
effet a été vérifié par tous les physiologistes de
nos jours, ; mais ces expériences , en montrant
l’action des hémisphères sur la vision, n ’apprennent
rien sur la partie qui en est spécialement le
siège. La pathologie est un peu plus précise que
la physiologie expérimentale.
Dans les altérations de la périphérie des lobes,
à quelque profondeur qu’elles pénètrent, la vue
reste intacte. Il en est de même du corps strié
La masse de la couche optique paraît être le foyer
de ce sens chez l’homme; encore n’y concourt-elle
pas en entier. Ainsi j’ai vu toute la surface supérieure
détruite, sans que la vision fût altérée ; j’ai
observé cette destruction tantôt d’un seul côté,
tantôt des deux à-la-fois, la vue restant intègre.
Quand la couche optique est détruite dans sa pro