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que le cervelet exerçait sur les mouvemens : on a
alors exagéré cette influence, comme Willis avait
exagéré celle des lobes cérébraux. Les lobes cérébraux
considérés primitivement comme le principe
des mouvemens volontaires, sont considérés
maintenant comme leur étant tout-à-fait étrangers.
On a vu, déplus, que dans les idées de Reil et
d’Anermann, ils devaient être le principal foyer
de la sensibilité. Ainsi en moins d’un demi-siècle,
les lobes cérébraux et le cervelet ont entièrement
échangé leur destination.
De plus, dès que l’on s’occupa de la physiologie
du cerveau, la différence des deux substances
qui le composent frappa tous les esprits : de cette
différence, que l’on exagéra beaucoup, on déduisit
une diversité d’actions ; on supposa que deux parties
, dont l’une était blanche et l’autre grise, ne
sauraient concourir à des actions semblables ; on
a déjà vu à ce sujet les hypothèses de Willis, de
Wepfer, deVieussensetde MM. Gallet Spurzheim;
je passe sous silence celle de Riolan, et j’arrive
aux opinions de nos jours. Selon!,es uns, la matière
grise est la partie éminemment active de l’encéphale,
c’est l’organe delà sensibilité; et selon les
autres, elle est le principe unique des mouvemens:
on conçoit que chez ces derniers la matière blanche
est la partie sensible de l’encéphale, et que
pour les premiers elle est l’organe des mouvemens.
Pour juger par un seul fait ces deux opinions',
il n’y a qu’à considérer là moelle épinière, chez
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les animaux dans lesquels la matière blanche la
constitue uniquement; l’irritation de cette moelle
épinière provoque les plus vives douleurs et les
convulsions les plus actives. Donc la matière
grise n’est ni l’organe unique de la sensibilité ,
ni le principe des mouvemens ; donc aussi la
matière blanche excite à-la-fois et les mouvmens
et la sensibilité.
En définitive donc f la sensibilité a été attribuée
exclusivement au cervelet, aux hémisphères cérébraux
et à la moelle allongée ; le principe des mouvemens
a tour-à-tour été placé dans les lobes cérébraux,
dans la moelle allongée et dans le cervelet
; et selon que l’une ou l’autre de ces propriétés
a été déplacée, on a changé la destination
des parties fondamentales de l’encéphale. A quoi
lient cette oscillation? Toujours à cette malheureuse
tendance qui nous porte à généraliser des
résultats particuliers.
11 est évident, par exemple, que d’après les expériences
physiologiques, la moelle allongée est
le foyer principal de la sensibilité. Il n’est pas
moins certain que les altérations pathologiques
du pont de Varole, et de la partie de la moelle
allongée qu’il embrasse sont toujours accompagnées
de la perte de la sensibilité. Mais s’ensuit-il
que le cervelet et les lobes cérébraux soient insensibles?
non, sans doute : rien ne mène à cette induction
, ni l’analogie , ni l’expérience. L’analogie
la repousse, car elle nous montre partout le sys