
62a PHYSIOLOGIE ET PATHOLOGIE.
phénomène, on trouvera, je pense, que les mus
çles du coté gauche ayant perdu leur action en
totalité ou en partie, les muscles antagonistes dp
côté droit conservant toute leur énergie, tout le
porps se trouvait nécessairement entraîné de ce
coté. L’inyerse avait lieu sur les animaux dont
l’hémisphère gauche du cervelet avait été lésé :
la concavité de l’arc était à gauche, quand l’animal
faisait des efforts pour se reléver, et la con-;
yexité à droite : c’était du côté droit qu’il fléchissait,
qu’il cherchait un appui. Plaçait-on l’animal
sur le dos, et le forçait-Qn à se relever , dans les
efforts qu’il faisait, les muscles opposés à la lésion
du cervelet entraînaient ceux de l’autre côté;
l’animal roulait sur lui-même: cette rotation avait
lieu de droite à gauche, ou de gauche à droite,
selon qu’on avait blessé l’un pu l’autre des hémi-
sphères.Tout indiquait donc que le côté opposé à
l’hémisphère lésé était celui qui était frappé de
paralysie (1).
Cette rotation des, animaux m’avait beaucoup
frappé, parce que j’avais précédemment observé
pu malade q u i, au lieu de voir tourner les objets
comme cela arrive dans les prodromes de la plupart
des apoplexies , tournait au contraire lui-
même, et se roulait dans son lit pour peu qu’on
(i) M. Flourens ayant parfaitement établi le crôisement
d’action du cervelet chez les oiseaux, je m’abstiens dé rapa
porter mes propres expériences.
l'abandonnât. Ce fait étant encore unique dans
la science, je vais le reproduire avec quelques
détails.
Le nommé 1’. E. Duval ; âgé de soixante-huit
ans, cordonnier, d’une constitution faible, grand
buveur, fut sujet dans sa jeunesse aux saigneuiéns
de nez, plus tard auxhémorrhoïdes , et toute sa vie
a une faiblesse d’estomac qui rendait ses digestions
pénibles : souvent il était pris de diarrhées, qui
duraient huit ou dix jours et cessaient par le
régime. A l’âge de cinquante ans il eut dans l’articulation
du genou gauche un gonflement que l’on
combattit par les bains, et qui rendit les mouve-
mens difficiles pendant plusieurs mois; la jambe
fut oedématiée; un ulcère situé à la malléole interne
( suite d’un coup) fut très-long-femps à se
cicatriser. Telles étaient les affections morbides
dont le malade et ses amis avaient conservé le
souvenir.
Le 5 janvier 1819, le malade ayant dîné chez
un de ses amis, et bu beaucoup, comme à son
ordinaire, fut néanmoins plus étourdi par le vin
qu’il n’avait coutume de l’être. Une circonstance
qui l’avait frappé dans cet état , c’est qu’il ne
voyait pas tourner les objets comme cela arrive
d ’ordinaire, mais qu’il lui semblait au contraire
quil tournait lui-même; ce qui porta ses amis à
croire qu’il était ivre , et le fit conduire chez lui.
A peine y était-il arrivé, qu’il se m ita tourner
réellement sur lui-même. Le tournoiement M î t