
trompé les anatomistes à ce sujet. Je ne lés ai pas
rencontrés sur le dernier protée dont j’ai examiné
le cerveau , et Tréviranus, qui a disséqué plusieurs
prolées dans cette intention , ne les a non
plus jamais aperçus.
Il me parait donc rigoureusement établi que la
taupe est privée de nerf optique , comme aussi lé
rat-taupe du Cap, la chrysochlore , la musaraigne
et le protée , et que si cet animal jouit dé la vision,
comme le prouvent les faits intéressans et les ex-
periences curieuses , exposés dernièrement à la
Société Philomatique par MM. les professeurs
Geoffroy-Saint-Hilaire, Duméril etBlainville, cette
fonction ne peut s’exécuter que par l’intermède
du nerf de la cinquième pairè.
Autre hérésie physiologique, a-t-on d it, que
de supposer que la cinquième paire puisse exercer
une influence quelconque sur la vue ou les organes
(les sens. Ne supposons rien ; laissons parler
les expériences physiologiques et les faits pathologiques,
et nous verrons cette seconde objection
réfutée plus victorieusement encore que la précédente.
Ces faits et ces expériences vont nous porter sur
un champ nouveau de recherches dont il est impossible
de prévoir les résultats. Nous allons voir
se réunir sur un même point l’anatomie comparative,
la physiologie expérimentale et la pathologie,
trois sciences qu’on croit si étrangères les unes
aux autres, et qui tôt ou tard n ’en feront qu’une.
Quiconque eût annoncé, il y a quelques années,
que la section de la cinquième paire chez les animaux,
et les altérations de ce nerf chez l’homme,
porteraient une telle atteinte à l’action des sens, qu e
la plupart d’entre eux seraient paralysés, eût
trouvé devant lui toute la cohorte des anciennes
idées, au travers de laquelle il n eû t pu se faire
jo u r; on n’eût pas manqué de dire qu’il y avait
un nerf optique qui seul pouvait voir, comme on
l’a fait dans la discuision précédente : un nerf
olfactif qui seul pouvait sentir; un nerf acoustique
qui seul pouvait entendre: on eût ainsi, pendant
quelque temps, enrayé la marche des idées ; mais
les progrès rapides de la science du système nerveux
ont prévenu ces objections.
Parmi les êtres organisés, les animaux SeSls
sont doués de deux propriétés qui les caractérisent
,• la sensibilité et la 'motilité; le système nerveux
en est le siège. Mais chaque nerf ou chaque
partie du système nerveux est - elle également
propre à développer et à transmettre l’une et
l ’autre de ces propriétés? ou bien existe-t-il des
nerfs et des parties , dans l’axe cérébro-spinal, destinées
spécialement a la sensibilité , d’autres à la
motilité? Personne n ’ignore combien est ancienne
la division des nerfs, en nerfs du sentiment et en
ceux du mouvement; chacun sait aussi combien
furent infructueuses les recherches de nos pères,
pour démontrer l’isolement de ces deux actions,
dont ils avaient un pressentiment vague. Ces idées,