
de douze ans, que MM. Magendie et Laurent placèrent
dans ma division. Dans de courts accès
d’épilepsie, qui së succédaient avec une grande
rapidité, cet enfant était irrésistiblement entraîné
à reculer. Là tête était portée en arrière ; le corps
lui-même était légèrement incliné en ce sens. Si
on s’opposait au renversement de la tête, le recule-
ment s’arrêtait ; lorsqu’on lui laissait parcourir
ainsi un certain espace en la tenant par la main,
elle décrivait une courbe , qui fut en augmentant
à mesure que la malade approcha du terme
de la guérison. Elle sortit deux mois après son entrée
, très-bien rétablie , et depuis deux ans elle
n’a éprouvé aucune rechute. Le renversement et
la chute en arrière de certaines apoplexies cérébelleuses,
et le reculement de cet enfant me paraissent
donc expliqués par les expériences précédentes.
En outre * dans le cervelet réside réellement
la force qui coordonne les mouvemens pour le
saut. M. Flourens l’a dit ; mais ses expériences
ne me paraissent pas aussi décisives que les suivantes.
Si, un animal étant libre, on transperce le cervelet
avec un poinçon très-acéré, au niveau de son
tiers supérieur, l’animal fait un bond qui peut
s’élever à plusieurs pieds de hauteur. Get effet est
si prompt, si instantané chez le lapin; que l’on
croirait que le saut est produit par la détente
d un ressort.
Cette propriété explique ce que l ’on a cru re<-
marquer de contradictoire dans la grenouille : la
progression de cet animal est bien différente, selon
qu’elle s’exécute dans l’eau ou sur le sol. Dans
l’eau, elle nage; sur la terre, elle saute. Cette
circonstance est donc bien propre, à-éclairer ce
point de la physiologie du cervelet.
Si sur une grenouille on enlève cet organe , ce
qui n’est pas très-difficile , et qu’on la plonge
dans l’eau# elle, nage comme avant cette ablation.
Si on la met à terre, elle reste immobile : on a
beau l’exciter, elle remue les pattes; mais elle ne
marche point, parce qu’elie ne peut marcher sans
sauter. En perdant son cervelet, elle a donc perdu
cette faculté.
De ce que la grenouille ne peut plus sauter
lorsqu’elle a perdu le cervelet , en conclure que
la marche est abolie chez tous les reptiles qui ont
subi cette mutilation , ce serait n’avoir pas saisi
l’anomalie particulière de la marche de ce batracien.
En effet, de même que la grenouille nage
après cette ablation, de même les lézards et les
couleuvres continuent de marcher, les oiseaux de
voler,' mais beaucoup plus faiblement, et seulement
pendant quelque temps, après l’ablation du
cervelet.
Le cervelet exerce donc une influence très-puissante
sur les mouvemens des membres; mais cette
influence n’est pas la même sur les membres supérieurs
ou antérieurs, et sur les inférieurs ou posté*-