
membrane pituitaire soient moins sensibles physiquement
que celles de l’oeil et de la bouche,
néanmoins sa sensibilité disparaît ; aucun corps
odorant ne l'affecte , soit qu’il soit placé à distance
ou en contact ; les corrosifs même ne l’excitent
pas ; circonstance que nous avons déjà vue produite
par la section ,dii nerf olfactif. Cet. effet est
en grande partie expliqué par l’anatomie comparative
; car on sait d’une part que les divisions
du nerf olfactif ne dépassent pas les cornets
ethmoïdaux, et de l’autre j’ai montré que l’étendue
de la chambre olfactive était principalement due,
chez les animaux, au volume du cornet inférieur,
sur la surface duquel se distribuent uniquement
les filets de la cinquième paire.
G. AL Magendie, à qui j’emprunte ces faits im-
portans, croit avoir remarqué aussi que la section
de la cinquième paire entraîne la perte de l’ouïe ;
circonstance qui expliquerait l’audition des animaux
dont ïe nerf acoustique paraît n’être qu’une
division du trifacial (i), et qui en serait expliquée
à son tour.
Des résultats si nouveaux ne pouvaient manquer
d’exciter vivement l’attention des physiologistes;
à une autre époque, peut-être, ils eussent
été stériles pour la médecine; les médecins n’eussent
pas manqué de renouveler contre eux toutes
les préventions qu’ils ont conçues contre la phy-
(i) Tom. Ier, pag. 381 , 399
siologie expérimentale. Mais à peine étaient-ils
connus , que j’en fis à l’homme les plus heureuses
et les plus utiles applications. J ’avais, depuis
plusieurs mois , dans ma division, à l’hôpital de
la Pitié, un jeune homme qui avait successivement
perdu l’oeil droit , et la vue, l’odorat et le goût du
même côté. Quelle était la causé de cette affection
simultanée des sens , dont les annales de la science
n’offraient point d’exemple? on va le voir dans
l’observation détaillée que j’en présente ici.
Histoire d'une altération organique dunerf trijumeau,
suivie de la perte de la vue j, de l’odorat, de l’ouïe
et du goût du même côté.
Hubertin-Joseph Lainé, âgé de vingt-six ans ,
garçon chapelier ., entra dans ma division à l’hôpital
delà Pitié , le 29 septembre 1825. Sa constitution
était délicate, son tempérament lymphatique
; sa vie avait été régulière , mais il s’était
souvent livré à la masturbation.
Son air était hébété , sa physionomie donnait au
premier aspect l’idée d’un homme imbécilïe ; il
paraissait concevoir lentement et comprendre
avec difficulté les questions qu’on lui adressait.
Lorsqu’il avait compris et qu’il voulait répondre,
on voyait qu’il éprouvait de la difficulté à s’exprimer.
Il prononçait difficilement, et le peu qu’il
disait, semblait exiger de sa part un effort très-
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