
physiologie expérimentale et de l’anatomie com-r
parative. Aussi, dès le 7 août, discutant devant
la Société philomatique sur le prétendu nerf optique
de la taupe, et réfutant les objections qui
s’élevaient contre l’action que j’avais attribuée à la
cinquième paire sur les sens, je n’hésitai pas à
m’avancer devant cette honorable assemblée, en
l’assurant que sous peu de jours je produirais un
cas de pathologie qui justifierait ce que j’avais
avancé. Tout, dès-lors, annonçait une fin prochaine
de ce malade.
Jusques-là, je n’avais fait qu’énoncer auxélèves
les conjectures que j’avais formées sur le siège de
la maladie. Je m’étais abstenu , par les raisons
indiquées plus haut., de faire devant eux les expériences
qui m’avaient mis sur la voie du diagnostic.
Je jugeai cependant qu’un fait de cette
importance devait être publiquement constaté :
en conséquence , le 10 août, à la visite du matin,
j’invitai M. Dimbarre, interne de ma division, jeune
médecin très-instruit, et excellent observateur, à
répéter lui-même les expériences devant les autres
clèvés.
M. Dimbarre frotta l’oeil droit avec les barbes
d ’une plume à écrire : le malade n’en eut aucun
sentiment , il n’y eut point de clignottement des
paupières : la face interne de ces dernières parties
était également insensible. La même expérience
faite sur l’oeil gauche, produisit une vive sensation
et un clignotement long-temps prolongé. On réitéra
deux ou trois fois cet essai, parce que le malade
n’en parut pas fatigué , et que cette insensibilité
delà conjonctive, de la cornée et de la face
interne de la paupière, jointe à l’immobilité complète
du globe de l’oeil et de ses dépendances ,
excitait un vif étonnement parmi les assistants.
On passa ensuite aux fosses nasales , on introduisit
la plume dans la narine droite, on l’agita
dans tous les sens : le malade y fut complètement
insensible. On passa à la narine gauche, la sensibilité
la plus vive se manifesta dès son introduction.
On présenta à la narine droite un flacon
contenant de l’ammoniaque liquide : le malade
en ressentit une faible impression après une forte
inspiration ; à gauche, l’approche du flacon ne
put même être supportée.
On vint à la bouche : nous constatâmes de
nouveau l’altération profonde des gencives du
côté droit, beaucoup plus affectées que celles du
côté gauche. La langue ne parut pas sensiblement
altérée , le malade la portait hors de la bouche,
en ligne directe. Du sulfate de quinine, réduit en f
poudre , fut appliqué sur la partie droite de la
langue , le malade ne le sentit p o in t, ne le dégusta
point ; on en mit sur le côté gauche, il
le cracha aussitôt. Interrogé sur la saveur qu’il
lui avait trouvée , il en désigna l’amertume par
le terme de chicotin , usité parmi le peuple.
On a remarqué dans les expériences premières
que nous fîmes sur ce malade , que l’audition