
réputées incurables. Si un paralytique recouvre
l’exercice des mouvemens et qu’il succombe àune
autre maladie, on trouve la cicatrice au point où
s’était formée la division de l’encéphale. La cicatrice
est plus ou moins ferme, les lèvres de la division
sont plus ou moins bien rapprochées, selon
que les mouvemens sont devenus plus ou moins
libres. Les cicatrices sont : ou linéaires, la guérison
de la paralysie est alors complète; ou aréolaires, la
guérison est alors imparfaite ; les mouvemens sont
plus ou moins gênés. Une paralysie étant complètement
guérie, il arrive quelquefois que, sans
cause connue, et sans une nouvelle attaque d’apoplexie
, la perte du mouvement reparaisse : dans
ces cas, il y a in tiltration de la cicatrice; lacicalrice,
de linéaire qu’elle était, devient aréolaire ; les
aréoles se remplissent d’une sérosité jaunâtre; les
lèvres de la plaie de l’encéphale, écartées, sont
ainsi maintenues à distance. Ces cas sonlfréquens,
surtout chez les vieillards faibles. D’autres fois, une
nouvelle attaque d’apoplexie, une chute où ùn cèup
porté sur la tête, rompent la cicatrice; aussitôt la
paralysie se reproduit. J’en ai rapporté un exemple
remarquable, il y a sept ans (i), Cet effet n’a lieu
que dans les cicatrices récentes ; les cicatrices anciennes
résistent plus que les parties de l’encéphale
quï les avoisinent. On voit très-fréquemment des
foyers sanguins récens, creusés à côté des cicatrices,
(1) Journal universel des sciences médicales, tom. XI.
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qui ont résisté aux efforts par lesquels ont été
brisées les parties de l’encéphale qui les avoisinent.
Qn né saurait trop admirer â ce sujet les
ressources de la nature.
Quand je publiai mon mémoire sur la guérison
des paralysies par la cicatrisation du cerveau, on demanda
comment ce fait avait échappé si longtemps
aux récherches des observateurs. Si l’on
eût consulté l’histoire de la science, la question
inverse eût été plus juste. Comment l’aurait-on
découvert sous l’influence des hypothèses qui se
sont disputé lé domaine du système nerveux ?
De quel intérêt pouvaient être ces cicatrices, quand
les mouvemens étaient attribués à l’arachnoïde,
par hioîan, et à la dure-mère, par Baglivi ? Pendant
le long rêvé des esprits animaux, quel auteur
eût imaginé que la substance blanche pût se
régénérer indépendamment de la matière grise,
qui seule pouvait sécréter ces esprits? Et dernièrement
encore, quand on faisait procéder la matière
blanche de la grise , quand cette dernière était une
sorte de matrice où s’engendrait la première, qui
eût songé à voir une cicatrice se former de toute
pièéé, dans le centre de la matière blanche? Toutes
ces hypothèses détournaient les. observateurs, et
leur faisaient regarder comme impossible la régénération
de la matière blanche sans matière grise.
Pour la découvrir, il fallait donc observer, l’esprit
libre de toutes ces suppositions.
C?ést une position nouvelle dans la science , que
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