
Le calme moral, le repos dans lequel il restait,
firent diminuer considérablement le retour des
accès ; il restait souvent h u it. quinze et vin^t
jours sans en éprouver , tandis qu’au moment de
son entrée ils se répétaient tous les jours , quelquefois
deux ou trois fois. L’appétit était revenu,
le malade mangeait les trois-quarts de la portion,
et digérait bien; l’embonpoint revenait de jour
en jour; de jour en jour aussi il paraissait plus
content et plus gai.
Mais ce bien—être ne fut pas de longue durée :
vers le milieu du mois de décembre, une ophthal-
mie aiguë se manifesta sur l’oeil droit : elle fut
accompagnée d’un oedème des paupières, et d’une
opacité commençante de la cornée transparente ;
1 iris de ce côté ne présenta rien de particulier.
Un séton fut appliqué à la nuque : Tophthaimie
se dissipa au bout de dix à douze jours ; mais
pendant que l’inflammation de la conjonctive diminuait
, 1 opacité de la cornée augmentait de
plus en plus , de telle sorte que, l’ophthalmie ayant
disparu , la cornée parut épaissie et touî-à-fait
opaque dans toute son étendue. La perte de la
vue de ce côté en fut le résultat inévitable ; du
reste , les accès épileptiques devinrent plus fré-
quens et se manifestèrent principalement pendant
la nuit. J administrai les anti-spasmodiques, le nitrate
d argent associé au camphre : lesaccidens se
ealmèrent de nouveau , et le malade revint à-peu-
près dans 1 état ou nous 1 avons vu précédemment.
Toutefois, nous nous étionsaperçu que l’oeildroit
était insensible, çlans le cours de janvier eten février
1824. Plusieurs fois les accès épileptiques avaient
eu lieu sous nos yeux. Je remarquai que les convulsions
dont il était affecté, se manifestaient
exclusivement du côté d ro it, et consistaient dans
une extension et une flexion alternative du bras
et de la jambe de ce côté , mais principalement
du bras , qui souvent, pendant plusieurs minutes,
restait dans une rigidité tétanique : du reste , la
face était aussi injectée , spécialement du côté
droit. Ayant remarqué encore que nos questions
le fatiguaient beaucoup et provoquaient le retour
des accidens épileptiques , nous discontinuâmes
des recherches qui lui paraissaient si nuisibles.
Dans le cours des mois d’avril et dé mai , nous
nous aperçûmes qu’il quittait rarement s(5n lit ,
et nous apprîmes qu’il lui était resté une faiblesse
très-grande du bras et de la jambe du côté
droit.
Le 1er. juin 1824 , je fus invité par M. Magendie
à aller voir les animaux sur lesquels il avait pratiqué
la section de la cinquième paire : à l’aspect
des effets que j’aperçus sur les yeux de deux ou trois
lapins, je fus frappé d’un trait de lumière relativement
au malade qui fait le sujet de cette observation.
Je me rappelai que l’ophthalmie de l’oeil
droit , et l'opacité de la cornée qui en avait été la
suite, avaient offert une marche à-peu-près semblable
à celle dont ces animaux étaient affectés.