
il est dans un état désespéré : le pouls est imperceptible,
les extrémités supérieures et la tête sont
froides; il est couvert d’une sueur visqueuse; le
râle trachéal est très-prononcé ; il ne voit ni n’entend.
Le 9 , le malade sort tout-à-coup de cet état;
il semble s’éveiller d’un profond sommeil; il n’a
aucune connaissance de la position où il était la
veille ; il est étranger à tout ce qui se fait autour
de lu i; il voit, entend et parle avec assez de facilité.
Le \o , il est dans la même position. Le 11 ,
il retombe dans l’état où il était le 8, et meurt à
trois heures de l’après-midi.
En résumant les symptômes que le jeune Gautier
nous avait présentés dans le cours de sa maladie
, on voit d’abord une maladie du coeur très-
prononcée, des palpitations, des battemens qui
se font ressentir dans la plus %rande étendue du
côté gauche de la poitrine, accidens qui, joints à
l’oppression et à l’oedème des pieds et des jambes,
décèlent ordinairement une hypertrophie avec dilatation
des cavités gauches de l’organe central de
la circulation. Ces symptômes s’apaisent ; et à la
suite d'un léger excès dans le manger, il se déclare
des accidens dénotant une péritonite et une
entérite : ceux-ci diminuent à leur tour; mais au
moment où l’on devait s’attendre à voir entrer le
malade en convalescence, il déclare ne pouvoir se
soutenir sur ses jambes; et bientôt en effet il ne
peut ni se lever, ni marcher, ni même soulever
dans son lit les membres abdominaux. La périplégie
est complète, les muscles des extrémités
inférieures ont perdu leur action; la sensibilité
persiste néanmoins dans ces membres paralysés *
et quelque temps après y est exaltée au point de
faire pousser des cris au malade par le plus léger
attouchement. Tout dénote dès-lors une maladie
organique de la moelle épinière, et la paralysie
persistante de la vessie vient s’y joindre pour confirmer
ce diagnostic.
Mais dans quelle partie de la moelle épinière et
à quelle hauteur se trouvera la désorganisation,
si elle existe ? Telle est la question que l’on devait
se faire, et que nous cherchâmes à résoudre avant
de procéder à l’ouverture du cadavre. Deux groupes
de phénomènes me portèrent à annoncer que
l’altération organique devait être située très-haut
dans la région dôrso-costale de la moelle épinière.
Premièrement, l’exaltation des mouvemens du
coeur, par laquelle avait débuté la maladie ; secondement,
la faiblesse et la lenteur des affections
du canal intestinal,.
Considérant ensuite que la perte du mouvement
avait de beaucoup devancé la perte de la
sensibilité, que celle-ci même avait été exaltée
pendant long-temps; considérant, de plus, que
la respiration n’avait nullement été troublée pendant
le cours de la maladie, j’ajoutai que, d’après
les expériences de M. Magendie, les cordons antérieurs
de la moelle épinière devaient être les
plus affectés , à moins que nous n ’eussions encore
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