
Les radiations de la couche optique et du
corps strié exercent aussi une action spéciale sur
la voix, la parole et la prononciation. M. le professeur
Récamier avait, il y a plusieurs années ,
placé le siège de la parole dans la partie moyenne
du demi-centre ovale, parce qu’il avait observé
l’aphonie, à la suite des altérations organiques
de cette partie : M. le docteur Bouilîaud a attribué
exclusivement cette propriété au lobe antérieur
, parce que, dans le cas soumis à son examen
, c’est à la suite des maladies du lobe antérieur
que l’aphonie s’était manifestée : enfin, j’avais
conclu de la lésion des radiations delà couche
optique , ce que ce dernier médecin a déduit de
celle du corps strié. Il résulte ainsi de ces trois
ordres de faits que la voix, et sur-tout la parole ,
sont spécialement influencées par le demi-centre
ovale des hémisphères cérébraux. Mais ces fonctions
le sont-elles au même degré et de la même
manière dans toute l’étendue de ce demi-centre?
Je crois pouvoir avancer d’après mes observations,
que les radiations du corps strié influencent l’exercice
de la parole d’une manière plus directe
que celles de la couche optique ; et qu’au contraire
celles de la couche optique influencent plus la voix
ou la formation des sons que celles du corps
strié. D’où il résulte que dans les altérations de
ces dernières radiations, l’aphonie est le résultat
de la paralysie des mouvemens delà langue; et que
dans celles de la couche optique , elle est l’effet
de la paralysie du larynx : on conçoit alors que,
lors des lésions du demi-centre ovale, l ’aphonie
doit être le résultat de cette double action exercée
et sur le larynx et sur la langue. On voit donc
encore une fois que la même fonction n’est pas
exclusivement assignée à tel ou tel point de la
masse encéphalique, puisque déjà nous avons vu
l’aphonie et le bégaiement se manifester dans les
maladies de la moelle allongée et de la protubérance
annulaire.
On doit surtout conclure de tout ce qui précède
, que les lobes cérébraux exercent une action
très-puissante sur les mouvemens volontaires; que
les radiations du corps strié influencent spécialement
les jambes , et celles de la couche optique
les bras; vérité si importante pour la pratique,
que je crois utile de la confirmer par la physiologie
expérimentale.
J’incisai le lobe antérieur gauche d’un chien de
moyenne taille, quelques lignes au-dessus d u niveau
de la partie antérieure du ventricule latéral ; la
patte droite postérieure fléchît seule : je fis la
même section sur le lobe droit, et la gauche fut
paralysée ; alors je pus remarquer qu’en marchant
sur ses pattes de devant, l’animal traînait celles
de derrière. Les pattes postérieures élaient paralysées
, celles de devant ne l ’étaient pas; les radiations
antérieures du corps strié étaient seules
intéressées dans l’expérience.
J ’enlevai sur un jeune chat la partie antérieure
II.