
injections de Ruysch. Boerhaave, supposant la
matière médullaire de l’encéphale composée de
vaisseaux , plaça toute l’action nerveuse au point
de contact de ces vaisseaux avec les artères provenant
delà pie-mère et de la substance corticale.
Les autres membranes étaient étrangères à ces
actions. Reil eût donné à cette idée une grande
vogue si ses opinions physiologiques eussent eu
le succès de ses recherches anatomiques ; il distingua
dans le nerf l’enveloppe et la pulpe 4 la
première était un étui formé par la pie-mère, la
seconde était le prolongement de la pulpe cérébrale;
il doua l’enveloppe du privilège de produire
les mouvemens, et fit de la pulpe l’organe
de la sensibilité. Àrnemann crut avoir prouvé
cette assertion , en établissant qu’après la cicatrisation
des nerfs, le mouvement seul se rétablissait
, le sentiment étant .pour toujours anéanti :
à cette supposition , Arnemann en ajouta une
autre , en assurant que dans la reproduction des
nerfs, l’enveloppe seule se régénérait : il expliquait
de cette manière le retour du mouvement et la
perte de la sensibilité. Reil n’ayant fait aucune
expérience, Vicq-d’Azyr et Biehat suppléèrent à
cette omission : ils isolèrent le prétendu névrilème
de la pulpe, l’irritèrent et ne produisirent rien
de ce que faisait espérer l’hypothèse de Reil. Ces
expériences directes firent oublier cette opinion
déjà jugée, avant qu’elle parût, par celles de
Haller , de Castell , de Walstorf çt de Tosetti.
THYSIOLOGIÈ ET PATHOLOGIE. 6 5 ^
Enfin, les idées de Willis, qui rétablissaient
dans son empire l ’axe cérébro-spinal, prévalurent;
Boerhaave avait déjà préparé ce retour,
dont la gloire restera à l’école de Haller. Un philosophe
moderne a dit que l’homme était une
intelligence servie par des organes : en traduisant
cette haute pensée dans le langage anatomique ,
on peut ajouter que les instrumens de cette intelligence
sont les diverses parties du système
nerveux. Chercher ailleurs que dans ce système
le siège du mouvement, du sentiment, des sensations
et de l’intelligence, c’est rentrer dans les
routes qui nous ont égarés jusqu’à ce jour.
Mais à peine eut-on entrevu cette grande vérité,
qu aussitôt on imagina de trouver dans l’encéphale
un point qui régît toutes les autres parties.
Cette prérogative fut accordée à la glande
pinéaîe par Descartes, Murait, Gaukes; au corps
strié et à la couche optique par Willis, Pourfour-
Petit, Saucerotte et Sabouraut; au septum luci-
dum par Digby , Kenaîm , Duncan ; au corps calleux
par Bontekoë , Lancisi, Lapeyronie ; à la
moelle allongée par Hoffmann, Blancard, Schel-
hamer, Lorry : enfin de nos jours , Soemmering
le père , interprétant une pensée de Boerhaave.
a replacé dans les parois du quatrième ventricule
le siège du sensorium commune; c’est revenir après
de longs détours à l’idée favorite du médecin de
Pergame. Une vérité fondamentale ressort cependant
de ce déplacement alternatif du sensorium