
Je lui fis flairer une potion éthérée; il reconnut
la présence de l ’éther de la narine gauche, et ne
put jamais le distinguer de la narine droite. Je
n’aperçus rien du reste sur la membrane pituitaire.
Il est inutile de dire que nous fermions
avec soin la narine opposée à celle sur laquelle on
faisait l’essai.
Nous examinions avec soin l'intérieur de la
bouche, et nous reconnûmes sur les gencives
droites un commencement d’affection scorbutique
qui n ’existait pas à gauche ; les gencives étaient
rouges, quelques plaques blanches existaient çà
et là ; elles étaient gonflées au pourtour des
alvéoles , surtout à la mâchoire inférieure. La
langue se mouvait toujours avec quelques difficultés;
du poivre en poudre fut encore appliqué
et non ressenti sur la partie droite de cet organe;
sur la gauche, il excita le ptyalisme et une vive
cuisson. L’ouïè du côté droit ne parut nullement
affectée.
Cet état restait stationnaire. Dès le 5 juillet , je
fis observer aux élèves l’affection scorbutique qui
se remarquait du côté droit et point à gauche. Il
survint à cette époque une gêne de la respiration
que nous n’avions pas remarquée jusqu’à ce jour.
Le 11 juillet, l’affection scorbutique avait fait des
progrès; la partie gauche en était encore exempte.
Le 16, les gencives sont plus boursouflées à gauche,
fendues vers la partie qui embrasse le collet
des dents, l’affection commence à s’étendre aux
gencives du côté gauche. Du 17 au ier a o û t, l’intérieur
de la bouche devient de plus en plus malade
; mais la partie droite reste toujours plus
profondément affectée que lagauche; du côté droit,
les racines des dents commencent à abandonner
leurs alvéoles , c’est-à-dire à être déchaussées. Cet
état fait des progrès jusqu’au 10 août; à cette
époque lés gencives étaient écartées à droite du
collet des dents ; il existait entre ces dernières et
les gencives des vides 1 où avaient pénétré du tartre
et des parcelles d’alimens.
Sa santé d’ailleurs déclinait de jour en jour. Le
soin que nous avions eu de ne point fatiguer le
malade, avait presque fait cesser les accès épileptiques
; mais une cachexie générale s’était lentement
développée. Le malade était d’une faiblesse
extrême. La respiration était gênée plus à droite
qu’à gauche. Le pouls était concentré , petit et
fréquent. La face, qui s’était conservée jusqu’alors,
offre une altération profonde des traits. L’appétit
disparaît, et le malade tombe dans une taciturnîté
qui jamais ne s’était manifestée.
On conçoit, d’après l’exposé de tout ce qui
précède , qu’il ne me restait aucun doute sur le
siège de la maladie. Trop de caractères , trop de
signés indiquaient unelésioii de la cinquième paire,
pour qu’il fût possible de la méconnaître, quoique
ce fût le premier fait de ce genre qui s’offrait aux
regards des médecins, et que je ne fusse dirigé ,
dans ce diagnostic, que par les inductions de la