
fondeur, la vision n ’est perdue que lorsque la désorganisation
pénètre au niveau du point de départ
de la commissure molle : cette commissure paraît
être la limite de ce sens, d’après les faits que j’ai
observés. Si les genoux sont détruits, la vue est
perdue de l’oeil opposé ; l’altération d’un seul ne
fait que l’affaiblir.
Quelquefois les malades voient les objets doubles
; quelquefois aussi ils voient les objets doubles
d’un oeil et simples de l’autre : alors, la vision est
singulièrement troublée. L ’instinct porte constamment
les malades à ne se servir que de l’oeil où la
vue est simple. Dans d ’autres cas, la vue est d’abord
double d’un oeil, simple de l’autre ; puis l’oeil à
vue simple devient double, celui à vue double
devient simple. Dans quelques-unes de ces ano
malies, j’ai rencontré des altérations du tubercule
optique et des pédoncules cérébraux ; mais, dans
tous les cas, ces altérations m’ont paru insuffisantes
pour rendre compte des phénomènes observés.
Si on ajoute à ces faits les cas nombreux
de cécité, causés par diverses productions contre
nature, qui comprimaient le nerf de là vision
par des endureissemens de son tissu, ou l’atrophie
même de ce nerf, on verra que Faction immédiate
des hémisphères sur la vision est mieux
établie que celle de l’odorat. Toutefois, cette action
n ’a lieu que chez les mammifères et les oiseaux.
Chez les reptiles et les poissons, les lobes cérébraux
sont complètement étrangers à l'exercice
de ce sens (1). Quant au sens de l’ouïe et du goût,
je ne connais aucune observation qui puisse faire
présumer une action directe exercée sur eux par
les lobes cérébraux.
(i) Ayant fait répéter par plusieurs de mes élèves les diverses
expériences consignées dans Cet ouvrage, la perte de
la vision par l’ablation des lobes cérébraux fut le phénomène
qui frappa le plus leur attention; je transcris ici le passage
de M. le docteur Lacrampe-Loustau, dans lequel se trouvent
les probabilités anatomiques de ce fait.
« Je ne savais comment me rendre raison de la perte de la
» vision par l’ablation des hémisphères cérébraux. Je fis part
» de mon embarras à M. le professeur Serres, qui ouvrit
# l’atlas de son anatomie comparée du cerveau, et me donna
» la note suivante.
» Les cordons moyens de la moelle épinière, situés au côté
» externe des pyramides, montent parallèlement à elles jus-
» qu’à la partie antérieure du bulbe de la moelle allongée;
» ils s’en écartent en cet endroit, pénètrent dans l’intérieur
» des tubercules quadrijumeaux, auxquels M. Serres a donné
9 le nom de lobes optiques dans les trois classes inférieures.
» Parvenus dans les ventricules de ces tubercules, ils se
» plongent dans un renflement de matière grisâtre, et se di-
» visent en sortant en quatre lames, dont deux grises et deux
» blanches. Les deux lames blanches, parvenues à la partie
» antérieure des lobes optiques, s’adossent au faisceau des
» pyramides, et vont s’épanouir avec elles dans les hémi-
» sphères cérébraux. Le prolongement de ces lames n’existant
'* pas chez les reptiles et les poissons, cela explique pourquoi
» dans ces deux classes l’ablation des lobes cérébraux n’in-
» téresse en rien la vision.» (Deuxième mémoire, pages 5o
et 5 i.)