
XXXYI. Cet ouvrage a produit ses effets. La
doctrine des fièvres a changé de face, leur essen-
tialité est maintenant rejetée universellement. Mais
dans l’impossibilité de les localiser toutes dans l’état
présent de la science, on invoque encore les sympathies
; mot derrière lequel se retranche toujours
notre ignorance médicale : on érige des systèmes
sur l’irritation, les stimulus , les contre-stimulus;
on veut aller vite, et le propre de l’observation est
de marcher lentement (1):
XXXVII. Avant de passer outre, il n ’est peut-
être pas inutile de remarquer que les fonctions
de la moelle épinière se développent avant celles
de l’encéphale. Ainsi, la digestion , la respiration,
la circulation, s’exécutent librement et pleinement
aussitôt après la naissance; tandis que, chez
beaucoup d’animaux, et surtout chez l’homme ,
les fonctions du cerveau et celles du cervelet sont
long-temps à se faire attendre.
XXXVIII. Nous ferons remarquer aussi q u e ,
quoique la moelle épinière et les tubercules quadrijumeaux
soient parvenus au terme de leur développement
ainsi que le cervelet, les mouvemens
sont faibles, incohérens , chez beaucoup de mammifères
et l’homme à l’époque de la naissance ; ce
(i) Je devais ajouter ici une note qui m’avait été communiquée
par M. A. Desportes; mais ce médecin distingué
l’ayant déjà publiée, j’y renvoie le lecteur. {R e v u ? médicale,
année 1834.)
qui prouve que le principe qui dirige les mouvemens
volontaires ne réside exclusivement ni dans
la moelle épinière, ni dans les tubercules quadrijumeaux,
ni dans le cervelet. Plusieurs mammifères
et beaucoup d ’oiseaux, au contraire, marchent
d’un pas assuré aussitôt après la naissance.
XXXIX. Plus nous nous élevons dans l’axe cérébro
spinal, plus ses fonctions deviennent compliquées
et importantes. Il est bien difficile d obtenir
isolément, p a r l’expérience, sur les animaux,
les effets des quatre parties principales qui la
constituent : la mort survient si promptement
lorsque l’on agit sur cette partie, qu elle ne laisse
ni le temps ni les moyens de bien analyser les effets
qui se produisent.
XL. Kau-Boerhaave était parvenu à déterminer
expérimentalement que la moelle allongée est le
siège de la sensibilité générale et des mouvemens.
XLI. Il avait remarqué, de plus, que l’animal
étant mort depuis quelques minutes et le coeur
ayant cessé de battre, l’excitation de la moelle
allongée faisait reparaître ses mouvemens : ces
effets étaient surtout tranchés, lorsque préalablement
il avait enlevé tout le cervelet.
XL1I. Haller fut plus loin : il constata que
la respiration et la circulation n’offraient aucun
trouble chez les animaux dont il avait complètement
enlevé le cerveau et le cervelet, la moelle
allongée restant intacte. Haller aurait pu conclure
de ses expériences que la moelle allongée était le