
CHAPITRE IL
Aperçu sur le siège de l'instinct. — De l'Action des
nerfs trijumeaux des vertébrés , comparée à celle
des ganglions céphaliques des articulés.
On ne peut parler du système nerveux des
invertébrés , sans qu’aussilôt l’admirable industrie
de certains d’entre eux ne se présente à
l’esprit.
Ces êtres ont des impressions , des sens qui
les leur transmettent, et des déterminations qui
paraissent réglées sur ces impressions. Or, comme
chez les vertébrés les impressions aboutissent à
l’encéphale , et que les déterminations en partent,
on n’a pu croire que des êtres en qui ces facultés
se montrent, fussent dépourvus de l’organe qui
en est l’instrument. On a donc cherché un encéphale
et une moelle épinière chez les invertébrés,
parce que les vertébrés ont une moelle épinière et
un encéphale. Pour en venir à ce résultat, on a
négligé toutes les considérations anatomiques qui
pouvaient en éloigner. On a fait abstraction des
formes, delà position , de la structure et des rapports
des deux organes que l’on assimilait l’un à
l’autre.
Mais, en même temps que l’on admettait chez
lès invertébrés un cerveau , les psychologistes
étaient loin de confondre leurs actes avec ceux
des animaux vertébrés. La nécessité qui. les dirige,
et la répétition exacte qui les caractérise, les a
fait distinguer avec soin des déterminations qui
paraissent être le résultat d’une combinaison préméditée.
On a nommé instinct la ■ faculté d’où
dérivent ces actes.
La zoologie des invertébrés, fondée sur l’examen
attentif des caractères extérieurs , est très-
avancée; l'anatomie, surtout celle des régions profondes,
l’estbeaucoupmoins ; la physiologie laisse
presque tout à désirer. Nos connaissances sonttout-
à-fait nuîlés en ce qui concerne les fonctions cfu
système nerveux: aumomentoù les physiologistes,
se disposent à entrer dans ce champ nouveau de
recherches, il était donc bien nécessaire que l’anatomie
comparative déterminât à quelle partie
du système nerveux des vertébrés pourraient être
rapportés les phénomènes observés.
J ’ai déjà touché ce point difficile de la science
dans la Seconde Partiede cet ouvrage; j’ai cherché
à faire ressortir, chez les animaux veutébrés, les
rapports anatomiques du nerf trijumeau avec tous
les sens; j’ai montré que chacun d’eux avait deux
cordons nerveux : le nerf spécial de la sensation ,
et un nerf accessoire provenant de la cinquième
paire. J ’ai dit ensuite que les articulés étant privés
de l’organe encéphalique, manquaient nécessairement
des nerfs propres des sens, qui se mettent