
s’opère tout-à-fait en sens inverse de la marche
commune. Ce phénomène est sans doute très-
remarquable; et ce qui contribue encore à le rendre
plus singulier , c’est que la longueur totale du ver
de l’asile est pour le moins le double de celle de la
nymphe et de la mouche qui en proviennent; d ’où il
résulte que, lorsque l’animal est le plus long, son
svstème nerveux central est le plus court ; et lors
que l’animal est le plus c o u rt, son système nerveux
est le plus long. Une opposition si manifeste
aux règles ordinaires a ses raisons dans l’organisation
de la larve de cette mouche; mais je serais
trop écarté du but de cet ouvrage, si je m’arrêtais
à les développer.
Voilà donc deux effets très-opposés dans la métamorphose
: dans l’u n , le système nerveux se raccourcit
; dans l’autre, il s’allonge. Quelle en est la
cause? c’est une question bien digne de l’attention
des anatomistes. On sait que chez les vertébrés, le
système nerveux n’est point élastique; on sait que,
lorsqu’on coupe un nerf sur un animal vivant, les
deux bouts restent en contact et ne s’écartent point.
Je ne connais d’exception à ce principe que le
fait que nous a tait connaître M. Desmoulins, en
ce qui concerne la moelle épinière de la lamproie:
mais, d’un autre côté, on sait aussi que le système
nerveux est très-élastique chez les animaux articulés.
Chez un ver, une chenille et un insecte ,
on peut doubler la longueur d’un filet nerveux
en le tirant en sens opposé; et si on cesse la trae-
DANS LE RÈGNE ANIMAL. 67
tion , le filet reprend sa longueur primitive.
Peut-on expliquer par l’élasticité le raccourcissement
et rallongement qui se produisent dans
le cours de la métamorphose? Je ne le pense
pas; et voici les faits sur lesquels je fonde mon
opinion.
Dans le passage de la première à la deuxième
période de la métamorphose de la nymphe , le
système nerveux central se raccourcit de la moitié
; mais nous avons remarqué que cette abréviation
de l’axe nerveux avait lieu, parce que les cordons,
de droits qu’ils étaient, devenaient flexueux :
o r , si l’élasticité était l’unique cause de ce phénomène
, cette flexion ne devrait point avoir lieu ,
les cordons devraient toujours rester tendus ,
comme ils le sont chez la chenille, et comme ils
le deviennent de nouveau dans la dernière période
de la métamorphose. L’extensibilité ne saurait
expliquer non plus l’allongement des filets nerveux
de la nymphe de l’asile. Si on cherche à redresser
l’anneau ganglionnaire de son v e r, on
peut lui donner un tiers de plus que sa longueur
primitive ; et si on cesse la traction , il reprend
aussitôt sa longueur et sa forme Circulaire.’ Dans
cette expérience les ganglions paraissents’allonger;
on n’aperçoit pas de filet d’un ganglion à l’autre.
Chez la nymphe, au moment où l’anneau se redresse
, les filets sont toujours droits et tendus ;
ils ne sont point roulés , ni autour, ni en avant ,
ni en arrière de chaque ganglion. Leur allonge