
Histoire d’une maladie organique de la Moelle
épinière.
Si ces corollaires sont exacts, il sera donc possible,
pendant la vie, de déterminer par les symptômes
le siège primitif d’une maladie de la moelle
épinière et de la moelle allongée. Parmi les exemples
que je pourrais présenter à l’appui de cette assertion
, je choisis lé suivant qui s’est présenté dernièrement
à ma clinique, et dont plusieurs mé
decins ont été les témoins,
Louis-Charles Gautier, âgé de vingt ans, tourneur,
d’un tempérament lymphatique, d’une cons-
titutiongrêle et délicate, etneparaissantavoir que
seize ou dix-sept ans , était'adonné à la masturbation
depuis son enfance. Il éprouva au-commencement
du mois de février i 8 i 5 une douleur légère
à la région épigastrique ,-des digestions laborieuses
et delà constipation ; depuis quelque temps
en outre, il avait de la gêne dans la respiration,
déterminée par des palpitations que la marche et
surtout la montée d’un escalier augmentait beaucoup.
En état de repos , la respiration n’était pas
du tout troublée.
Il entra, le 28 avril, dans ma division , et nous
offrit le lendemain à la visite les symptômes süi-
vans :
Face légèrement animée, pommettes colorées,
langue blanche, bouche pâteuse , soif modérée,
point d’appétit, point de douleur à la région épigastrique
, ni dans aucune autre partie de 1 abdomen.
Ventre souple , constipation : les urines
étaient rares depuis quelques jours, mais rendues
sans difficulté aussitôt que le besoin s’en faisait ressentir.
La respiration était libre, égale ; et couché,
le malade n’éprouvait point d’oppression. Les
pulsations du coeur se font entendre dans toute
la partie antérieure gauche de la poitrine, sur le
côté et à la partie externe et postérieure de la
même région ; en outre , l’oreille appliquée sur la
région du coeur est légèrement soulevée à chaque
contraction. Le pouls est fréquent et assez fo rt,
régulier et égal des deux côtés : il y a un peu de
moiteur à la peau. La tête n’est pas douloureuse;
le sommeil est bon et tranquille ; les mouvemens
des membres sont libres : toutefois la partie inférieure
des jambes et les pieds sont légèrement
infiltrés.
D’après cet état, nous n ’hésitâmes pas à porter
le diagnostic d’Une dilatation avec hypertrophie
des cavités gauches du coeur, et nous prescrivîmes
en conséquence les boissons diurétiques
nitréës, une potion antispasmodique avec quelques
gouttes de teinture éthérée de digitale pourprée.
Par ces moyens , et par le repos que nous
avions expressément recommandé et auquel le
malade s’assujétit, il y eut une rémission assez
prompte ; car, dès le 5 ou 6 mai suivant, l’infiltration
des jambes et des pieds avait disparu, lès