grande quantité' de matières incohérentes projetées, que le lac
Lucrin en fût presque entièrement comble, et qu’elles produisirent,
par leur entassement, une montagne qui s’élève à 140
mètres au-dessus de sa base, qui peut avoir environ 2600 mètres
de circuit. Le petit Rameni, autour de Santorin, qui s’est
agrandi par trois éruptions successives (1570,1660 et 1707 ),
l ’ile Sabrina, dans les Àçores, qui s’est formée en 1811, et enfin
toutes les îles qui ont eu une origine semblable, paraissent,
d’après les narrations, être entièrement formées de produits
scoriacés, entassés les uns sur les autres, et réagglutinés au moment
même. Peut-être ces conglomérats de ponces, formés de
fragmens immédiatement agrégés , et dont le ciment est quelquefois
vitreux, que nous avons cités au pied de Y A ltes Schloss,
dans la vallée de Glasshiitte, ceux de Tallya, dans le groupe de
Tokaj, ceux de Sirok , qui se lient au groupe de Matra, sont-ils
des amas de ce genre. Les conglomérats de trachytes qui présentent
une structure porphyroïde, et qu’il est si difficile de
distinguer des trachytes en place, que nous avons cités particulièrement
à Vissegrâde, tome Ier, page 528, sont peut-être encore
dus à des circonstances analogues , à des mélanges de matières
projetées, incohérentes, avec des matières en fusion pâteuse
: c’est ce que sembleraient indiquer les nombreux cristaux
d’amphibole , parfaitement conservés , qui s’y trouvent empâtés.
Ainsi, d’après ces observations, il est possible qu’une grande
partie des conglomérats trachytiques de la Hongrie et des autres
lieux, soit le résultat des éruptions sous-marines de matières
incohérentes. Ces éruptions peuvent avoir eu lieu, soit
avant, soit après l’éjeCtion des masses homogènes, ou peut-être
dans le même instant que celles-ci ; en sorte qu’elles ont pu tantôt
former des montagnes à p art, tantôt se trouver mélangées
avec les produits solides. Mais ces matières incohérentes ont été
évidemment remaniées par les eaux dans un grand nombre de
lieux, altérées, décomposées, transportées et déposées de différentes
manières dans les plaines qui entourent les groupes de
montagnes, à la formations desquelles elles se rattachent.
Quant aux pierres d’alun, leur formation, au milieu des porphyres
, qui résulté de la décomposition des ponces, est encore
un phenomene sur lequel on ne peut avoir que des conjectures.
Il est évident que l’acide sulfurique y a été introduit, et a pu se
combiner avec l’alumine et la potasse qui se trouvaient naturellement
dans les produits trachytiques. Mais de quelle manière
cet acide y est-il survenu ? a-t-il existé au milieu de ces
débris, des solfatares, comme, celles que nous voyons encore en
Italie, où la combustion journalière du soufre donne lieu àrla
formation de différens sulfates? On sait que ces émanations sulfureuses
attaquent journellement les matières volcaniques; qu’il
s’y forme divers produits, parmi lesquels on trouve de l’alun
et des matières alunifères en plus ou moins grande quantité,
qui ont donné lieu à des exploitations quelquefois assez lucratives
*. Mais en Hongrie, aussi bien qu’à Tolfa, dans les États
Romains, il n’existe aucune trace conservée de semblables phénomènes,
et on serait même tenté sur place d’en rejeter entièrement
l’idée. Cependant les observations que Fichtel a recueillies
à la montagne de Budos, en Transylvanie, tome II, page 310,
" -* V o y e z, à cet égard, la belle'description de la Solfatare de Puzzole par
M. Breislak. 9 ^
| V°y a§e liïhologicpie dans la Campanie, torn. i l , 6 g . )
Formation de*
roches a lanifères.