
raît être d’origine ignée, il est-clair qu’il ne peut être confondu,
avec les productions volcaniques modernes, sous le rapport de
la formation. Il n’existe point de cratères et point de courans
dans les terrains trachytiques, et tout annonce qu’il n’en a jamais
existé. Toutes ces masses coniques, dont chacune présente
une roche particulière, et qu i, par cela même, paraissent etre
indépendantes les unes des autres, sont trop rapprochées pour
pouvoir être considérées comme des restes de coulees morcelées
dans les grandes catastrophes du globe. En général, d’après
les caractères généraux de ces montagnes, il me parait très-important
de rejeter complètement le nom de laves, par lequel
différens auteurs ont cru pouvoir désigner indistinctement les
trachytes, les basaltes e t les produits des volcans modernes. Le
mot lave est une expression géologique qui n’indique pas même
la nature de la roche, puisqu’il y a des laves de diverses sortes
et très-différentes les unes des autres, mais qui se rapporte entièrement
à leur disposition à la surface de la terre, et entraîne
constamment l’idée de courans sur les pentes des montagnes ou
dans le fond des vallées. Il est résulté de cette dénomination,
appliquée indistinctement aux trachytes, aux basaltes et aux
produits volcaniques modernes, qu’en lisant les différens ouvragés
, il est impossible de savoir de quoi les auteurs ont voulu
parler ; ils ont cru avoir tout dit en prononçant qu’il existe des
laves dans tel ou tel endroit, lorsqu’il fallait distinguer ce qui
était réellement en courans, et ce qui, dans leur opinion, pouvait
être considéré seulement comme d’origine ignée. Aussi,
quoiqu’on ait beaucoup écrit sur 1 Italie, sait-on fort peu de
cliose sur les relations des diverses productions de cette contrée
.avec celles des autres pays : il faut nécessairement revoir au.-
iourd’hui tout ce qui a déjà été observé tant de fois et depuis si
D’après ces réflexions, il me semble qù’il serait aussi peu philosophique
de confondre les roches du terrain dé trachyte, les
basaltes et les produits des volcans évidens, sous le nom de
laves, que de réunir les masses composées de fragmens plus ou
moins roulés, plus ou moins altérés, qui se présentent dans diverses
époques de formation, sous la dénomination vague de
brèches, de poudingues ou de masses d’alluvion.
Mais si le terrain trachytique, qui est très-probablement d’origine
ignée, n’est pas formé à la manière des terrains volcaniques
modernes, quel est donc le mode de formation qui lui est
propre ? C’est ce que nous ignorons complètement. Il est plus
facile de découvrir que tel ou tel terrain n’a pu être formé d’une
telle ou telle manière, que de reconnaître le véritable mode de
formation qui lui est propre. Probablement nous n’aurons encore
de long-temps, sur la manière dont les montagnes de trachyte
ont été formées, que de pures conjectures, comme, par
exemple, celle que nous avons établie pag. 561,' pour faire voir
la possibilité qu’il n’y ait jamais eu de cratères ni de courans
visibles. Il semblerait effectivement, d’après l’ensemble des faits
que présentent les grandes masses trachytiques et les îles volcaniques
sous-marines, que les montagnes de trachyte de diverses
sortes soient des résultats d’éjections extrêmement considérables,
dont la masse serait restée sous forme de dôme, au-dessus
même de l’ouverture par laquelle elle serait sortie. Mais on conçoit
que ce n’est ici qu’une pure hypothèse, à laquelle on ne
doit pas accorder plus de valeur qu’elle n’en comporte réellement
dans l’état actuel de la science. C’est au temps à nous
éclairer sur ces grands phénomènes de la nature.
Ce qui paraît assez clair, c’est que ce terrain d’origine ignée s
est de formation sous-marine. L’existence des volcans sous-ma-
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Mode de formation
du
terrain
trachytique.
la formation
: sous-marine^
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