
Considérations
générales«
Dénomination'.
CHAPITRE Y.
DU TERRAIN TRACHYTIQUE.
L e nom de trachyte ( de T pa.'yvi, âpre, raboteux ) a été donne
par M. Haüy * à des roches porphyriques, souvent poreuses ou
scorifiees, et par conséquent très-âpres au toucher, qui renferment
des cristaux de feldspath vitreux, plus ou moins fendilles,
souvent un peu fibreux, et passant quelquefois à la ponce. Ce
sont des roches connues depuis très-Iong-temps en France, qui
ont ète' classées par Dolomieu avec les laves granitoïdes et por-
phyroïdes. Mais leur position à la surface du globe annonçant
des phénomènes diffe'rens de ceux qu’on observe dans les volcans
modernes, nécessitait une dénomination particulière, qui
n’entraînât pas l’idée de courant, comme l’emporte toujours la
dénomination de lave. M. de Buch , en y réunissant avec raison
la roche du Puy-de-Dôme, qu’il avait d’abord appelée domile,
les a désignées sous le nom de porphyre trappéen ( trapppor-
p h y r )* * , parce qu’elles se trouvent parmi les terrains divers
* La classification des roches de M. Haüy n’a pas été imprimée : il n’en
existe que des copies, qui se trouvent dans les mains de plusieurs minéralogistes
français. Elle présente, dans l’état où je la connais, d’excellentes distinctions
i mais, comme plusieurs autres classifications françaises f elle n’est
pas assez géologique.
** Mineralogische Briefe aus Auvergne, 1802*
qu’on a souvent réunis sous la dénomination de terrain de
trapp■ Mais il paraît que cg savant a adopté depuis le nom de
trachyte, et que tous lesgéologues sont disposés à l’adopter également.
Ces espèces de roches composent, en F rance, la masse des
monts Dor et du Cantal ; mais on les retrouve en un grand
nombre de lieux à la surface du globe, où elles sont tantôt seules,
tantôt associées avec d’autres roches, qui en sont minéralogiquement
distinctes : telles sont le perlstein, Yobsidienne,
la ponce, et plusieurs autres .espèces de roches qui jusqu’ici
n’ont pas été décrites. C’est à cet assemblage que je donnerai le
nom de terrain de trachyte ou terrain trachytique, parce
que le trachyte èn est le plus souvent la masse principale. Cette
dénomination, qui ne préjuge rien sur l’origine de ce terrain,
me paraît préférable à celle de terrain volcanique ancien',
qu’on a voulu quelquefois lui donner, et qui, en même temps
qu’elle admet définitivement une origine ignée, rappelle trop
les phénomènes de nos volcans actuels, fort différens de ceux
que l’on observe dans ces antiques productions de la nature.
D’ailleurs, l’existence des terrains étant, comme nous l’avons
dit, indépendante de tout système, les expressions-géologiques
ne doivent rien préjuger d’avance. Constatons d’abord les diffe-
rens faits et les rapports mutuels qu’ils peuvent avoir les uns
avec les autres, pour établir la science sur des bases solides;
c’est ensuite que nous pourrons nous élever à des considérations
générales, en calculant les degrés de probabilités des diverses
opinions.
* Geognotische Verhältnisse des trappporphir. Berliner Magazin, i 8i 5.
Voyez l’extrait de ce Mémoire, Armales de Physique et de Chimie, 1817,
tom. I er, pag. 36o.