
par le calcaire parisien. O r, l’argile salifère, le sel lui-merne,
renferment une très-grande quantité de bois bitumineux, ou a
l’e'tat de jayet ; c’est ce que j’ai observe' moi-même dans les mines
de Villiczka, et ce qui paraît exister aussi dans les dépôts
salifères de Hongrie et de Transylvanie. En effet, quelques observations,
publiées en 1812, dans le Vaterlandisehes B lä tter,
indiquent la présence de ce combustible dans la masse de sel de
Rhonaszek, sur la frontière du Marmaros et de la Transylvanie;
les masses de sel du Marmaros, que j’ai eu l’occasion de voir
dans les magasins du gouvernement, en renferment également ;
et enfin Fichtel en a observé dans les dépôts salifères du centre
de la Transylvanie. Ces bois bitumineux m’ont offert, à Villiczka,
un caractère extrêmement remarquable; c’est l’odeur
de truffe exaltée au dernier point, et qui devient même insupportable
dans une chambre où se trouvent quelques échantillons
frais. Il existe aussi dans l’argile salifère des fruits à l’état
charbonneux, que j’ai eu l’occasion de voir chez le directeur
des mines de Villiczka ; on m’a même assuré qu’il s’y trouvait
des feuilles qui appartiennent à des végétaux dicotylédones. La
présence de tous ces débris ne convient guère, d’après l’ensemble
de nos connaissances actuelles, ni au grès houiller, ni
même au zechstein, et au contraire elle est un des caractères
les plus remarquables des dépôts de molasses. Enfin, les argiles
salifères de Villiczka présentent une autre circonstance qui semble
les éloigner encore du grès houiller et du zechstein, et qui
les rapproche de nouveau des dépôts de molasses ; c’est l’existence
d’une assez grande quantité de petites coquilles univalves
cloisonnées, et des coquilles bivalves, qui ont quelques rapports
avec les tellines. Tome II , page 449.
Si à ces diverses circonstances, dont jusqu’ici on n’a aucune
connaissance dans les amas salifères des autres contrées, on
joint celle de la position particulière des dépôts qui nous occupent
au pied des montagnes, d’une part, au bord des immenses
plaines de Pologne, de l’autre, au bord des plaines de Hongrie,
et enfin, au milieu du vaste bassin qui forme le centre de
la Transylvanie, on ne pourra s’empêcher de penser qu’ils appartiennent
à une formation assez récente; ils me conduisent de
nouveau à une ancienne théorie que les observations récentes
ont fait abandonner relativement à beaucoup d’autres dépôts
salifères, mais qui pour ceux-ci semble se présenter naturellement.
En effet, j’ai beaucoup de peine , en examinant l’ensemble
des faits qui ont rapport aux dépôts salifères de Villiczka,
Bochnia, et de toute la lisière septentrionale des Rarpathes,
jusque dans la Bultovine et la Moldavie, à ne pas imaginer qu’ils
se sont formés au fond d’une ancienne mer, et dans les golfes
et les anses que les hautes montagnes laissaient entre elles ; ils
sembleraient être contemporains de la formation de molasses,
et par conséquent être les derniers termes des formations secondaires
, ou les premiers des dépôts tertiaires. En admettant
cette théorie pour les dépôts qui se trouvent sur les pentes nord
des Rarpathes, il sera bien difficile de ne pas l’admettre auss1
pour ceux qui se trouvent sur les pentes sud, et même en Transylvanie.
Cependant si ces dépôts salifères offrent quelques circonstances
particulières qui les distinguent éminemment de tous les
autres dépôts connus, ils présentent, du reste, des caractères
qui les en rapprochent. Les argiles salifères offrent toutes les
variations qu’on rencontre dans les autres dépôts; elles sont
tantôt tout-à-fait terreuses et très-sableuses, tantôt assez solides
et schistoïdes ; elles font plus ou moins effervescence avec les