
dans toutes les eauxftagnantes&peu profondes de
l’Europe. Il ne tarde pas à s’emparer des étangs,
fur les bords defquels on le laiffe croître, parce
qu’ il trace beaucoup, & pouffe une fi grande
quantité de tiges, que quelquefois le s .q u ad ru pèdes
& les oifeaux d’eau ne peuvent paffer entre
elles j il élève le fol par fes débris. C ’eft. principalement
lui qui forme les dernières couches des
tourbières. Les beftiaux recherchent fes feuilles '
au printemps. Dans quelques pays, l’hommeNmême
mange fes jeunes pouffes. La médecine fait un fréquent
ufage de fes racines. Son nom fpécifique
vient de l’ufage qu’on fait de fes panicules , coupées
avant l’épanouiffement de leurs fleurs. Avec
fes tiges entières, on fabrique des flûtes de Pan,
des bobèches pour filer le coton, &c. j avec fes
tiges fendues, des nattes, des peignes de tiffe-
rand & autres petits objets d’économie domefti-
que. Les eaux boueufes & profondes d’un à deux
pieds (ont celles où il profpère le mieux ; car là
fes tiges atteignent à fix pieds de hauteur, & à
la groffeur du périt doigt.
On devroit couper les tiges de ce Rofeau, avec
des faux , deux fois chaque été , pour les donner
aux beftiaux , dans les étangs & dans les marais
où il eft poffible d’aller en bateau , ou dans léf-
quels on peut entrer jambes nues, à raifon de
l’excellence du fourrage qu’ il fournit ; mais on ne
le coupe, & encore pas partout, qu’au commencement
de l’automne, & même feulement lorfque les
eaux font gelées. Dans ces derniers cas il ne peut
plus fervir qu’ à couvrir les maifons ,\à faire des
nattes, des paillaffons, des clôtures, des abris, & c ,,
ufages auxquels il eft très-propre. Il eft des lieux
où il devient l’objet d’un commerce de quelqu’im-
portance, comme dans les îles de la Loire-Inférieure.
La maffette Ce trouve fouvent croître avec le
Rofeau , & fe confond avec lu i , quoiqu’elle foit
fort differente dans toutes fes parties. Voye^ au
mot Massette.
Lorfqu’il eft en groupes, peu garnis, ce Rofeau
produit de bons effets dans les pièces d’eau des
jardins payfagers, & doit y être placé } mais .fi
on ne le furveille pas avec une extrême févérité »
il s’empare bientôt d’ un grand efpace. Je.çonTeille,
en conféquence, de le planter dans une moitié de
tonneau remplie' de v afe , qu’ on enterrera dans le
fol.
A voir la plupart des étangs fi garnis de Ro-
feaux, il fembleroit qu’ ils y font néceffaires. Le
vrai eft qu’ils fourniffent aux- poiffons un afyle
contre la voracité des brochets, & une ombre
tutélaire pendant les chaleurs de l’été j mais ces
avantages font de beaucoup compenfés par la retraite
qu’ils donnent aux loutres, aux rats d’eau ,
Les Rofeaux plumeux & des bois font regardés,
par quelques botaniftes, comme des variétés l’une
de l’antre. Ils croiflent abondamment dans certains
aux oifeaux aquatiques de toutès les efpèces, qui
y font d’autant plus nuifibles c^u’il y a peu d’eau,
& qu’il y eft plus facile de couper la retraite aux
poiffons. Ainfi donc un bon économe doit tendre
à les détruire ; mais ce n’ eft pas en les arrachant
qu’il doit le tenter, parce que la dépenfe feroit
énorme & fes effets de peu de durée , chaque
petite racine, reftée en terre, fuffifant pour reproduire
un pied. Le véritablement bon moyen,
e’eft de dèffécher l’étang , & , après1 avoir mis le
‘ feu aux racines des Rofeaux, de cultiver le fol
pendant cinq à fix ans à la charrue. Voy. Etang.
fols fablonneux. Tous les beftiaux les repouffent.
On dit même que iorfqu’iis en mangent avec •
d’autres plantes, ils leurs donnent la dyffenterie.
Tout le parti qu’on en peut tirer fe réduit à le
faucher, pour en faire de la litière. Ce font fes
feuilles qui fervent le plus communément pour
faire des appeaux de pipée.
Le R.oftau des fables croît dans les fables des
bords de la mer , &.fert dans beaucoup de lieux
à les fixer, ce à quoi il eft très-propre par la
longueur & le nombre de fes racines, & par l'avantage
d’avoir fans inconvéniens le xcollet de fes racines
recouvert d’une grande épaiffeur de fable.
On l’appelle Hoya fur les côtes de la Manche.
C ’eft de1 drageons qu’il fe*multiplie le plus communément,
parce que fes graines font facilement
emportées par les vents, & que les pieds qu’elles
donnent ne font en état de réfifter à ces vents &
aux eaux qu’ à leur troifième année. On met ces
drageons en pépinière pendant un an ou deux,
pour lepr donner le temps de pouffer des racines,
& on les plante enfuite en place à la diftance d’ un
pied. Arracher des drageons dans une placé pour
les replanter dans une autre, eft une.mauvaife
pratique, parce que, d’un c ô té ,,o n affoiblit le
lieu d’ où on les prend, & ,d e l’autre, ils n’ont
pas affez de racines pour aflurer leur reprife. Voÿeç
Dune & Sable.
Je ne puis trop recommander aux propriétaires
de terrains mouvans d’employer ce moyen, ne
fût-ce que pour préparer à planter en bois des
terrains qui ne font d’aucune utilité à leur propriétaire.
Il eft bon d’admettre avec le. Rofeau
l’élyme des fables , qui a la même propriété que
lui, parce qu’ ils fe défendent mutuellement.
Le Rofeau coloré , pkalaris arundinacea Linn.,
a été mentionné au mot ALPisTE. (B o s c . )
Roseau epineux : efpèce de Rotang.
Roseau a fléché. C’eft le'GALANGA.
Roseau des Indes. On donne ce nom au
Bambou.
Roseau odorant. L’A çore odorant
porte ce nom.
Roseau de la passion : nom vulgaire dé la
Massette. Voyei ce mot.
ROSEE» L’ air tient toujours en diffblution une
plus ou moins grande quantité d’EAU , laquelle,
dans les hautes régions, fe change en Nuage 8c
enfuite eh PLyiE, & dans les baffes régions eu
Brouillard j
Brouillard , en Serein & en Rosée. Voye%
tous ces mots. -
On appelle Rofée des gouttes d eau raffemblées
fur les plantes & autres corps folides par fuite de
la précipitation des brouillards, &plus fouvent du
ferein, précipitation produite par le refroidifle-
ment d e l ’atmofphère. (Voyez Air & Fro id .)
On a encore une Rofée dépendante de la tranfpi-
ratiôn des plantes , mais dont les effets ne font
bien fenCibles que pendant la grande force de la
végétation , c’eft-à-dire , au printemps. Voyez
T ranspiration.
Il y a d’autant plus de Rofée que l’ air eft plus
chargé d’eau, & qu'il fait plus chaud le jour &
plus froid la nuit.
La forme globuleufe de la Rofée provient de la
première molécule aqueufe, q u i, ayant cette
forme, attire fur tous les points de fa furface
celles qui paffent à la portée de fa fphère d’ attraction.’
Cette régularité eft dérangée quand la Rofée
eft abondante & quand il fait du vent, parce
que les gouttes fe réunifient.
D’après cela, il y a davantage de Rofée en automne
qu’en été , davantage dans les lieux abrités
que dans ceux battus par les vents, dans le voifi-
nage des eaux que dans les pays fecs. Il n’y en a pas
lorfque l’air eft defféchant, lorfqu’à un vent froid
fuccède un vent chaud, lorfque la température
de la terre eft plus haute que celle de l’ait.
N’étant que de l’eau diftillée, la Rofée doit
être pure comme elle lorfqu’elle eft reçue fur du
verre j au plus contient-elle quelques atomes d’ acide
carbonique} mais lorfqu’elle s'eft dépofée
fur les plantes, elle fe charge quelquefois de leurs
principes extraéfcifs.
On a attribué à la Rofée beaucoup de qualités
malfai Tantes > mais elle n’agit fur les hommes &les
animaux que comme eau froid e, c ’eft-à-dire,
quelle peut leur cauier, pendant l’é té , des Suppressions
de tranfpiration & des Indigestions
( voye£ ces mots ) , & fur les plantes qu’en donnant
lieu à une forte de Brûlure. Voyez ce mot.
La Rouille eft produite par un champignon
parafite du genre Urèdo (voyez ce m o t ) , &
non par la Rofée, comme on l’a cru pendant longtemps
} cependant on ne peut nier que cette maladie
ne foit plus fréquente dans les années &
dans les lieux fujets aux brouillards que dans les
autres lieux.
Les avantages de la R o fé e , fous les rapports
agricoles, font indubitables.. Elle fupplée chez
nous aux pluies, & les remplace dans quelques
contrées, comme la haute Égypte, le bas Pérou.
Les plantes des terrains fecs font plus garnies
de poils que celles des marais, parce qu’elles ont
befoin de plus de moyens d’abforber la Rofée. Il
paroît même qu’elle produit des effets plus prompts
&plus intenfes que la pluie} car, de deux plantes
d’orangerie d’égale force , fanées, celle qui fut
expofée à la Rofée reprit plus promptement vi-
Agriculture, Tome V I .
gueur que celle qui fut copie ufem en t ar rofée. 11 eft très-rare que l’abondance d.e la Rofée foit
à redouter. On doit donc regarder fa production
comme tin bienfait.
Une forte Rofée par un temps fec, eft l’annonce
de . la pluie. Il en eft de même lorfqu’une
Rofée abondante difparoît fubitement.
L’homme-ne pouvant influer en rien fur la production
de la R o fé e , & les .cas où il peut s’op-
pofer à fes effets étant très-circonfcrits ( voyez
Abris ) , je ne m’étendrai pas plus au long fur
-ce qui la concerne} & je renvoie en conféquence
à Ton article dans le Dictionnaire de Phyfique, ceux
qui vomit oient de plus grands détails. (Bose. )
Rosée du soleil. Voyez Rossolis.
ROSENIE. R o s e s j a .
Arbriffeau du Cap de Bonne - Efpérance, qui
forme feul un genre dans la fyngénéfie fupeiflue
& dans la famille des Corymbiferes.
Cet arbriffeau n’ayant pas encore été tranfporté
en Europe, je n’en dirai rien déplus. (Bosc.'j
R O S E T T E : fynonyme de Lambourde.
Voyez ce mot & ceux Poirier & PruNier dans
le Dictionnaire des Arbres & Arbuftes.
ROSIER. R osa.
Genre de plantes de la polyandrie monogynie
& d e la famille des Rofacées, dans lequel fe placent
un grand nombre d’efpèces, dont la plupart, ainfi
que leurs nombreufes variétés, fe cultivent dans
nos jardins , à ràifon de la beauté & de l’odeur
fuave de leurs fleurs. Il eft figuré pl. 440 des Illustrations
des genres de Lamarck»
Je le rendrai l’objet d’ un article fort étendu
dans le Dictionnaire des Arbres & Arbuftes. {Bose.)
Rosier du Japon. C ’ eft le C amélia.
ROSINAIRE. A r u n d in a r ia .
Plante qui croît dans les marais des parties méridionales
de i’Amérique, & qui feule, félon Michaux,
forme un genre dans la polygamie triandrie
& dans la famille des Graminées, i
Cette plante n’étant pas cultivée dans nos jardins
, n’ eft pas dans le cas d’ un plus long article.
( B o s c . )
ROSSE. C ’eft un vieux cheval maigre & incapable
d’un bon fervicè : de-là battage a. la Rojfe
pour Dépiquage. Voyez ce mot.
ROSSOLIS. D rosera,
Genre de plantes de la pentandrie pentagynie,
dans lequel fe rangent douze efpèces, dont deux
font indigènes & fe placent dans nos écoles de
À a