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aux erreurs de conduite que l'ignorance caufe
fouvent.
Il eft des Poules chez qui l'envie de couver
pâlie avant d'être mifes fur des oeufs ; d'autres
qui ne tiennent pas, c’eft-à-dire, qui quittent leurs
oeufs après les avoir couvés un ou plufieurs jours.
Des caufes accidentelles ou une prédifpofition naturelle
peuvent être la caufe de ces méfaits. Le
premier, dans une nombreufe baffe-cour, fe remarque
à peine ; mais fi le fécond fe renouvelle deux
fois de fu ite , il faut facrifier la Poule, à raifon
des pertes d’oeufs qu'elle peut occafionner.
Ainfi que je l'ai déjà obfervé, il eft fouvent
avantageux de faire des couvées hâtives, & quelquefois,
dans certains cantons expofés au nord,
dans certaines années froi.des, elles font naturellement
très-tardives. Là donc il peut être utile de
forcer les Poules à cou ve r , & je dois indiquer
quelques-uns des moyens propres à conduire à
ce but.
Une nourriture échauffante, un lieu chaud,
une irritation fur le ventre après l'avoir plumé,
font les moyens les plus généralement employés.
On favoit depuis long-temps qu'il fuffifoit fouvent
de mettre une Poule fur des oe u fs , dans un lieu
obfcur, pour la déterminer à couver. Mademoifelle
Portebois a perfectionné ce moyen en y ajoutant
deux circonftances, l'une de mettre les oeufs dans
une caille tellement étroite, que la Poule ne puiffe
s'y retourner ; l’autre de fixer au cou de la.Poule,
avec de la ficelle, un morceau de planche pefant
environ une demi-livre, planche qui leur couvre
le dos. L'obfcurité, l'impoflibilité de le débar-
raffer de la planche, l’ inquiétude qu'elle lui caule,
détermine la Poule à s’attacher à fes oeufs, de manière
qu’ au bout de cinq à fix jours on peut enlever
la planche fans qu'elle les quitte. J ai ete
témoin des expériences de mademoifelle Porte-
b o is , en qualité de commiffire de l’ Inftitut, &
j’ai eu lieu d'être très-fatisfait de leurs réfultats.
Une Poule a couvé deux ou trois fois de fuite,
& une dinde quatre fois fans aucun intervalle,
les petits ayant été, le jour même de leur naiffance,
remis à d’autres couveufes. Je dois obferver que
ces couveufes n'avoient pas cette e'pèce de fièvre
qui fe montre dans celles qui couvent naturellement
, fièvre qui augmente leur chaleur propre ,
qui les difpenfe de manger aufli fouvent, & c .
On donne fouvent des oeufs de Poules à couver
à des dindes, parce que ces dernières étantplus
groffes, en recouvrent davantage, & parce quelles
font d’excellentes eouveùfes. Voyez Dinde.
Les chapons peuvent aufli être ftylés à couver
par de mêmes moyens , mais je n’ aime pas à voir
violenter la nature à ce poinr.
Par contre on donne fouvent à couver aux
Poules des oeufs de C anards, des oeufs de Pintades
, des oeufs de Faisans , de Perdrix , &c.
Voyez ces mots.
En général, les vieilles Poules font meilleures
couveufes que les jeunes; aufli, dans les fermes
bien montées, n'emploie-t-on pas ces dernières.
Souvent il paroît difficile d'empêcher une Poule
qui veut couver, & dont on veut que la ponte
continue, de refter fur un nid lors même qu'il
n'y a pas d’oeufs. Parmi tous les moyens employés,
celui qui eft le plus fimple & le plus certain, con-
fifte à la mettre, les pieds liés , fous un cuvier ren-
verfé., dans une chambre baffe, donc le fol a été
mouillé, & de Yy laiffer pendant vingt-quatre
heures. Le tourment & l'inquiétude changent ordinairement
fes difpofitions pendant ce temps,
quelque court qu'il foit • elle cède toujours à la
fécondé épreuve.
Comme on l’a vu plus haut, il faut que les couveufes,
pour bien exécuter l'incubation de leurs
oeufs, foient dans un nid ifo lé , fur de la paille ou
du foin , en lieu fec & même chaud, un peu fom-
b re , éloigné du bruit & de la vue des autres volailles.
C ’eft donc toujours un avantage que d'avoir
une chambre uniquement deftinée à cet ob-
•jet. Les Poules y feront féparées les unes des autres
par des planches de deux pieds carrés , po-
fées de champ à la diftance de deux pieds. Les
pauvres mettent fouvent leurs couveufes dans
un coin de leur chambre, dans une caille ou
dans un baril défoncé d’un côté. Le pire enfin eft
de les laiffer dans le poulailler, où elles font
tourmentées par les autres volailles, par la vermine
, &e.
Le nid des couveufes doit être de foin très-fin *
ou de paille bien froiffée. Il eft des Poules qui y
introduifent des plumes & dè la laine, ce qu’il
feroit à defirer que toutes fiffent, & qu’on de-
vroit toujours faire pour elles, ces fubftances étant
de mauvais condutteurs.de la chaleur. Dans beaucoup
de pays on y place un morceau de fer, dans la
perfuafion qu'il empêchera l’effet du tonnerre fur
les oe u fs , effet dont les fuites font de tuer le
germe, de décompofer en un inftant le jaune & le
blanc , de les rendre clairs, punais. Quelle que foit
l’influence reconnue des métaux fu r i’élettricité, il
ïi'eft pas encore prouvé que ce fer rende le fer-
vice qu'on en elpère. Fermer toutes les fenêtres
au moment de l’orage, eft un moyen plus alluré
d’ariiver au but.
Placée fur fes oeufs,, la Poule y refte jour 8c
nuit ; à peine s’en éloigne-t-elle quelques inftans
pour aller chercher fa nourriture, & furtout fa
boitfon, qu'on doit mettre à. fa>portée. C ette nour»
riture lira abondante & choifie;. la mouiller, pour
en rendre la digeftion plus facile, eft avantageux.
Au refte, il y.a des Poules moins bonnes couveufes,
furtout parmi les jeunes, qui quittent
leurs oeufs après quelques jours d’ une couvaifon
affidue; ces Poules doivent être marquées, & fi*
l'année fuivante, elles fe conduifent de même^il
faut les facrifier fansmiféricorde.
' Ùhaque jour la couveufe retourne fes oeufs, afin
■ que la chaleur les pénètre également : vouloir la
Tuppléer dans ce loin eft toujours fuperflu & fouvent
nuifible.
J’ai indiqué, au mot Incubation, le§ phénomènes
qui fe paffent jour par jour dans l'oe u f placé
Fous une cauveule ; j’y renvoie le letteur.
Au bout de vingt-un jours, un jour plus tô t, un
jour plus tard, fuivant la faifon, la localité , & c . ,
le petit caffe la coquille de fon oe u f, au moyen
d’un tubercule offeux qu’il a au-deffus du bout
de la mandibule fupérieure de fon bec. L'aider
èft aufli fouvent nuifible qu'utile; ainfi c'eft encore
ici le cas de laiffer agir la nature.
Les poulets n’ont pas befoin de manger le jour
même de leur naiffance ; il faut que l’humidité
furabondante qu’ils recèlent fe foit évaporée, &
qu'ils fe foient fuffifamroent fortifiés. C ’eft de la
chaleur qu’ il leur faut, & la mère leur en donne
fuffifamment ; cependant il eft allez généralement
d'ufage de leur donner quelques gouttes de vin
chaud. Le lendemain on met à leur portée de la
mie de pain trempée dans du vin, ou mêlée avec
des jaunes d ’oeufs & du lait. Quelques jours plus
tard ils font déjà en état de manger du grain
amolli par un féjour de vingt-quatre heures dans
J’eau, enfin du grain tel qu’il fort de l’épi.
Des pommes de terre, des raves, des carottes
cuites, font aufli de bons alimens pour les poulets
du premier âg e , & en général pour toutes les
volailles ; mais il ne faut les leur donner exclu-
fivement , car exerçant peu leurs facultés digef-
•tives, ces alimens les affoibliroient.
Il en eft de même des vers de terre, des larves
d’infettes, des infettes , & de la viande crue ou
cuite. C ’eft le cas' d’ouvrir la verminière dont il a
été parlé plus haut.
Les foins que prennent les Poules de leurs pouf-
fins, ont de tout temps excité l'enthoufiafme des
obfervateurs dont le coeur eft fenfible. Je ne les
décrirai cependant pas, leur peinture fe trouvant
dans l’article correfpondant du Ditlionnaire cTOrnithologie.
Je dirai feulement qu’il y en a qui font
moins bonnes mères que d’autres, qui même abandonnent
leurs petits plus ou moins de temps après
leur naiffance. Ces Poules doivent être de fuite fa-
crifiées, pour que le même inconvénient ne fe
renouvelle plus.
L’important pour la confervation des poulets
pendant les premiers jours de leur vie , c eft qu’ils
foient dans un endroit chaud & fec. On doit, en
eonféquence, les laiffer dans la chambre où ils
font éclos, fi le temps eft froid & pluvieux. S’il
y a plufieurs couvées de différens âges, on les
réparera en les mettant avec leur mère, chacune
fous une grande cage d ’ofier ou de lattes, afin que
les gros ne dévorent pas la nourriture deftinée aux
petits; car il eft extrêmement important qu’ils ne
fou firent pas de la faim dans le premier âge. Par
la même raifon, lorfqu’on les kiflera venir dans
la cour, on mettra leur manger fous une cage
femblable, allez foulevée d’un côté feulement,
pour que ceux des premiers âges puiffent y entrer.
Sans cette précaution, ce manger feroit, à me-
fure qu’on le leur donneroit, la proie des groffes
volailles. Dans les premiers jours, la mère eft renfermée
fous cette cage, pour qu’elle puiffe y attirer
fes petits & les y garantir du froid & de la
pluie; mais quand ils commencent à être forts,
elle en eft exclue, pour qu’elle neconfomme pas la
nourriture choifie qui leur eft deftinée.
Les pouftins qui ont la faculté de courir partout
avec leur mère ne doivent être lâchés le matin que
lorfque la rofée eft difparue, &r il faut les faire
rentrer le foir avant le coucher du foleil.
Au refte, fi les poulets qu’on laiffe ainfi-vaguer
font plus expofés à périr par des circonftances at-
mofphériques & par des accidens, ou à tomber entre
les griffes des renards * des fouines, des oiféaux
de p roie , des voleurs, ils font plus robuftes que
ceux qu’on élève plus délicatement : ainfi il y a
compenfation.
Les poulets boivent fouvent & beaucoup : par
conféquent il faut toujours mettre fous leur cage'
un vafe plein,d’eau, qu’on renouvellera tous les
jours. Cette précaution èft principalement de rigueur,
quand on les nourrit exclufîvement de
graines fèches ; ce qu’on ne doit cependant pas
faire , ainfi que je l’ai déjà obfervé , ces graines
fe digérant plus lentement & les conftipant.
Des ménagères, pour augmenter le nombre de
leurs pondeufes, réunifient deuxeouvées demême
âge en une, lorfque les pouffins ont dix à douze
jours & que le temps eft chaud. Cette pratique eft
dans le cas d’être imitée ; car alors les pouffins n’ont
plus auffi befoin d’être réchauffés fous la mère.
D’autres ménagères chargent de ce foin des
Dindes , & alors leur donnent jufqu’à trois couvées.
( Voye% ce mot*) D’autres, enfin, les confient
à des C hapons. Voyez ce mot.
Pour déterminer les chapons à fe transformer
en condutteurs de pouffins, il faut employer des
moyens violens ; car leur nature ne les y porte
pas, comme on peut bien le penfer. Tantôt donc
on les plume fous le ventre.; on les flagelle avec des
orties; on les enivre avec du vin ou avec de l’ eau-
de-vie ; on les tient renfermés dans une caille
étroite & obfcure, & ce pendant deux ou trois
jours de fuite .; puis on leur donne fucceffivement
des poulets & on les met fous une cage : tantôt
on fe contente de les tenir dans la caille & de les
y laiffer un peu plus long-temps. Cette dernière
méthode étant moins barbare & plus fimple, doit
être préférée. Je crois que la manière de mademoifelle
Portebois, indiquée plus haut, con-
duiroit même plus direttement au but. Un chapon
une fois dreffé, l'eft pour toute fa v ie , & , en le