
nourriffantbien, il peut avoir toujours des poulets
à conduire.
Environ fix femaines après leur nai (lance, plus
tôt ou plus tard , félon leur vigueur & la chaleur
de la faifon, les poulets ont une crife qui en fait
périr beaucoup ; c’ eft celle de la puberté , qu'on
appelle vulgairement 1 erouge, parce que leur crête
fè colore en rouge. Pour en diminuer le danger ,
on les tiendra renfermés, s'il fait froid ou s'il
pleut & on leur donnera fucceffiv.ement des nourritures
échauffantes & de facile digeftion, telles
que du chenevis, des vers, des pommes de terre
cuite s , & du vin pour boiffon. C e font principalement
les couvées tardives qui font expofées à
fouffrir par l'effet de cette crife, parce qu'elle arrive
, pour elles, au commencement des froids.
Vers la même époque on commence prefque
partout à manger les poulets ; mais a 1 ors ils n ont
pas encore acquis la moitié de la groueur a laquelle
ils doivent parvenir, & leur chair eft prefque
fans faveur. Les cultivateurs qui rayonnent
leur conduite, attendent généralement qu’ils aient
trois mois j même plufteurs fe refufent à les vendre
avant quatre à cinq mois, c’ eft-à-dire, avant qu’ ils
foient parvenus à toute leur groffeur, que leur
viande foit fa ite , pour me fervir de 1 expreffion
vulgaire. .
Avant de commencer la confommation des poulets
, il eft à delirer qu’on fâffe marquer c eu x ,
tarit mâles que femelles, qui s annoncent devoir
erre les plus beaux, afin de les réferver pour la
reproduction ; car il eft prefque général de tuer d a-
bord les plus beaux, & de n’avoir par confequent
que des coqs foibles & des Poules de petite ftature : 1
ce qui abâtardit la plus belle race en peu d années.
C ’eft lorfqu’ils ont environ trois mois qu’ on
chaponne les mâles pour rendre leur chair plus
tendre & plus fufceptible d’engrais. Je ne dirai
pas, avec quelques auteurs, plus favoureufe; car
il eft certain que la CASTRATION (w y e f ce mot)
produit généralement l’ effet contraire.
L’ opération du chaponnement fe fait ordinairement
par la fille de baffe-cour, un abfurde préjugé
s’oppofant partout à ce que les hommes s’en
chargent, même y foient prelëns. Elle n eft point
difficile, puifqu'il ne s’agit que d’incifer le ventre
du poulet vers fon extrémité, à droite ou a gauche,
mais plus ordinairement de ce derniercôté, de
tirer les deux tefticules avec le doigt, de les couper,
de recoudre la plaie, de la frotter d’huile & fau-
poudrer de cendres. On coupe auffi ordinairement
la crête, pour pouvoir plus facilement diftinguer
les chapons des coqs. Cela fa it , on les renferme
pendant deux à trois jours dans une chambre fraîche
& aérée, & on les nourrit avec de la mie de
pain trempée dans du v in , des pommes de terre
cuites, des vers, & c . Rarement il en meurt lorf-
que l’opération a été bien faite j mais elle ne 1 eft
pas toujours ,v à raifon de l ’ impéritie des opérateurs.
C e font les groffes variétés, principalement
celle appelée de Caux, qu’on foumet au chaponnement,
'
parce que ce font celles qui fe vendent
le mieux.
Les chipons des premières couvées font conf-
tamment plus beaux , meilleurs & moins fujets à
mourir.que ceux des dernières : auffi un cultivateur
qui fait calculer n’en fait-il plus après le mois
dejuin.
11 paroît que le goût pour les chapons eft moindre
aujourd'hui qu’il ne l’étoit il y a une cinquantaine
d’années. On préfère aujourd'hui ce qu’ on |
appelle les coqs vierges, probablement d’apres la
conlidération de plus grande faveur de leur chair.
On. pourrait châtrer Les poulettes en leur enlevant
les ovaires, de la même manière qu’ on enlève
tes tefticules aux poulets-, mais nulle part on le
fait en grand. Voyti C astration dans le Dictionnaire
de Médecine.
Les poulets, comme tous les autres animaux^,
ne commencent à devenir gras que lorfqq’ils ont
ceffé de groffir : c’eft donc peine & dépenfe perdues
que de chercher à les engraifier avant cette
époque, comme tant de perfonnes le font par
ignorance des lois de la nature.
L’engrais des coqs vierges,' des chapons & des
poulardes, eft le même : feulement celui des. coqs
eft un peu plus long, & celui des chapons un peu.
plus court que celui des poulardes. Cette obferr
vation fouffre cependant beaucoup d’exceptions,
y ayant des individus plus difficiles à engraiffer
fans qu’on puiffe deviner pourquoi.
Trois conditions font néceffaires pour accélérer-
l’engrais- des volailles : un affoibliffemenr mufcu-
laire, un repos abfolu, une nourriture furabonr
dante & très-facile à digérer.
En conféquence', il. faut faigner çes volailles,
ou les purger plufieurs jours de fuite , & les placer
dans une chambre chaude , obfcurë, éloignée de
tout bruit, dans une épinette dont les cafés foient
trop étroites pour qu’elles puiffent fe retourner..
On appelle épinette une caiffe d’une longueur
indéterminée, d’une hauteur ainii que d une
largeur d’un pied & demi, à claire-voie fur le devant
& dans le bas, portée fur quatre pieds & di-
vifée dans fa longueur en cafés de quatre, cinq a
fix pouces de large. Au-devant de cette caiffe eft
une augette en planche-dans laquelle fe mettent le
manger & le boire, auxquels les volailles peuvent,
atteindre enpaffantleur tête à travers la claire-voie
perpendiculaire. Leurs excrémens tombent à terre
à travers la claire-voie horizontale. '
Dans quelques lieux on fubftitue l’épinette dès.
boîtes ifolées, ouïes volailles font accroupies la
tête & la queue dehors.
Dans d’autres, c'eft dans des poteries cylindriques,
poteries qu’on caffe quand, les volailles,
: font engraifËes-
Je ne parle pas des anciennes méthodes de leur
crever les y eu x , de leur contourner les ailes 3 de
leur lier les pieds, de leur clouer les ailes étendues
fur une planche percée pour le paffage des
pattes, 8rc., parce que, faifant fouffrir 1 animal,
elles doivent néceffairement éloigner du but.
Des alimens ttès-fubftantiels & d une facile digeftion
, le plus fouvent moulus & ramollis dans
l’eau, font ceux qui conviennent le mieux pour
l’engrais des poulets, quoique tous puiffent être
employés. Parmi eux on préfère, avec raifon , les
farines de farrafin, d’ orge & de mais j c eft a cette
dernière qu’ell due la fupériorité inconteftée des
poulardes de Breffe & du Mans. Les pommes de
terre cuites, quoique peu ulitees, méritent auffi
quelqu’attention, a raifon de leur pende valeur &
de leur rapide effet. Le fon , dont on fait fi fréquemment
ufage, eft le pire de tous les moyens,
attendu qu’il contient d’autant moins de matière
nutritive, qu’il provient de moulins mieux conduits.
( Voye^ Son.) L’ important, c’eft que les
alimens foient chaque jour variés piufieurs fois,
afin que les volailles foient .déterminées par la variété
même à en manger davantage, & que leur
aétion fur l’eflomac foit plus active. Voye^ Digestion
dans le Dictionnaire de Phyfiologic animale.
Avec ces précautions, l’engrais eu terminé en
moitié moins de. temps que dans la pratique ordinaire,
c’eft-.à-dire,'en huit à tjix jours.
11 eft encore uns autre méthode d’engraiffer les -
volailles. On la pratiquoit beaucoup plus généralement
autrefois qu’aCtuellement : c’eft par 1 em-
boquement. Il a lieu de deux’ maniérés : ou on
ouvre le bec à l’animal, & on y introduit à la main
du grain dans le golier ou des boules de pâte' de.
farine d’orge,,de mais , & c . , ou on lui ouvre le
b e c , & on y fait entrer le bout d’ un entonnoir
fixé dans un banc, & on lui pouffe le grain ou la
pâte au moyen d’ un refouloir. ï
a La quantité de nourriture à donner aux v o lailles
à l’engrais ne peut être fix ée, puifqu’elle
varie félon l’efpèce de volaille, félon,les individus,
félon la faifon , félon l’ époque de l ’engrais,
&c. & c . Celui qui opère apprend bientôt, par
Jà prôpre expérience, ce qu'il convient de faire à
cet égard. 11 n’y a jamais de mal à craindre tant que
la volaille eft libre de manger à fon appétit, parce
q u’elle s’arrête lorfqu’ il y aurait du danger à continuer
; mais il arrivé fouvent que l’emboquement
leur donne des indigeftions mortelles, ou les
étouffe en comprimant les voies aériennes.
Les fecrets fi vantés par le charlatanifme pour
accélérer l’engrais des volailles, font pour la plupart
ou inutiles ou nuifibles -, il faut donc les dédaigner,
On reconnoît que l’engrais des volailles eft terminé,
aux pelotes de graiffe qu’elles offrent fous
les ailes, & à la graiffe dont leur croupion eft
chargé..
Une volaille graffe doit être tu é e , car le plus
fouvent elle meurt d’obltruéfions ou d’obéfité.
Rarement on engraiffe les coqs, les chapons 8c
les'poulardes pour leur foie, mais on le pourrait
en employant les moyens indiqués au mot Oie .
Les vieilles volailles s’engraiffent plus difficilement
que les jeunes, & font toujours dures > en
conféquence on ne peut fpéculer fur leur vente..
Elles font confommées dans la maifon, principalement
bouillies, comme étant en cet état meilleures
que rôties.
L'intérêt des cultivateurs eft de vendre leurs
jeunes volailles le plus tôt poflibie, parce que plus-
ils les gardent, & plus elles conformaient 5 c’eft ce
qui fait qu’elles tombent de prix, par la concurrence,
au mois de décembre, époque où la plupart
font dans le cas d’être mangées, & il arrive fouvent
que l'argent qu’on en retire ne dédommage pas de
celui qu’elles ont coûté.
Les coqs & les Poules peuvent vivre dix à
douze ans & plus, mais quoiqu’en avançant en
âge ces dernières deviennent meilleures couveufes*
il eft allez ordinaire de les renouveler après leur
troifième année , & les coqs après leur féconde.
Outre leurs oeufs & leur enair, les Poules &
les coqs donnent des plumes q ui, quoiqu inférieures
à celles d’oie , font de quelque valeur dans
le commerce. Celles de la queue des coqs & des
chapons fe recherchent particulièrement pour
orner la tête de nos guerriers'& houffer les meubles
de nos appartemens. J'ai indiqué au mot
■ Plume leurs ufages, ainfï que les moyens de les
préparer & de les conferver. Je dirai feulement
ic i, que généralement les cultivateurs négligent
trop de tirer parti de leurs Poules fous ce rapp
o r t, q ui, entre des mains foigneufes, feroit de
quelqu’ importance pour eux, quoique je ne con-
feiile pas, avec quelques écrivains, de plumer les
Poules vivantes, comme on plume les oies, attendu
que cette opération doit néceffairement diminuer
leur ponte, qui eft l’objet principal de
leur éducation.
Les maladies des Poules font affez nombreufes
& le plus fouvent hors du domaine de la médecine
vétérinaire, à raifon de l ’incertitude & de la
dépenfe de leur guérifon. Auffi prefque toujours
doit-on plutôt les tuer que de les foumettre à un
traitement.
J’ai déjà parlé de la pouffée du rouge, qui enlève
beaucoup de Poules , principalement dans
les lieux froids & humides.
La mue eft auffi une crife annuelle qui en enlève
fouvent. Alors il faut les laiffer dans le poulailler
les jours de pluie, leur donner une nourriture
plus fortifiante, du chenevis, par exemple, &
même, de loin en loin, du pain trempédans du vin.
C'eft au milieu de l'é té , plus tôt ou plus tard ,
félon le climat, l’état de l’atmofphère, l'âge de
l’ individu, & c . , qu’elle fe développe.
La pepie eft une des maladies les plus communes