
Les Mulots & les C am pag n o l s ne détruisent
pas feulement les Semis en en mangeant les
graines, mais en les bou'everfant. Les T aupe s ,
les C o u r til l iè re s , les V ers de t e r r e ou
L om b rics , en agi fient de même. Les larves des
H a n n e t o n s , certaines C henille s, mangent
les racines des plantes; d’autres C henilles , les
A l t is e s , les G a l e ru q u e s , les L im a ce s., les
H elices , mangent leurs feuilles. Il faut faire une
chafie à outrance à tous ces ennemis^
Toutes les volailles, & principalement les poule
s , doivent être écartées des Semis par tous les
moyens pofîibles. Vbyei, pour le furplus , les mots
S emaille & Semence. ( B o s c . )
SEMOIR. Ce nom fe donne à deux inftrumens
d ’agriculture.
Le premier eft un demi-fac en toile que les
femeurs attachent autour de leurs reins, 8c dans
lequel ils mettent la femence qu’ils vont répandre
à la volée.
La forme 8c la grandeur de cette forte de Semoir
varient fuivant les lieux, mais font indifférentes
, ou prefqu’ indifférentes, au fuccès du
femis. Il fuffit qu’ il contienne une fuffilante quantité
de grain , quantité qui doit être calculée
pour tant de terrain, & qu’on puiffe le prendre
par poignées avec la main droite fans aucune difficulté.
Lorfque le Semoir eft v id e , le femeur va le
remplir aux facs qu'il a dépofés à la tête du champ.
De toute antiquité, dit-on, les Chinois font
ufage de Semoirs de la fécondé forte : ce font
des machines fouvent fort compliquées, avec
lefquelles on répand la femence à des diftances
égales, 8c par le moyen defquelles on la recouvre
en même temps. Il en eft même qui verfent du
fumier avant la femence , 8e placent fur lui cette
dernière.
Les Semoirs chinois ont excité renthoufiafme
des agronomes français , dès qu’ ils en ont eu con-
noifiance ; aufïi cherchèrent-ils à les. imiter & à
en conftruire fur des principes différens. La def-
cription de beaucoup d’entr’ eux a été publiée;
la figure de plufieurs fe voit fur les planches 6 , 7,
8 , 9 & 11 de Y A n aratoire, faifant partie de
Y Encyclopédie par ordre de madères.
Si on confidère les avantages qu’il y a à enterrer
& à efpacer également les Semences, fi on confidère
furtout ceux que doivent trouver les plantes
qu’elles produifent à n’être gênées, ni par leurs
racines, ni par leurs.tiges, on eft déterminé à
croire, même fans mettre en ligne de compte l'économie
des femences, qu’ un Semoir qui place ces
femences jufte où il faut pour qu’elles ne foient
ni trop ni trop peu efpacées, eft ur.e fource de
fortune pour chaque cultivateur qui en fait ufage,
& pour la fociété en général ; cependant, en ré-
fléchiflant qu’un Semoir tel que la plupart de
ceux qui ont été décrits, eft un objet de grande
dépenfe, foit pour fon acquifition, foit pour fon
entretien, qu’ il eft fujet à fe détraquer au moment
ou on en a le plus befoin, qu’il ne peut pas
agir dans toutes les fortes de terres, les pier-
reufes par exemple, avec la facilité defirable,
qu’il faut, pour le conduire, un homme plus intelligent
que la plupart des valets de charrue , on eft
porté à reconnoitre qu’au définitif fes inconvé-
niens furpafient fes avantages.
On peut furtout appliquer le Semoir à la culture
par rangées, culture qui offre fouvent de fi
importans réfultats. Voye^ R angée.
Ceux q u i, dans la première moitié du dernier
fiècle, provoquèrent en France avec le plus de
bonne foi l’emploi des Semoirs, font Duhamel,
8c après lui Châteauvieux, Montefui, Diancourr,
Thomé, Blanchet & Devillers. Le defir de les appliquer
à la grande agriculture régna avec encore
plus de force en Angleterre 5 aufti' depuis
T u ll, qui fit conftruire le premier qui ait paru dans
cette île jufqu’ à la guerre de la révolution, en a-
t.-on imaginé une grande quantité de fortes, dont
la dernière, au dire de l’ inventeur, devoit n’avoir
aucun des inconvénient reprochés aux premiers.
Quelque ingénieux que foient plufieurs de ces
Semoirs, avec quelque chaleur qu’ ils aient été
vantés, ils n’ont fervi qu’à faire quelques expériences,
leurs inventeurs ayant été les premiers à
les mettre fous la remife, 8c à revenir à la méthode
commune , c’eft-à-dire, au femis à la main.
Je n’entreprendrai pas ici de décrire ces Semoirs
, tous plus compliqués les uns que les autres
, & d’un prix hors de la portée des (impies
cultivateurs; mais je donnerai une idée de trois
de ceux qui ont été imaginés dans ces derniers
temps, l’un en Pologne, l’autre aux environs de
Paris, 8c l’autre aux environs de Marfeille, parce
qu’ils font les plus (Impies, les moins coûteux
& les mieux appropriés à leur objet.
Une trémie , un cylindre , deux montans,
deux roues , deux brancards 8c deux châftis font
les pièces dont fe compofe le Semoir polonais.
La trémie eft deftinée à contenir le grain qu’on
veut femer; elle a quatre.pieds & demi de longueur
, deux pieds de largeur 8c quatorze pouces
d’ouverture par le bas. Cette trémie pofe fur le cylindre
, dont la largeur eft la même que fon ouverture,
8c elle en embraffe la moitié. Toute la fur-
face du cylindre eft parfemée de petits trous ou
alvéoles difpofés en échiquier, à quatre pouces
environ les uns des autres, & ayant à peu près
la forme des grains qu’ on veut femer. Ces grains
jetés dans la trémie rempliflent ces trous, le cylindre,
en tournant, les lâche, & ils tombent fur la
terre difpofés comme ils l’étoient dans ces trous,
c’eft-à-dire, à égale diftance.
La trémie & le cylindre font réunis par deux
montans, dont la partie inférieure eft percée
pour le jeu de l’axe du cylindre.
En dehors de la trémie & vers chaque extrémité
du cylindre, font deux roues fixes qui font
corps, & qüi tournent avec lui : elles ont deux
pieds trois pouces de hauteur. Les brancards font
fixés dans la partie fupérieure de la trémie à travers
laquelle ils paftent. Une traverfe les fortifie.
Les deux châftis font des planches qui s’appliquent
fur les côtés antérieurs 8c poftérieurs de
la trémie; on les enfonce ou les élève à volonté;
leur bord inférieur eft garni d’une gtofiière
étoffe de laine : ils ont pour objet d’empêcher
les grains de blé de paffer entre les bords de la
trémie 8c le cylindre.
Ce Semoir eft traîné par un cheval.-Il ne verfe
jamais, qu’il aille lentement ou rapidement, que
la mène quantité de femence. Lorfqu’on veut
femer des grains plus gros ou plus petits , on
change le cylindre.
C ’eft à M. Hayo t, fermier près Paris, qu’ on
doit l ’invention de la,herfe-Semoir dont il va
être queftion. Je l’ai fréquemment vu marcher,
& j’en ai toujours été très-fatisfait.
Cette herfe „eft compofée de cinq morceaux
de bois, de trois pouces de large, deux pouces
d’épaiffeur 8c cinq pieds de long ; chacun de ces
morceaux eft armé, fur le devant, de deux dents
de fer, dont la première doit avoir fept pouces de
long, 8c la fécondé huit. En fuivant la même direction,
eft fixé un morceau de bois à dos de carpe
renverfé, repréfentant à peu près la quille d’un
vaifteaii : il doit avoir huit pouces de haut 8c deux
pieds de long, être percé, dans fa partie poftérîeure,
d’un trou oblique, deftiné à recevoir le grain & à
le conduire au fond de la raie ouverte; enfuite fe.
voient deux dents placées obliquement 3c en fens
inverfe pour rabattre les deux bords de la raie
ouverte, 8c recouvrir ce grain. En tête de cette
herfe eft un timon fixé à la herfe par un boulon
de fer, qui traverfe les cinq morceaux de bois qui
forment le corps de la herfe.
Le Semoir qui y eft adapté repréfente une e(-
pèce de coffre , d’où la partie baffe, qui touche
à la herfe, eft cintrée; la pattie haute, carrée
& fermée d’ un couvercle un peu bombé, recouvert
d’une toile cirée pour que l’eau ne
puiffe pas entrer dans l’intérieur , ce qui feroit
nuifible à l’opération.
L’intérieur de ce coffre eft garni de cinq roues
de fer-blanc, repréfentant à peu près la roue d’un
moulin à godets, mais tournant en fens iriverfe:
elle ramaffe le grain, èn remplit fes petits godets
, qui font au nombre de fe ize , & le verfe
dans un entonnoir qui le conduit dans la raie ouverte.
Ces cinq roues font adaptées à un arbre
tournant, qui, fortanc environ de fix pouces à l’èx-
térieur du coffre-, préfente une forme carrée où
s’adapte une roue à huit pointes garnies de fer à
l’extrémité, pointes qui entrent de trois pouces
en terre. Cette roue doit avoir trente-fix pouces
de diamètre, 8c les petites roues à godets dix-
huit. C ’eft cette roue à pointes q u i, lorfque la I
herfe marche, doit néceffairement tourner 8c
faire tourner les petites roues à godets, ce qui ne
manque jamais, à moins que la roue à pointes ne
rencontre une cavité qui l’empêche d’arriver juf-
qu à te r re , ce qui n’eft pas ordinaire, puifque,
avant de fe fervir de la herfe-Semoir, il faut que
la terre foit préalablement labourée 8c herfée.
C ’eft de la grandeur des godets que dépend
la quantité dé femence; ainfi, on peut les augmenter
& les diminuer volonté, fuivant la
qualité de la terre , ou" l’idée du cultivateur. On
doit avoir l ’attention de mettre du grain dans la
trémie un peu plus qu’il n’en faut pour aller 8c revenir.
Il eft néceflaire de commencer par la gauche
de la p ièce, la roue qui fait marcher celles à godets
fe trouvant à droite, afin qu’elle ne fe trouve
pas dans la défrayure, ce qui feroit manquer fon
effet. Arrivé à l’extrémité de la pièce, on arrête
les chevaux de manière à ce que ce qui ne fera
pas rempli puiffe l’être par deux tours de la herfe-
Semoir, ce qui formera la fourrière. Plus la pièce
eft grande, 8c plus l ’opération eft facile. Avant
de tourner, il faut enlever la roue à pointes, qui
doit fe retirer facilement, n’ étant retenue que
par une chevillette. Les chevaux font tournés
de manière qu’ils puiffent fuivre rigoureufement
une ciiredion parallèle à la première, 8c à une diftance
égale à celle qui eft entre deux dos de carpe.
Avant de recommencer, on remet la roue à pointes
, on examine fi les trous par où fort la femence
ne font pas bouchés, furtout du côté qui a pivoté
en tournant, 8c on continue ainfi de faite.
Je le répète, cette herfe-Semoir opère très-
bien , 8c difpofe le grain en lignes bien régulières
qui fe rempiiffent immédiatement, de forte
qu’il eft également enterré, 8c ne craint point le
bec des pigeons 8c autres oifeaux qui ne grattent
pas comme les poules. Les campagnols mêmes
peuvent difficilement en manger des quantités affez
notables pour être remarquées.
Le Semoir à main de M. Delyle-Saint-Mar-
t in , qu’ il emploie avec fuccès pour femer les
oeillères de fes vignes, aux environs de Marfeille,
confifte en un coffre fait en planches minces 8c
légères, un peu courbé dans fa longueur du côté
inférieur , ayant un pied 8c demi de lo n g , quatre
pouces de large 8c fix de hauteur. Il eft percé
d’un rang de trous dans fon côté inférieur, pourvu
d’une large ouverture fermant à couîiffe dans fon
côté fupérieur, 8c attaché à une anfe demi-circulaire
ou parallélogramique de huit à dix pouces de
hauteur, fixée aux deux extrémités de fa partie
fupérieure.
Pour faire ufage de ce Semoir, on le tient de
la main droite dans le fens de fa longueur, à
une petite diftance 'de terre, 8c on l’agite, également
dans le fens de fa longueur ; le grain tombe
en ligne., ou prefqu’en lign e , 8c à des efpaces
à peu près égaux.
Ce Semoir, au refte, parole plus propre à femer
dans un jardin que dans un champ ; mais on fait