
rieurj & victime des événemens de la révolution.
Lorfque la Tourbe ett defféchée 3 elle a complètement
l'apparence du terreau , & il n’elt pas
une perfonne , parmi celles qui ne la connoiffent
pas /qui ne juge à la première vue qu'elle doit
être extrêmement fertile 5 cependant aucun des
objets ordinaires de nos cultures ne peut y croître,
& toutes les tourbières ne donnent à l’agriculture
qu’un pâturage de mauvaife nature , au plus
propre aux Bêtes a c o r n e s . Voyez ce mot.
On a , il y a déjà long-temps, recherché pourquoi
la Tourbe étoit infertile 5 plufieurs opinions
erronées ont été émifes à cet égard. Je crois être
le premier qui en ait donné la vraie raifon, c eft
qu’elle n'eft pas fufceptible d'être diffqutç par
l’eau, que fon carbone ne peut pas fervir à l'aliment
des plantes. Voyez T e r r ea u & Hum u s .
Pour rendre la Tourbe fufceptible de devenir
productive, même fufceptible d'être employée
pour engrais, il faut donc la rendre foluble ; or
on y parvient, i° . en la laiffant expofée à l'a ir , en
couche mince, pendant au moins un an, i ° . en
la mêlant avec environ un centième de chaux
v iv e , ou un quart de marne, plus ou moins, félon
la qualité de cette dernière > $°. en en brûlant
environ le tiers. Voyez G a z , C h aux & C endre.
On peut encore la mêler utilement avec le fumier
, avec toutes les matières animales dont on
peut difpofer, avec les terres de toutes fortes, &c.
Par ces deux derniers moyens, elle devient luf-
ceptible d’être utilifée fur-le-champ.
Les Anglais , qui poffèdent beaucoup de tourbières
aufli improductives que les nôtres, font
aujourd'hui un grand ufage ne la Tourbe comme
engrais, en Sa femant au printemps, après l'avoir
réduite en poudre , furies plantes en état aCtuîlde
végétation. En effet, les gaz a'.mofphériquesagif-
fent d’autant plus promptement tur elle , qu'elle
eft plus divifée, & le printemps eft la faifon de
l ’année cù ces gaz font les plus aCtifs. Què de
propriétaires de Tourbières feroient dans le cas
d'augmenter leurs revenus s'ils procedoient de
même ! (B o s c .)
TOURBIÈRE : lieu où il y a de la tourbe en
exploitation.
Je dis en exploitation, parce qu'il y a beaucoup
de marais tourbeux & même de terrains fecs qui
recouvrent de la tourbe, auxquels on ne donne
pas ce nom.
profondeur, mais fèches à leur furfaee j enfin, il
en eft de complètement deffèchées.
I/eau des Tourbières qui en font continuellement
Tantôt les Tourbières font à la furfaee du fo l ,
tantôt elles font recouvertes d’une couche plus
ou moins épaiffe de terre eu de fable.
Lorfqu’elles font fuperficieiles ou peu profondes
, on les reeonnoît facilement au tremblement
qu'elles offrent lorfqu’on marche deffus, en
appuyant fucceffiyement les pieds, ou en fautant.
Il eft des Tourbières entièrement couvertes
d'eau , & où il fe forme par confequent encore
de la tourbe y il en eft d’imbibées d’eau dans leur
imbibées, eft prelqu'à la température de
celle des puits, parce qu'elle a peu de contaft
avec l'air ; c ’eft pourquoi elle gèle fi difficilement
pendant l'hiver.
Cette température de l'eau des Tourbières,
q u i, pour la même raifon, s’élève peu pendant
l*été7 concourt fans doute à empêcher les arbres
aquatiques d'y profpérer. Voyez E au & T empér
a t u r e .
Le nord de la France offre quelques Tourbières
exploitées, & beaucoup qui ne le font pas. Ces
dernières ne donnent généralement qu'un pâtn-1
rage de mauvaife nature & p eu abondant, à peine
du goût des bêtes à cornes, ceux des animaux do-
meftiques les moins délicats fur leur nourriture ;
elles fe refufent à toute culture, même à la pro-
du&ion des aunes & des faules, qui fembleroient
devoir y profpérer 5 elles font donc perdues ou
prefque perdues pour i'agricultur», fi on n'emploie
pas des moyens puiffans pour changer leur
nature. Voyez T ourbe & Ma r a i s .
Ces moyens font d ’abord de donner de l'écoulement
aux eaux, par des Fossés , des P u isard s ,
des PiERRÉES, & c .• (voyez ces mots & celui
Dessèchement) , enfuite, ou en chargeant la
tourbe d'une épaifleur fuffifante de terre , principalement
de marne calcaire fi on en a à fa difpo-
fition ( voyez Marn e ) , ou en brûlant la furfaee
de la tourbe , après fa defliccation, dans une profondeur
luffifante.
C ’eft en chargeant la tourbe de terre que les
habitans d’Amiens fe font donné les promenades
qui entourent leur ville au nord, promenades remarquables
par la beauté dés arbres qui les. ombragent.
. ■ .
C ’eft en brûlant la furfaee de la tourbe que les
habitans du Nord-Hollande ont transformé leurs
niçois enfles prairies d’une inconcevable fertilité,
prairies qui nourriflent les plus gros boeufs, les
i plus gros choux que je connoiffe.
Si on ne veut pas brûler la furfaee de la tourbe,
& je ne concilie cette opération que lorfqu'on
ne peur pas faire autrement, on y répandra tous
les ans une certaine quantité de chaux vive en
poudre groftière, chaux qui produira le même
effet que les cendres & que la pot a (Te que contiennent
ces dernières. Voyez Po t a s s e .
Il e ft, au relie, des Tourbières qui renferment,
’ foit en amas ifolés, foit en couches plus ou moins
! épaifles, plus ou moins nombreufes, plus ou moins
régulières, des terres ou des fables amenés par
j les eaux des montagnes voifines. Il ne s’agit fou-
j vent, pour les fertilifer, que de les deffécher & de
mélanger leurs diverfes couches.
On doit aufli aflimiler jufquà un certain point
aux Tourbières, ces terrains en pente douce con-1
tinuellement imbibés d'eau de fource, quoiqu il*
ne renferment pas de tourbe bonne à brûler, :
pu il qu’ils donnent naiffance aux mêmes plantes
quelles, que leur infertilité eft due à la même ■
caufe, & qu'après les avoir de fléchés on peut les ■
fertilifer par les mêmes moyens. CeS'terrains, je
lésai appelés Ulig in éu x . foye^ce mou {B o s c .)
T O U R L O U R Y : nom d’un P a l m i e r de
Cayenne.
TOURNÉ (F ru it). On applique ce mot aux
fruits rouges, comme les C e r ise s , les F r a i&e s ,
les Fr am bo ise s , lorfqu’ils commencent à fi? co-_
lorer & ioriqu’ils commencent à s'altérer. IJne
grande chaleur fèche accélère le Tourné des
fruits non mûrs. (Voyez le mot Ma t u r it é . )
Une grande chaleur humide occafiohiie toujours le
Tourné .des fruits mûrs. Koye% C e r is ie r , Fr a i sier,
Fr am b o is ie r .
On peut retarder le Tourné des fruits en les
tenant dans un. lieu froid 5 mais lovfqu’ils font
Tournés, oh ne peut plus les remettre dans leur
état primitif? Voyçfc Fruit.., .
T our'NÉ ('GEuf).'F’oye[ GEüF.
T Ou R n È' ( Vin ).. Voyez- Vin .
TOÜÉNÉE : jfioch'e à fer très-long (au moins
de deux pieds ) , très-étroit * très-courbé, très- :
pointu par une de fiés extrémités, & emmanchée
très-court, qui fiert .aux terrafliers lorsqu’ils- travaillent
dans une terre dure ou très-garnie de
pierres. . .
Cette forte de pioche, fort ufitée aux,environs
de Paris, expédie beaucoup de befogne, mais, elle
fatigue c'onfidérabîement, & il faut être fort pour
l’employer, car elle, ett très- four de.WVoy Pioche
& Defoncement.1; (B osc.) , ■
TOURNESOL. Ce nom s’applique vulgairement
à di ver les efipèces de plantes dont lés fleurs
fe tournent c-onftamment du côté du foleil, entre ;
autres à I’Hel iant e & au C is t e h élianth Ême. ;
Voyez ces deux mots.
Mais.les bôtaniftes & les cultivateurs font con- :
venus de ne lé donner qu’à une ëfipèce du genre'
Cr o t o n , originaire du midi de la France, qui
s’emploie pour la teinture. Voyez ce mot. (Bosc.)
T O U R N I S : trois maladies, ou mieux les
fymptômes de trois maladies, portent ce nom.
L’une eût le V ertigo produit par l’excès de la
chaleur, par un coup de fiole il, par des bléflures
à la tête, par une Hyd r o p is ie de cerveau 5 elle
fie remarque dans tous les animaux domeftiques.
Les deux autres font produites, ou parla furabon-
dance des GEstres dans les finus frontaux, ou par
des Hy d a t id e s dans le cerveau des moutons.
Voye^ ces quatre mots.
Cependant, en général, c’ eft la maladie produite
par les Hy d a t id e s qu’on appelle le plus
communément de ce nom.
Ayant donné à leur article les indications né-
ceffaires pour reconnaître cette' dernière forte
de Tournis."& tenter*fa guérifon, il me fuffira
ici d’ohferver que les expériences qui ont femblé
prouver la. poflibilité de la guérifon du Tournis
par l'injèétion dans le nez des moutons de décoctions
de plantes amères, çi’abfirrthe,. par exemple,
n'ont rapport qu’à celui produi-t par des GKs t r e s ,
Voyez •ce mot. ( Bosc. ) ,
TOUROUTIÉR. hioB.iN^oNiA\
Aibre fle Cayenne dont les fruits fe mangent,
& qui confiirue feul un genre dans1 l’ iço.fandrie
monogynie, Quelques sauteurs le rapportent aux
T okg-CHU. 11' fcfl figuré pï. 414 des lllùfiration?
dés genres de Lamarek.
Un. ne le cultive pas dans les jardins d’Europe.'
(Boéc. )
TOURRÉTIE. T ourretia.
Plante annuelle grimpante du Pérou , qui feule
conflitue Rin genre dans la didynamie angiôfper-
mie & dans la famille de Bignonées, figure pl. 5 27
des llluftrations des genres de Lamarek.
Cette plante a été cultivée; pendant quelques
années dans nos jardins en pleine terre, &. a dif-
paru, parce, que tous fes pieds ont été frappés
par une gelée précoce qui les a empêchés de
fructifier. On'femoît fes graines dans des pots remplis
de terre à demi confiftante , qu’on plaçoit fur
une couche nue. Le plant qui en provenqit fè re-
piquoic en pleine te r re , & fe palifladoit contre
un mur expofé au midi.
Il eft fâcheux que cette plante, qui ne manque
pas d’élégance, n’ait pas été envoyée en
Italie, où elle n’eût pas éprouvé l’inconvénient
qui nous l’a enlevée. ( B o sc.)
TO Ü R R E T TE : nom vulgaire de I’A r a b e t t e .
Voye% ce mot.
TO U R TE : nom qu’on donne, aux environs de
la Flèche, à une couche de graviers agglutinés par
de l’oxide de fer qui le trouve à quelques pouces
de la furfaee de la terré, & qu’on eft obligé de
rompre avec le pic lorfqu’on veut'planter des arbres.
Voyez C ouche de t e r r e . ( B osc.)
TO U R T E A U : refte des graines dont on a
retiré l’huile par la preflion. $
Partout on réferve avec foin les Tourteaux
pour la nourriture des bëftiaux , car ils font très-
nuttitifs, & lorfqu’ils font moifis, pour les faire
fervir à l’engrais des terres, car ils font très-fer-
tilifans.
Les Tourteaux deftinés à la nourriture des bef-
tiaux doivent être tenus dans un lieu fec & aéré.
Prefque .partout on donne les Tourteaux aux
boeufs, aux vaches, aux moutons, aux cochons,
aux volailles, après les avoir Amplement concaffés,
cependant ils rempliffent beaucoup mieux leur
ob jet, principalement quand ils font deftinés à
l ’engrais de’ ces animaux, lorfqu’on les fait dif-
foudre dans l’eau bouillante.