
trois arts un champ de Trèfle , parce qu’il fe de- .
garnit, que les engrais ne peuvent empêcher de
périr les pieds qui ont parcouru leur évolution, &
que les plantes annuelles ou vivaces, dont il avoir
empêché la croilîance, profitent de fa foibleffe
pour le furmonter à leur tour & lui nuire plus ou
moins. On doit donc le rompre à la fin de la fécondé,
ou, au plus tard, au commencement de la
troifième.
La pratique la plus générale dans le nord de la
France , ainfi qu’en Angleterre & en Allemagne ,
& certainement la meilleure pour le plus grand
nombre de cas, eft de retourner le Trèfle après
qu’il a donné deux coupes.
Ordinairement on fait pâturer la troifième re-
-ppuffe du Trèfle avant fde le retourner 5 cependant
fes feuilles améliorent beaucoup la terre.
Voye[ R é c o l t e e n t e r r é e .
Au refte, il y a tant de combinaifons à faire .
relativement à l'emploi de cette précieufe plante,
-qu’il eft difficile de déterminer d’une manière générale
quelle eft la meilleure. Par exemple, on trouve
de l’avantage à couper ou à faire pâturer le regain
avant l’hiver ; cependant il eft quelquefois très-
profitable de lui lai fier paffer cette faifon fur pied,
malgré les effets défaftreux de la gelée & des
pluies, pour fournir au printemps un pâturage aux
vaches ou aux brebis.
En France on eft dans l’habitude de fubftituer
l’avoine au Trèfle après deux labours ; en Angleterre,
c’eft le froment qui obtient la préférence,
& ce fur un feul labour. En comparant les réfultats
de ces deux pratiques, on peut facilement juger
que ce n’eft pas la nôtre qui donne le plus de
profit.
J'ai déjà annoncé plufieurs fois que la culture
du Trèfle n’étoit pas feulement à confidérer fous
les rapports dû produit de fon fourrage & de fa
graine, mais encore fous celui de l’amélioration
des terres, & c’eft par-là que je vais terminer cet
article.
Les cultivateurs flamands faifoientde temps immémorial,
à leur grand avantage, un emploi fort
étendu du Trèfle , fans que nous l’euffions remarqué;
mais les Anglais l’ayant apprécié &.i’ayant apporté
chezeux,nous l’ont fait connoître par leurs
écrits, il y une cinquantaine d’années. D’abord
on i’a femé fur les terres fortes, qu’il rendoit
plus légère« par les débris de fes tiges & de fes racines
; aujourd’hui on regarde fon ufage dans les
terres à feigle comme plus profitable, parce qu’il
permet d’y femer utilement du froment.
On aifure dans le T r a i t é f u r ia g r i c u l t u r e d e N o r -
fo lck, pays généralement fablonneux, que les neuf
dixièmes de tout le blé qu’on y cultive, fe fème fur
des Trèfles rompus à la fécondé année ; &c on fait
combien l’agriculture de ce pays enrichit ceux qui
l’exercent. Quand l’agriculture de la France fera-
t-elle dirigée d’après les mêmes bafes ?
Un cultivateur qui veut monter fon exploitation
de la manière la plus fruéhieufe poftîble, doit
commencer par fupprimer toutes fes jachères &
les remplacer par des .cultures de Trèfle & de racines
nourriflantes-, & par fe procurer les beftiaux
néceffaires pour confommer la plus grande partie
de ce que ces nouvelles cultures lui procureront
de nourriture. Les truies portières doivent toujours
entrer dans la lifte de ces beftiaux.
Comme ce n’eft qu’avec beaucoup d’engrais
qu’on obtient de belles récoltes de céréales, on
voit déjà qu’ayant plus de beftiaux on pourra en
obtenir conftamment de telles ; mais ce n’eft pas
tout, les débris du Trèfle reftés dans la terre permettront
d’économifer encore fur ces engrais, & le
plus grand nombre d’articles entrant dans les alïo-
lemens, permettront de retarder d'autant le retour
des mêmes récoltes. V o y e ^ A s s o l e m e n t & S ucc
e s s io n DE CULTURE.
Quelqu’avantageux que foit le Trèfle ,-il ne faut
pas trop en méfufer, car il épuife le terrain comme
les autres plantes, furtout lorfqu’on lui laiffe porter
graine. Il eft bon de ne le faire revenir que
tous les fix ans dans les terres qui lui conviennent
ie mieux, & que tous les dix à douze ans
dans celles où il fe plaît le moins. C’eft du moins
le réfulcat des nombreufes expériences de Schore-
bart, le plus grand partifan de la culture du Trèfle
qui exifte en Allemagne!, & il eft en concordance
avec les données de la théorie. La même obfer-
vation a été faite dans le comté de Norfolck, cité
plus haut, pays où on a d’abord cultivé cette
plante avec troprd’empveflement.
Je dois faire remarquer que-la culture du Trèfle
eft une des moins couteufes, puifque les frais font
payés la première année par la récolte de l’avoine
ou de l’orge qu’on a femé avec lui, & que les
autres années fa dépenfe fe borne à la fauchaifon
. & à la fenaifon; aufii Arthur-Young a-t-il conclu
d’un grand nombre d’expériences faites fur fa
ferme, expériences que je juge inutiles à rapporter,
qu'aucune plante ne donne plus de profit & n’a-
améliore autant le fonds."
Une autre circonftancequi doit rendre le Trèfle
d’un grand intérêt pour les cultivateurs, c’eft qu’il
réufiit, dans les années fèches, dans les terrains
humides, & dans les terrains fecs dans les années
pluvieufes. Il n’y a d’ailleurs que les extrêmes qui
le faflent manquer totalement. Toujours celui qui
a crû dans .un terrain fec vaut mieux que celui qui
a crû dans un terrain humide.
Lorfque le Trèfle manque par une caufe quelconque
, on a la reflource de le remplacer, fur un
fîmple herfàge, par de la vefce d’hiver ou de la
vefce d'été , fuivant l’époque des ferriis; & ainfi
on n’a à regretter que la perte de la femence.
Les racines du Trèfle font employées, dans quelques
lieux, à la nourriture des beftiaux, principalement
des cochons ; mais il eft douteux que les
frais de leur extraction* combinés avec la diminution
d’engrais qui en eft: la fuite pour le fol, ren- j
dent cet emploi avantageux.
Le Trèfle rampant, vulgairement connu fous les
noms de t r i o l e t , p e t it T r è f le b la n c , le cède à celui
dont il vient d’être queftion par la grandeur de
toutes fes parties, mais il lui eft préférable, parce
qu’il eft vivace, fe propage par l’enracinement de
fes tiges, 8e.ne craint ni les gelées, ni les pluies,
ni les fécherelîes : il fubfifte tout l’hiver & poufte
un des premiers au printemps. Les beftiaux le recherchent
autant que le précédent. On le trouve
abondamment partout, principalement le long des
chemins. Il fembleque, plus on le foule aux pieds,
& plus il profpère ; en conféquence, c’eft lui qu’on
doit fubftituer à l'ivraie vivace dans la compofi-
tion des G a z o n s des jardins, c’eft lui qu’on doit
chercher à multiplier dans les P â t u r a g e s . V o y e ^
ces mots.
On ne peut cultiver le Trèfle rampant pour
fourrage ; mais dans beaucoup de lieux, en Angleterre,
on le fème pour le faire pâturer par les moutons
au printemps, c’eft-à-dire, à l’époque de
l’année où les pâturages font les moins abondans.
Jevoudrois qu’en France on en cultivât une petite
quantité uniquement pour la graine, qu’on répan-
droit, fur un fimple ratiffage, dans tous les lieux
où on ne cultive rien. Sept à huit livres de cette
graine fuffifent pour un arpent.
Comme cette eQ>ece eft en fleur pendant pref-
que toute l’année, les abeilles y font une récolte
abondante de miel, furtout en automne.
Ce que je viens de dire de ce Trèfle, s’applique
au Trèfle fraîfier, qui fe trouve fi fouvent confondu
avec lui dans les pâturages. Ce dernier a de plus
l’avantage, comme M. Yvart l’a annoncé le premier,
& comme je l’ai vérifié fouvent, de réfifter
mieux que lui aux inondations ; auffi eft-il très-
commun fur le bord des ruiffeaux & des étangs.
Le Trèfle rouge diffère fort peu du Trèfle des
prés, & fe confond journellement avec lui. Il
femble qu'on peut le cultiver pofitivement de
même, & je ne fais pourquoi il ne l’eft nulle part.
Peut-être fes fanes font-elles'plus dures, peut-
être veut-il être plus ifolé. Il en eft de même des
Trèfles des Alpes, hybride, de Hongrie, étoilé ,
de Vaillant, en gazon , flexueux » des baffes Alpes.
Le Trèfle des montagnes, qui fe rapproche
également beaucoup du Trèfle rouge, fe cultive
en grand dans quelques parties des Ardennes &
de la Forêt-Noire, principalement aux environs
de Clèvés.
Le Trèfle d’Alexandrie, qui s’éloigne infiniment
peu du Trèfle des prés, le remplace en
Egypte. Il s'élève à plus de deux pieds. On en fait
ordinairement trois coupes, &, lorfqu’il eft ar-
rofé, jufqu'àfix. C’eft une des plus importantes
cultures de l’Égypte , où les pâturages manquent
pendant la moitié de l’année, foit par excès de
féchereffe , foie par fuite de l’inondation. Son
mode de culture ne différé de celui que j’ai déclic
plus haut, que par fa moindre perleétion.
Le Tièfle incarnat eft un moyen de richeiïè:
pour les parties méridionales de là France, & peur,,
dans les années favorables, être cultivé avec fruit
même au nord de Paris. On l'appelle fa r o u c h e , T r è f le
du R o u jf illt in , Il eft annuel & s’élève à plus d'un
pied. C’eft ie plus précoce de tous les fourrages,
ufîtes en France. Quoiqu’il profpère mieux dans
les fols fertiles & frais,. il s'accommode de ceux
qui font arides & fècs. Tous les beftiaux le recherchent
, & il les engraiffe plus rapidement que
le Trèfle des prés. Son produit eft prefque toujours
double de celui de ce dernier, quoiqu’on ne le
coupe qu'une fois. On le fème en automne lorfqu’on
veut le couper au premier printemps, & au
printemps quand on veut le récolter en automne.
Les gelées, auxquelles il eft très-fenfîble , ne permettent
de le femer que dans cette dernière faifon
dans le climat de Paris & plus au nord. Un
herfage fuffit pour enterrer fa graine. Il faut un
fac de cette graine non épluchée pour un arpent.
Sa véritable culture dans le midi de la France,
c’eft de le femer fur le chaume desfromens auffitôt
après la récolte; ainfi on a une fécondé récolte
avant l’hiver, qui, loin de détériorer la terre,
la difpofe au contraire aux cultures de l’année
fuivante, bien entendu cependant que dans ce cas
on ne lui laiffe pas porter graine.
Dans le midi de la France , où on cultive beaucoup
le farouche, on le donne matin & foir, &
en vert, aux beftiaux dès .les premiers jours de
mai, & on continue jufqu’à l’hiver. Très-fouvent
on le fait pâturer fur place par les moutons avant
fa floraifon, & on laboure de fuite pour lui fubf-
tuer une autre culture, telle que celle de L u p i n , du
C h i c h e , du C h a n v r e , du M a ï s pour fourrage.
( V o y e i ces mots. ) Jamais on ne le fait fécher ,
parce qu’il perd fa faveur & fe brife à la fuite des
opérations du fanage. Il eft à defirer que fes avantages
foient plus généralement fentis, & qu’on
étende plus fa culture.
M. Père a reconnu que le farouche s’intercale
fort avantageufement entre deux récoltes de ce*
réales.
Dans le nord de la France, le refpe&able Pincepé-
Buire près Péronne , mon collègue Yvart près
Paris, & autres cultivent au (fi le farouche avec
beaucoup de fuccès fur leurs jachères.
Il eft donc à defirer que cette excellente plante
entre généralement dans les affolemens de toutes
les parties de la France.
Les Trèfles des campagnes , à tige droite ,
couché & filiforme, font bien inférieurs à ce dernier
en grandeur, niais ils font également du goût
des beftiaux & fe plaifent de même dans les terrains
fablonneux. Ils font quelquefois excelfivemenc
communs dans les champs mal cultivés. ( B o s c . )
Tct ij