
plantes herbacées ou frutefcentes très-jeunes ou
très-âgées, font inférieures aux autres.
Il convient de bien- nettoyer les Semences des
graines étrangères. Voyez Ma u v a i s e s herbe s.
La faculté de germer le perd à la longue dans
toutes les Semences. On peut les divifer fous ce
rapport en deux fériés, les farineuses , comme
celles des céréales , des léguminéufes, & c . 5 les
kui/eufes, comme celles des rofacées , des crucifères,
& c . ; les premières parce qu'elles fe rac-
corniffem par leur deflîccation, & les fécondés
parce que leur huile rancit. L'époque de leur altération
varie, dans les unes comme dans les autres,
d'une telle manière, qu’il faut la fixer pour
chaque efpèce, & c'eft ce que j’ai fait aux articles
qui les concernent. La plupart ceflTent de pouvoir
germer à la fin de l'année qui fuit leur récolte ; mais
telle n'eft plus bonne au bout de quinze jours d’ex-
pofition à un air fec , tandis que telle autre eft encore
fufceptible d'être employée vingt à trente
ans après. On peut retarder leur altération en les
lai fiant dans leurs enveloppes , en lès dépofant
dans un lieu frais, privé de lumière & peu aéré, &
furtout en les mettant en terre allez profondément
pour que la chaleur du foleil ne puiffe pas les
atteindre.
C ’ eft une mauvaife pratique que de renfermer
les graines dans des vafes dé verre ou de métal,
de manière qu'elles n'aient aucune communication
avec i'air. Les conferver dans l'eau , dans
l'huile & autre liquide, eft encore plus nuifible à
leur confervation.
Les graines les plus vieilles font conftamment
préférables lorfqu'on a en vue la production des
fleurs doubles (voyez A n ém o n e ) , ou de certains
fruits. Voye% Melon.
En général, les vieilles Semences lèvent plus
lentement que les nouvelles, & ce parce qu'étant
plus defféchées, elles' ont plus de difficulté à ab-
lorber l’eau nécefiaire au développement de leur
germe. C'eft un grave inconvénient dans la grande
culture des plantes annuelles, parce qu'elles font
plus expofées à être mangées par les animaux, &
que le plant qu'elles donnent a moins de temps pour
terminer fon évolution. Voyez Seigle , Fr o ment,
O r g e , A v o in e , C h a n v r e , C o l z a ,
Na v e t t e , &c.
Cependant il eft des cas où il eft plus avantageux
, ainfi que l’a prouvé mon collaborateur
Teffier, par des expériences directes, dont les
réfultats font confignés dans le Journal d*Agriculture
, d’employer des Semences de deux & trois
ans.
Auffi généralement, pour les céréales, fème-t-
on les graines de la dernière ré co lte , à moins
qu'on ne puiffe faire autrement.
Les mauvaifes Semences font le plus fouvent
dans le cas d'être utilifées pour la nourriture des
beftiaux & des volaiiles. Lorfqu’ils les refufent, il
ne refte plus qu’ à les jeter fur ie fumier, dont elles
augmenteront beaucoup la bonté , étant abon.
damment pourvues de C a r b o n e , ç'eft-à-dire
des élémens de la V é g é ta t io n . Voyez ces deux
mots. (Base. )
SEMENCINE ou SEMEN-CONTRA : nom
officinal d'une efpèce d'ABSiNTHE.
SEMEUR. Celui qui eft chargé de femer les
feigles, les fromens, les orges, les avoines, &c.
porte ce nom dans les exploitations de grande
culture.
L’opération des femailles eft fi importante, que
le plus fouvent c'eft le maître qui l’exécute. Lorf-
qu'il ne peut pas s'en charger, il la fait faire par
le plus intelligent de fes valets, par celui qui mérite
le plus fa confiance fous tous les rapports.
Ce n'eft pas fans doute un art bien difficile
que celui de femer; cependant, comme tous les
autres, il demande de la pratique. Celui qui con-
noït bien la nature du f o l , la greffeur de la fe-
mence, les accidens qu'elle peut éprouver avant
& après fa germination, fera de meilleure be-
fogne que celui qui agit au hafard.
Pour bien femer, il-ne faut pas embraffer un
trop long efpace : fix à fept pieds de chaque côté
font le terme moyen de la difperfion de la femence.
Voyez Semàille. -
Un Semeur habile & d'une bonne conftitution
peut femer jufqu'à. dix arpens de froment en un
jour 5 mais ordinairement, aux environs de Paris,
il fe borne à fix pour ne pas trop multiplier fes
attelages de herfage. -
On ne peut trop payer un bon Semeur, puifque
le fuccès des récoltes dépend'en grande partie
de lui. ( Base. )
SEMI-DOUBLE ( Fleur ). Les fleurs fe mi-
doubles font intermédiaires entre les fimples &
les doubles , & jouiftent des avantages des unes
& des autres,. Voyez Fleurs doubles.
Toujours il faut que les fleurs paffent par l’état
de fleurs femi-doubles avant de devenir fleurs
doubles 5 auffi eft-ce d’elles que l’on tire les
graines pour obtenir ces dernières. Voyez A némone
& Renoncule.
Les arbres dont les fleurs font femi-doubles,
donnent fouvent du fruit ; mais il n’ eft ni auffi
abondant, ni auffi gros , ni auffi favoureux que
celui de ceux à fleurs fimples : on voit évidemment
qu’elles offrent un commencement d’af-
foibliffement général. ( B osc.)
SÉMINATION : difperfion naturelle'des graines
des plantes. Voyez G r a in e , Semis , Se-
m a il le , Semence & Dis sém in a tion .
Les plantes fauvages ne donnent pas tous les
ans des graines en même abondance, par fuite de
l’état d e l’atmofphère à l’époque de leur floraifon,
de la multiplication des in fe êtes qui vivent à leurs
dépens, &rc. Après une année de grande production,
les arbres principalement, elles en offrent
une ou deux de nul ou de foible rapport. ( Voyez
C hêne 6* Hê t r e . ) C ’eft par ces combinaifons, qui
varient à l’ infini, que la nature opère la fubftitn-
tion des efpèces les unes aux autres dans le même
lieu; fubftitution qui eft générale, mais qui :ne
s’opère, dans les grands arbres, qu'a près des fiè-
cles. Voyez A ssoleme-nt 6* Su b st itu t ion .
Toutes les graines qui arrivent à maturité ne
donnent pas naiffance à une plante ; la plus grande
partie, ou font.mangées par les animaux, ou tombent
dans des lieux où elles ne peuvent germer ;
c'eft pourquoi leur nombre eft fi immenfe dans la
plupart des efpèces, & que les efpèces qui-en
fourniffent peu fe reproduifent toutes par quelques
autres moyens, comme par des racines traçantes
(la garance), comme par des tiges ftoloni-
fères (le fràifier).
Chaque efpèce de plante varie dans fa manière
de difperfer fes graines : tantôt elles font lancées
au loin par l'élafticité de leur enveloppe, la bal-
famine, le concombre fauvage, le lilas ; tantôt
les vents les tranfportent au lo in , foit par le
moyen d’ailes, comme le frêne , l’érable, foit par
le moyen d'aigrettes foyeufes, le piffenlit, la laitue,
le falfifis ; tantôt elles s’accrochent.aux ani
maux qui pafiènt près d’elles, comme la bardane,
l’aigremoine , le bident; tantôt les quadrupèdes ,
les oifeaux, les poiffons, qui fe nourriffent de
leur enveloppe, les rendent encore propres à germer
j tantôt les eaux pluviales, les eaux des ruif-
feaux & des rivières les entraînent au loin. La
plupart tombent près le pied qui les a produites.
’Voyez Dis sém in a tion .
Mais les graines tombées fur la terre ne fe trouvent
pas dans les circonftances propres à les faire
germer. Il faut, pour la plus grande partie, qu'elles
entrent dedans. O r , la nature y a pourvu: tantôt
elles font portées par les vents, ou entraînées
par les pluies dans des fentes, dans des ca- !
vités que ces mêmes vents, que ces mêmes pluies |
comblent la terre; tantôt les animaux qui les j
mangent, comme les mulots, les campagnols, les
enfouiffent pour leur ufage & les oublient, o u ,
pour en manger une, en recouvrent d ix , comme
les cochons; tantôt les taupes, les lombrics, & c . ,
en ramenant à la.furface la terre inférieure, produisent
le même effet; tantôt les "feuilles des arbres,
les tiges des herbes, en pourriffant, rem-1
plifïent cet objet.
* Je dois ici faire remarquer que les plantes étrangères
cultivées échappent prefque toujours à ces
moyens de multiplication. Ainfi nous ne voyons
pas le fei'gle, le froment, l’orge, l’avoine, l’épinard
, l'oignon, le haricot, l’abricotier, le prunier
, le noyer , & c . ik c ., qui font depuis tant de
fiècles l'objet de nos foins, être naturellement
propagés dans nos plaines ou dans nos bois. Rendre
raifon de ce phénomène n'eft pas chofe facile.
>îl^eft des plantes qui, quoiqu'abondamment
pourvues de graines, reftent rares, même dans les
lieux qui leur conviennent le plus. Je citerai cer-
torns Orchis pour exemple.
Beaucoup de plantes font tellement cantonnées,
qu’au-delà de l’efpace, quelquefois très-circonf-
crit, qu'elles occupent, on ne les retrouve plus
dans le refte de l’Univers. Voyez Géo g r a ph ie
a g r ico l e .
La culture, qui a pour objet de multiplier telle
plante plutôt que telle autre, a fait difparoître de
tel canton certaines efpèces depuis le premier défrichement;
ainfi nous ne voyons plus dans nos
champs le muguet, la pervenche, l’airelle, &c. ,
qui croiffoient fi abondamment dans le bois qui les
occupoit auparavant, & n'y reparoître peut-être jamais,
lors même qu'on y planteroit un nouveau
bois, parce que leurs graines ne pe uvent être por
tées au loin.
Par contre, la culture appelle dans ces champs
des plantes qui n'y auroient jamais crû fans elle ,
comme la moutarde, le bluet, le coquelicot, l’ivraie
, &c.
Jepourrois beaucoup étendre ces diverfes confédérations,
car il en eft peu qui préfentent autant
■ de motifs de méditation ; mais comme elles ne
font pas d’une utilité directe aux cultivateurs, je
m'arrêterai ici. ( Bosc. )
SEMIS : mife en terre, par la main de l’homme,
de graines des productions defqu&iles il a pour
objet de tirer un parti utile ou agréable. Voyez
Semailles & Sém in a t io n .
Par extetifion on appelle auffi Semis, en terme de
jardinage, les jeunes plantes provenues d’un Semis.
Certaines plantes fe propagent par drageons ,
par feChons de racines, par marcottes, par boutures
, par greffes ; mais c ’eft feulement par graines
qu'on les reproduit toutes. Si la voie du Semis eft
la plus longue, elle eft la plus naturelle; c’eft par
fon moyen qu'on obtient les fujets en plus grand
nombre,.de la plus belle venue, de la plus longue
durée : on doit donc toujours l’employer de préférence.
De plus elle procure feule les variétés, &
on fait que parmi elles il y en a de tellement fu-
périeures à l ’efpèce en qualités utiles ou agréables,
que le cultivateur eft engagé à les préférer.
Il eft fort peu de plantes annuelles qui foîent
fufceptibles detre multipliées autrement que par
le Semis de leurs graines, & les moyens de l'éclat
du collet des racines & des boutures font les feuls
qui leur foient applicables.
Pour être bonnes à femer, les graines doivent
être arrivées à maturité complète ; les plus groffes
dans la même efpèce font toujours les meilleures,
excepté quand on veut obtenir des fleurs doubles,
qui font, quoi qu'on en dife, des avortons de
nature. Voyez Fleurs d oubles.
Beaucoup de graines avortent naturellement,
foit par des caufes fortuites, comme un temps
froid ou pluvieux au moment de la floraifon,
comme des piqûres d'infe&es, & c . & c . , foit par
fuite de l'âge ou de l’organifation de la plante
qui les porte. Ainfi celles des jeunes arbres,
ainfi celles des extrémités des cônes , des iïli-
P p