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& furtout le matin , pour étudier la manière d'être
de chacune d'elles, fous les rapports de la tran-
uiilité générale , de la ponte, de la couvai Ton ,
e l’éducation des petits , & c . C e n’eft pas une
petite tâche qu'elle a fi elle veut-la bien remplir.
Il convient qu’elle fâche chaponner. Ce que je
vais dire eft ce qu'elle doit faire.
Le choix du coq eft très-important, puifque
c'eft lui qui déci le des qualités des générations
futures. Il commence à fervir les Poules à '.rois,
mois, & fe conferve vigoureux pendant trois à
quatre ans j après quoi il eft bon de le renouveler,
quoiqu’ il puiffe vivre jufqu’ à dix & même quinze.
On dit communément qu'un feul Suffit à vingt
Poules i & , par principe d'économie, c'eft feulement
au printemps, c ’eft• à-dire, lorfque fe fait la
ponte dèftinée à la couvaifon, qu'il faut avoir plus
de coqs, pour quêtons les oeufs foient dans le cas
d ’y être employés avec certitude de fuccès.
Dans chaque race, les coqs les plus beaux, les
plus v ifs , ceux dont la voix eft la plus franche ,
font ceux qui doivent être préférés.
Le choix de la Poule n'eft pas moins important,
&m êm e , fous le_ rapport de la groffeur & du
nombre des oeufs, ilmerite le plus d'attention : car, :
quoique les races qui donnent les plus gros oe u fs ,
celles de C au x , par exemple, font celles qui en
font le moins, il eft toujours bon, dans chaque
race, de chercher à en obtenir de plus gros , foit
pour la perfectionner, foit pour améliorer la vente.
Voyei OEuf. D ’ailleurs, il eft dans chaque race ,
furtout dans les groffes, des individus qui pondent
beaucoup moins que les autres , & même
point du tout, d'autres qui. font méchantes, d’autres
qui prennent des habitudes vicieufes, d'autres
enfin qui font attaquées de goutte ou autre
maladie incurable i & ces individus doivent être
rejetés dès qu'on les connoît.
Une pratique qui ne fe fuit pas affez, & qui
mériteroit cependant d'être généralifée, c’ eft
çelle de mettre à part, dans une grande exploitation
, moins ou plus, félon la quantité d’élèves"
qu'on veut faire, deux ou trois des plus beaux
çoqs & une cinquantaine des plus belles Poules ,
coqs & Poules qu’on nourriroit plus abondamment,
& qu'on feroit coucher dans un lieu plus
chaud, dès le mois de janvier, pour en employer
les oeufs uniquement à la reproduction.
L ’expérience prouve que, fous le rapport du
produit, il n’ eft pas avantageux de mélanger les
variétés dans la même cour. Ainfi, dans les pays
où les grains font à bon compte & de bonne
qualité (le maïs, par exemple), où les débouchés
affurent une vente avantageufe aux beaux poulets
de tous les âges, on meublera fa ferme de Poules
huppées ou de Poules de Caux. Partout ailleurs
on préférera la Poule commune, parce qu’elle
pond le plus & s’accommode mieux d’ùne nour-
j^ture peu abondante & de médiocre qualité».
I c i , je dois obferver que les Poules trop graffes
& les Poules trop maigres pondent moins, &
qu’ ainfi il faut les entretenir dans un état moyen;
Il eft des exploitations rurales, furtout celles
qui font tenues par des métayers, où on ne donne
rien à manger aux Poules pendant l'é té , & où elles
font obligées, par conféquent, d’aller au loin
chercher leur nourriture dans les champs, le long
des haies, & c . Cetre coutume eft dans le cas d'être
repnuflëe, i . parce que les Poules, ainfi forcées
de courir au loin, font de grands dégâts i 2°. parce
qu'elles font plus fujettes à êtrè mangées par les
renards, les fouines, les milans, les bufes, & c . j
3°. parce qu’elles pondent fouvent dans les buif-
fons , & que leurs oeufs font perdus} 40. parce
qu’elles poadent moins, & que leurs oeufs font
inférieurs, en qualité. Foyq; OEuf.
Dans les grandes fermes, les Poules font journellement
nourries avec des criblures des céréales
qu’on y b at, criblures qui feroient de peu de valeur
fi on vouloir les vendre, & elles trouvent
dans les pailles une quantité confidérable de grains
qui a échappé au fléau & qui feroit perdue fi elles
n’ en profitoient pas. C e font ces Poules qui donnent
le plus d’oeufs & les meilleurs oeufs.
Généralement on donne à manger aux Poules le
matin, à leur fortie du Poulailler, & le foir peu
avant leur rentrée : feulement on diminue plus ou
moins la quantité en été. Ces diftributions, outre
l’objet de leur nourriture , ont celui d’augmenter
' leur ponte & de les attacher à la cour.
Une Poule nourrie avec du grain achetéou fuf-
ceptible d’être vendu, quelque bonne pondeufe
& couveufe qu’elle foit, ne peut, dans l’état actuel
de l'agriculture françaife ,• payer fa dépenfe
par le produit de fes oeufs & de fes poulets. Je
fais cette remarque pour l’inftruétion des perfonn^s
qui vivent à la campagne fans y avoir d'exploitation
rurale, & qui veulent cependant pofféder une
baffe-cour.
Quoiqu’effeotiellement granivores, les Poules,
mangent des herbes, des fruits, des infe&es, des
vers & même delà viande quand elles en trouvent.
Il eft bon de varier leur régime, pour qu'elles fe
confervent en famé. Ainfi, on leur jettera les débris
des falades, des choux, des raves, des viandes
crues & cuites employées dans la maifon. Dans
beaucoup d’exploitations rurales, on fait pour
elles une V ermînière. Voye^ ce mot.
Cependant, comme un régime animal trop ex-
clufif altère la couleur & la qualité de leurs oe ufs,
il n’eft pas bon de les y affujetcir pendant la durée
de la ponte. Voye1 OEu f .
La fécondité de la Poule varie dans la même
efpèce, foit par fuite de l'organifation des individus
, foit par circonftance, comme la faifon
froide, le manque de nourriture, la vieilleffe, & c .
Ainfi, fi on voit des Poules communes pondre toys
les jours & fix ou huit mois de l'année, on en voie
| auffi ne pondre que tous, les trois à quatre jours *
Sj feulement pendant un mois, & même feulement
quinze jours : le plus grand nombre pondent
tous les deux jours pendant trois mois au printemps
, & un mois & demi en'automne.
Les jeunes Poules pondent des oeufs plus petits
que celles d'un an & plus. Lorfque ces oeufs ne
fiirpàfftnt pas ceux d’un pigeon , on lés appelle
oeufs de coq.
• Soit fous le. rapport de la vente des oe u fs , foit
fous celui de l’ éducation des poulets, il eft fort
avantageux que les Poules pondent de bonne heure
au printemps : cela a lieu naturellement dans^ les
fermes en terrain fec & à l’expofition du midi,
lorfque les Poulesy font convenablement pourries,:
Dans celles à terrain humide & au nord, il faut
donc les provoquer par une nourriture .échauffante,
telle que le chenevis, l ’avoine, la v e fe e , &c.
Généralement, c ’eft entre neufheures du matin
& trois heures après midi que pondent les Poules 5
cependant il en eft quelques-unes qui anticipent
fur la première de ces époques , & qui dépaffent
la fécondé. Elles pondent plus tôt chaque jour en
été & dans les pays chauds : très-rarement avant
la fortie du poulailler. Ce' n'eft qu’après cette
fortie que les coqs exécutent l'a âe de la fécondation.
11 eft d'une importance majeure d'accoutumer
les Poules, dès leur premier â g e , à aller pondre
dans le poulailler, pour ne pas êtreexpofé à perdre
leurs oeufs. Celles qui s'y refufent obftinément
doivent être réformées fans miféricôrde, c'eft-à-
d ire , vendues ou mangées : l’exemple pouvant
devenir contagieux, comme je l'ai vu dans quelques
lieux. Pour les déterminer à y pondre, on
doit le tenir, bien propre, car la vermine les fatigue,
principalement quand elles font en repos fur
leur nid ; z°. garni d'une fuffifante quantité de paniers
ou de cafés j jar déüx Poules qui fe placent
dans le même panier ou la même café, fe nuifenr
réciproquement. Chaque panier ou café fera toujours
pourvu d’un oeuf vrai ou faélice, parce que,
par leur nature, elles doivent pondre dans le lieu
ou elles ont déjà pondu, & cet oe u f fera lavé dans
le befoin, parce que les Poules ne doivent pas le
reconnoître lorfqu’ il eft fale.
Les oeufs fé lèvent une & même deux fois par
joù r , félon la faifon, c’eft-à-diré, plus fouvent
au printemps, pendant le fort de la ponte; à dix
heures, à deux & à Gx. On les apporte enfuite
à la maifon, où on les conferve dans des paniers
placés en lieu tempéré. Voye^ (Euf.
Lorfqu’ onvëut avoir des oeufs pendantles temps
froids, même pendant le fort de l'hiv er, i! faut
faire coucher les Poules fur le cul d’ un four, dans
une écurie ou une étable, ou une bergerie bien
garnie de bétail, ou établir un poêle dans leur
poulailler.C'eft par ces prbcédés queles fermiers
du pays d’Auge ont des poulets fufcéptibles d'être
mangés dès le mois d'avril, époque où on coin-
Agriculture. Tome VI.
mence feulement à faire couver dans les fermes
des environs de Paris, quoiqu’elles foient plus au
midi. Il feroit à defifer que la méthode des. poêles
fût plus connue aux environs des grandes villes,
où le luxe ne craint pas de payer convenablement
les oeufs frais. %
Le moment où les Poules demandent a couver
varie, i° . félonie temps qu’il fait 5 la chaleur le rapproche
5 2° . félon la manière dont oh traite les Poules
celles dont on enlève trop régulièrement les
oe ufs , pondent plus long-temps 5 30. ielon leur nature
: il en eft qui ne couvent pas tous les ans, &
même jamais. Ces dernières, lorfqu'eîles font connues
, devroient être facrifiées > mais généralement
il fe trouve affez de couveufes dans une
grande baffe-cour, & on eft rarement forcé de
faire attention à cette circonftance.
Ainfi que je l'ai déjà obfervé ,'il y. a prefque
toujours de l'avantage à avoir des poulets précoces :■
aufli les ménagères faififfent-eiles avec empreffe->
ment les premiers lignes de l'envie de couver que
donnent leurs Poules. Ces lignes font un cri particulier,
appeléGioussEMENT, une démarche inquiète
, un plus long féjour dans les paniers ou les*
cafés où elles pondent, la difpofition à empêcher
de lever les oeufs qui font fous elles. Alors-, c'eft
le plus fouvent, on lestranfporte dans un lieu particulier
, appelê chambre a couver; lieu qui, au pre-<
mier printemps, eft plus convenablement placé
fur un four, à raifon de la chaleur qui y exilte,
ou, ce qui feroit toujours mieux ,]à côté du poulailler
& chauffé par le même poêle, qui, à cet
effet, feroit placé daas le mur, la porte s'ouvrant
dans cette chambre.
Et qu’ on ne croie pas que ce poêle foit un objet-
de grande dépenfe, foit d’acquifition , foit de con-
fommation de çombuftible, puifqu'il n’eft pas be-
foin qu'il ait plus d’un pied cube , & qu’on ne
le chauffe qu’environ deux mois, & feulement
deux heures chaque jour a l’entrée de la nuit.
Les jeunes Poules font généralement meilleures
pondeufes que les vieilles.
Dans toutes les baffes-cours, furtout celles des
petites fermes ou on ne les nourrit pas fuffifam-
ment, où on ne nettoie pas régulièrement leur
poulailler, où i ln 'y a pas affez de nids, il fe trouve,
comme je l'ai déjà annoncé, des Poules qui ne pondent
pas dans le poulailler. Les unes le font dans
les écuries, dans les greniers5 les autres s'écartènt
pour le faire dans les haies, les buiffons , les prés
les champs. Il faut les faire furvdller par un enfant,
les épouvanter, les tourmenter pour leur faire
perdre cette mauvaife habitude, 8c fi elles perfif-
tent, les facrifier 5 car la plupart des oeufs qu'elles
difperfent ainfi, ou les petits qui en naiffent, font
la proie des voleurs, des animaux deftruéteurs
des accidens de tous genres.
Je dois dire cependant que fouvent ces couvées
arrivent mieux à bien que celles qui font les plus
| foignées, & ce parce qu’elles ne font pas foumifes