
« Dans la ci devant Auvergne * dit Duhamel,
E Iémcns d* agriculture, on appelle, i° . femer à
toutes raies quand , en fai Tant le labour des Semailles
, on répand la femence dans toutes les
raies que le foc forme, & quand cette femence
eft recouverte par la même chai rue lorfqu’elle fait
la raie voiline ; 2°. femer à raies perdues, lorf-
qu’on répand la femence dans une raie , qu’on
en forme une autre fans y mettre de femence,
o i’ on en répand enfuite dans la raie fuivante,
de forte que, dans toute l’étendue du champ, il
v a alternativement une raie femée & une qui ne
i’eft pas, ce fu i donne plus d’efpace au grain pour
étendre les racines, raîTembler de la nourriture
& former de greffes railes, & de plus , ce qui
permet de donner à la houe, un léger labour entre
les rangées. »
Cette dernière manière de femer paroît d’ une
difficile exécution , & devoir céder à celle
par rangées, uficée dans plufieurs pays, principalement
en Angleterre , & dont j’ai développé les
avantages & les inconvéniens au mot R a n g é e .
M. de Barbançois -a obfervé que lorfqu’on la-
bouroit en bi lions, & qu’on ré pan doit immédiatement
& le fumier & la femence, l’un & l’autre
tomboient dans la raie, le dernier fur la première,
& fe trouvoient difpofées en rangées, & dans les
circonftances les plus favorables pour donner de
grands produits. 3e ne puis qu'applaudir à cette
excellente pratique“, &c engager les cultivateurs
à l ’adopter immédiatement après les S e m a i l l e s .
Voye^ ce mot.
Mouiller les graines avant de les femer a été
pro'pofé & effayé un grand nombre.de fois , mais
nulle part employé généralement, à raifon de la
plus grande difficulté de leur diffémination &
des pertes qui font la fuite d’une prolongation
de Sé c h e r e s s e après l’enfemencernent.. VoyeÇ
ce mot.
Les diverfes manières de répandre h femence
peuvent fe réduire aux fuivantes.
La plus générale, c’ eft de la jeter par poignées
en marchant à pas comptés & en lui faifant décrire
un arc de cercle de droite à gauche. II eft
étonnant avec quelle égalité certains cultivateurs,
qui ont de l’intelligence & de la pratique, di{réminent
la .femence par ce moyen, dont la rapidité
ne laiffe rien à defirer. Pour opérer, la graine
eft mife dans une efpèce de fac peu profond, que
le femeuT attache à fes reins. Comme c’eft la
quantité de graine de blé qui peur tenir dans la
main qui le guide , lorfqu’ il veut femer une graine
plus fine , il y mêle du fable ou de la terre fèche.
Quand il veut ferner plus épais, il ralentit fa marche.
Lorfqu’il a parcouru la longueur du champ,
il revient en fuivant une direction parallèle à la
première, en s’écartant d’environ cinq pas, plus
ou moins, félon que le femis doit être clair ou
ferré. Quelques jours de pratique en apprennent
plus que des volumes de préceptes.
On appelle femer à deux doigts & a jets croi-
fé s , une autre manière de femer les graines fines.
Pour l’ex é cute r , on prend la graine entre le
pouce & le doigt du milieu, & étendant l’index
ori tend fortement le poignet en répandant la
graine. Lorfque le femeur eft arrivé au bout de la
pièce, il s’écarte d’un pas & forme, en revenant
ÿ un nouveau jet qui crôife le premier, &
ainfi de fuite jufqu’ à ce que la pièce foit femée.
Ce mode s’emploie principalement pour les raves,
les navettes, le colza, la cam-Jine, &c. ; cependant,
dans beaucoup de pays, on préfère, ainfi
que je l’ai dit plus haut, mêler de la terre avec la
graine de ces plantes.
Le femis par le moyen des femoirs eft , à ce
qu’ il paroît, habituel en Chine. Il a été vanté
par Duhamel & autres écrivains français & anglais
; mais malgré les bonnes raifons qui militent
en faveur de ces machines, ceux qui en ont
fait ufage y ont conftamment renoncé. Eft-ce la
faute de leur conftruétion ? Je le crois ; car, plaçant
la femence à des diftances rigoureufement
égales, ils l’économifent beaucoup & la mettent
dans les circonftances les plus favorables à la-croif-
: fance du plant qu’elle^ doit produire. Je dé-
; crirai au mot S e m o i r ' celles de ces machines qui
} m’ont paru les plus fimples, les moins coûteufes
& les plus propres à remplir le but.
Encore en Chine, on fème quelquefois le froment,
le r iz , & c . i en le mettant grain par grain
dans des trous, au moyen d’un plantoir compofé,
c’eft-à-dire, formé par un manche & une tra-
verfe portant fix, huit, dix pointes. On a cherché
à préconifer en France cette méthode , qui a
encore inconteftablement l’avantage de difpofer régulièrement
la femence & de l’enterrer égalementj
mais fa lenteur & fa dépenfe ne permettront jamais
de l’exécuter en grand. Les pays très-populeux
& où la main-d’oeuvre eft peu chère, comme la
Chine, font les feuls où elle pu Me être ufitée.
Il eft rarement avantageux de femer enfemble
deux efpèces de graines deftinées à en reproduire
dans le même champ, parce que l’une l’emportant
toujours fur l’autre, cette dernière refte plus foible
que la première. Le feul cas peut-êcre où on
doive le faire, c ’eft lorfqu’ il eft queftion d’établir
des Pr a i r i e s t e m p o r a i r e s . Voy. ce mot.
L ’expérience a prouvé que, pour le femis du MÉ-
t e i l (voye\ ce m ot), il valoit mieux répandre les
graines féparément que de les mélanger d’avance,
parce que la différence de leur pefanteur fpécifi-
que fait que les unes font portées moins loin que
les autres par la main du femeur.
Généralement, en France, on fème trop épais.
Il eft de fait que cette mauvaife pratique eft l’ ori-
gine de grandes pertes pour les cultivateurs, &
même potir la fociété en général, moins par fuite
de l’emploi d’une plus grande quantité de femence
qui auroit pu être utilement employée
d’une autre manière, que par la diminution' des
produit*
produits. En effet, les pieds qui fe trouvent trop
près les uns des autres fe nuifent par leurs racines,
qui ne trouvent pas affez d’humus foluble à leur
portée, par leurs tiges & leurs feuilles qui s’ombragent
réciproquement & fe difputent les gaz
atmofphériques; aufii les céréales & autres plantes
trop rapprochées font-elles plus grêles & donnent
elles des graines plus petites & de plus mauvaife
qualité. Bien des millions de francs font perdus,chaque
année par fuite de cette malheureufe habitude,
contre laquelle les cultivateurs , même les plus
-inftruits, ont de la peine à fe défendre.
Ces faits ne font pas feulement les réfultats de
la théorie , mais encore ceux d’expériences comparatives
très-nombreufes & très-rigoureufes. Je
citerai feulement celle dont parle Arthur Young,
parce qu’elle doit fuffire à tous les bonsefprits.
Dans la même terre, la même année, par acre,
deux boiffeaux de froment ont produit
...... ............................. 24 boiffeaux.
Deux & demi...... .............. 25
T r o i s . . ........... .............. 22
Trois 81 demi.................. 21
Trois boiffeaux d’orge ont produit.............................
Quatre............ .
Cinq.....
n
27
Trois boiffeaux d’avoine ont
produit.......... ...................... 3 y
Quatre...... . . . . ............. . 40'
Cinq............... 39
Trois boiffeaux de pois ont produit..
................... 23
Quatre............................................. 22
Cinq .......................................... 22
Trois boiffeaux de fèves ont
produit................. 37
Quatre........................ 29
Cinq................................... 26
Ces réfultats, outre l’objet principal, prouvent
que chaque forte de graine demande une proportion
différente dans fonf émis; qu’il faut, par
exemple, employer plus d’orge que de froment,
plus d’avoine que de pois.
Les cultivateurs romains ne s’accordoient pas
fur la queftion de favoir s’il étoit bon de répandre
plus de femence fur les terres fertiles que fur les
terres maigres. Palladius tenoit pour l'affirmative,
& Columelle pour la négative. Dans les temps
modernes, Olivier de Serres penfoit comme le
premier, & Valerius comme le fécond.
Il fembleroit qu’on devroit femer plus épais
dans une terre fertile, puifque l’humus y eft plus
abondant; mais les plantes y font plus vigoureufes,
V tallent ou y ramifient davantage, & fe nuifent
bien plus par leur ombre, de forte qu’elles s’étiolent,
pouffent trop en feuilles, &c. Si on fème
plus épais dans une terre maigre , où il n’y a pas
de tallement à efpérer, & moins de hauteur de
tige & de largeur de feuilles, on a un plus grand
Agriculture. Tome VI.
nombre de tiges, & l’humidité du fol fe conferve
mieux pendant les fechereffes; aufli ai-je toujours
reconnu que c’étoit l’opinion de Columelle & de
Valerius qui devoit être adoptée.
Lorfqu’on cultive des plantes pour fourrage,
les Semailles trop épaiffes ont des inconvéniens
moins graves, ou mieux leurs inconvéniens font
compenfés par quelques avantages , comme de
donner des tiges plus tendres, d’étouffer les mau-
vaifes herbes, de conferver la terre fraîche, & c .
Dans la petite culture on peut auffi femer plus
épais, quand on n’eft pas fur de la bonté de la femence
, parce qu’ il eft toujours poffible d’éclaircir
le plant lorfqu’il a acquis une certaine force.
Je m’arrête ic i, renvoyant, pour le furplus, aux
articles des principales cultures, telles que S eigle,
Fr o m e n t , O r g e , Av o in e , T rèf le, L uz
e r n e , Ra v e , C o l z a , & c. ( B o s c.)
SEMARILLARE. S rm artllarta.
Genre de plantes de l’odbndrie trigynie, qui
fe rapproche des Paullinies , & qui renferme
deux ou trois arbres du Pérou, dont aucun n'eft
cultivé dans nos jardins. (B o s c .)
SEMARTER. Ce font, dans le département des.
Vofges, les labours préparatoires à l’enfemence-
ment.
SEMECARPE. Voye£ A n a c a r d e .
SEMENCE. On donne généralement ce nom à
la graine réfervée pour être femée. Pour quelques
perfonnes, ce mot eft fynonyme de graine. 1 La beauté ou la vigueur des plants , & par
fuite l ’abondance & l’excellence de la récolte dépendant
de la bonté des graines, un cultivateur
éclairé mèt beaucoup d'importance à leur choix.
Ainfi, ce fera toujours Ta plus mûre , la plus
lourde , la plus groffe qu’il préférera. Voyej
Gr a in e , Semis & Semail le.
J’ai dit un mot dans l’article précédent, & je
parlerai plus au long à celui Substitution de
Semence i de l’ inutilité de changer de loin en
loin k Semence des objets de fa culture, toutes
les fois qu’on prend le foin de ré fer ver toujours
pour les {emailles la plus belle de fa propre récolte.
Cependant les feigles, les fromens, les orges,
Ôrc. , qui ont crû dans des terrains trop humides,
ou feulement même, ceux crûs dans les
terres trop fumées ou trop ombragées, ayant trop
pouffé en feuilles, offrent généralement un grain
moins nourri. On ne doit donc pas l’employer à
l’enfemencement. Voy. Feuille & Ét iolement .
Pour avoir la meilleure Semence poffible, il
faut la prendre fur des plantes crues dans un terrain
ni trop gras ni trop maigre, ni trop fe c ,
ni trop humide ; ne battre ces plantes qu’à moitié,
par le principe que les plus mures & les plus grof-
fes tombent les premières. Celles qui proviennent
des fécondé & troifième coupes des prairies artificielles
formées de plantes vivaces , celles des
P P