
à-dire, les C h a r an ç o n s & les A lu c it e s . V o y .
ces mots.
On fème quelquefois le Seigle & le froment
enfemble , fous le fpécieux prétexte que fi la terre
ou la faifon ne conviennent pas à l’un , elles conviendront
à l’autre. On appelle ce mélange MÉ-
t e il . Il eft repouflfé parles cultivateurs éclairés,
à raifon de l’inégalité de l’époque de maturité des
grains , & de l’impoflîbilité de les moudre convenablement
fans une grande perte de temps ou de
matière. V o y e ^ Mo u tu r e . ( B o se. )
Seigle b a t a r d . C ’eft la Fétuque.
SEILLÈTE : variété de froment qu’on cultive
dans le Midi ; elle"eft barbue. V o y e i F r om en t .
SEIME. On donne ce nom à une fente longitudinale
du fabot du cheval, depuis fa couronne
jufqu’en bas.
Cette fente peut avoir lieu dans toute la circonférence
du fabot : elle peut être fuperficielle
ou incomplète. Il y en a fouvent plufieurs fur
le même -fabot.
On appelle p i e d - d e - b oe u f la Seime en pince
cVft-à-dire, celle qui fe forme dans le milieu du
fabot ; les pieds de derrière y font plus fujets que
ceux de devant.
On appelle S e im e -q u a r te celle qui fe forme fur
les quartiers ( côtés ) ; les pieds de devant l'offrent
le plus fouvent.
La Seime aux talons fe guérit facilement par
une opération fort fimple.
Les chevaux dont les fabots font creux ou
étroits, font plus fujets au pied-de-boeuf que les
autres.
Lorfque les pieds font cerclés, ont les quartiers
foibles ou encaftelés, ils font très-expofés à la
Seime-quarte.
Quelquefois les Seimes fuperficielles ou incomplètes
fe guériffent d’elles-mêmes par le repos
; mais quand la divifion de l’ongle eft complète
, que la chair fe trouve pincée entre fes deux
parties, elle fait éprouver au cheval de vives
douleurs, qui d’abord le font boiter, & qui déterminent
enfuite l’inflammation de la foie charnue,
d’où réfulte une fuppuration , même quelquefois
la gangrène, ou la carie.de l’os.
Autrefois on prétendoit guérir la Seime en lui
appliquant un fer rouge de la forme d’un S j mais
il a été reconnu que ce moyen eft' infuffifant pour
la Seime pied-de-boeuf, & donne lieu très-fou-
vent au javart encorné pour la Seime-quarte.
Aujourd’hui donc, d’après le célèbre Def-
plas, l’opération de la Seime fe fait de la manière
buvante.
D’abord il faut bien parer le pied, c’eft-à-
dire, amincir fa corne, qui fera recouverte d’un
cataplafme émollient, afin de mettre toutes les
parties dans le relâchement, & enfuite la garnir
d’un fer convenable.
Le fer deftiné à concourir à la guérifon de
la Seime doit varier félon l’efpèce de cette maladie
; ainfi celui pour la Seime en pince aura les
branches alongées pour fervir de points d’appui
au bandage, & celui pour la Seime-quarte ne fe
prolongera du côté du mal que jufqu’à la fente.
Cela fait, on enlève environ un demi-pouce de
corne, plus ou moins, félon l’étendue du mal, de
chaque côté-de la di vifion , ce qui met à découvert
la chair qui. eft au-delTous. Si les chairs ne
font pas altérées, la cure ne confifte plus que
dans l’application de l’appareil & dans les panfe-
mens j fi la chair eft noire , on la coupe jufqu’au
vif j fi l'os eft carié, on-enlève toute l'a partie qui
l'eft. Des étoupes imbibées d’eau-de-vie ou de teinture
d’aloès font d’abord employées pour le panfe-
ment, enfuite des étoupes fèchîs. M. Defplas a
reconnu que la térébenthine & les huiles eflen-
tielles étoient nuifibles.
L'appareil eft enfuite maintenu par plufieurs
tours de bandes recouvertes d’un linge & d’une
fécondé ligature.
On doit laiffer en repos les chevaux opérés ,
les nourrir peu, mais bien, & leur faire tous les
jours de la litière neuve.
Ce n’eft qu'au bout de quatre à cinq jours qu’on
lève le premier appareil- : quelquefois il ne faut
que quinze jours pour effectuer la guérifon complète.
Les chevaux opérés de la Seime ne doivent pas
être employés de fuite à tirer de trop lourds fardeaux
, furtout fur le pavé. On les mettra donc
pendant un mois à la charrue, ou on leur fera
faire des tranfports à dos.
Il eft affez fréquent que la fièvre fort la fuite de
l’opération de la Seime j on la combattra par une
faignée & un régime rafraîchifiant : ordinairement
elle cède au bout de deux jours. ( B o s e . )
SEL. Pour les chimiftes, c'eft la combinaifon
d’un acide avec une bafe ou alcaline, ou terreufe,
ou métallique. Pour les agriculteurs , c’eft prefque
toujours celle de ces combinaifons qui a pour
bafes l’acide muriatique & la foude.
Les eaux de la Mer ( voye% ce mot ) font le
grand réfervoir d’où on tire le muriate de foude,
plus connu fous le nom de S e l m a r in . On en obtient
auffi de quelques fontaines & de quelques
mines fituées dans l’intérieur des continens : ce
dernier s’appelle S e l 'g em m e .
Il s’en forme dans les écuriesles étables, les
bergeries & autres parties des habitations rurales
où il y a des matières animales & végétales en dé-
compofition. V o y e [ S a l pê tre .
Le D iâ io n n a i r e d e C h im ie donne les indications
néceffaires pour reconnoître les différens Sels employés
dans l’économie domeftique & dans l’agriculture
; ainfi. je dois me contenter de dire un
itkk de leurs ufages.
La plupart des peuples fe fervent du Sel marin
pour augmenter la faveur de leurs alimens fié
augmenter la force digeftive de leur eftomac. La
confommation qui s’en fait en France, pour ce
feul objet, eft très-confidérable. Par l'effet de l’habitude
, il devient prefqu’impoftible de manger
certains mets lorlqu'ils. n en contiennent pas.
Plufieurs animaux , principalement les ruminans ,
l’aiment avec paflion, & y trouvent un remède à
plufieurs de leurs maladies. Il jouit de 1 importante
propriété de garantir les-V iandes de la
Po u r r it u r e , les G r a is s e s de la R an c id it e .
y o y e z ces mots.
D’abord la foif, enfuite 1*acre fiance des humeurs
, enfin le feorbut, font les fuites d’un emploi
trop exagéré ou trop long-temps continué du
$el dans les alimens.
Cette précieufe production, fi abondante dans
la nature & fi facile à retirer des eaux de la mer,
dont on devroit fe pourvoir partout peu au-dela
des frais de tranfport, eft devenue fort chère
dans tous les États de l’Europe ,, parce qu’on 1 a
rendue l’objet d’un impôt exagéré, de forte que
fa confommation eft bien inférieures ce quelle
devroit être pour l’avantage de l’agriculture.
Chaque cultivateur doit avoir une prqvifion de
Sel, non-feulement pour l’ufage journalier de fon
ménage, mais encore pour celui de fes beftiaux
& pour faire des S a l a iso n s . V o y e ç ce mot.
Dans, les exploitations rurales bien montées, le
Sel fe conferve, en grande maffe, dans des coffres
épais de bois de chêne, plus hauts que larges, &
fermant à clef, coffres qu’on place^ dans un lieu 1
très-fec & qu'on n’ouvre qu’une fois par femaine
pour en tirer la provifton de la femaine fuivante.
Çe qui détermine à placer ainfi la provifion de
Sel dans un coffre bien fermé & dans un lieu fec,
c'eft qu'il attire l'humidité de l'air, & que, comme
tout le monde le fait, il fe fondroit bientôt dans
un vafe ouvert & dans un lieu humide.
Le Sel pur eft blanc ; & fi celui du commerce
eft gris, c’eft qu'il fe trouve fouillé par de la terre,
dont on le débarraffe facilement en le faifant
fondre à grande eau dans des vafes au fond
defquels la terre fe précipite, & en faifant évaporer
l'eau après l’avoir décantée. Ce Sel gris contient
déplus des Sels muriatiques à bafe de ma-
gnéfie & de chaux , qui le rendent encore plus
fufceptible d’attirer l'humidité de l’air.
Dans tous les lieux où le Sel eft à bon compte,
on en donne journellement aux boeufs, aux vaches
& aux moutons, en le faifant dîffoudre dans
une petite quantité d’eau, & en afpergeant leur
fourrage de cette eau. Dans ceux où il eft plus
cher, on fe contente de leur, en donner quand ils
font malades, pour réveiller leur appétit, ou quand
on veut les déterminer à manger des fourrages
moifis ou altérés d'une autre manière.
Les lieux abandonnés depuis peu par la mer
font toujours infertiles, ou mieux ne peuvent recevoir
les objets ordinaires de nos cultures, car
les So u d e s , les T a m a r i s , quelques A r r o -
ches, quelques A nserines y profpèrent. ( V o y e [
ces mots & celui Ma r a i s sa l é . ) Il en eft de
même des places où on met une grande quantité
de Sel qui eft bientôt fondu & entraîné par l’eau
des pluies. C’eft d’après cette obfervation que les.
Anciens femoient du Sel fur les terrés qu’ils vou-
loient vouer à l'infertilité par une loi ou un aCte
de l'autorité militaire.
Cependant il eft des cantons en France, la ci-
devant Bretagne,,-par exemple , où on emploie
le S i 1 comme amendement fur les terres à blé &
autres, ainfi qu’il eft confiaté , non-feulement par
des rapports authentiques, mais encore par des
expériences faites aux environs de Paris , aux
environs de Marfeille & autres lieux.
Que doit-on donc penfer du réfultat de celles
entreprifes par M. Raft-Maupas à Lyon, Teflier à
Rambouillet, Arthur Young en Angleterre? Probablement
on doit reconnoître avec M. Maurice
-de Genève, que le Sel marin, agiffant comme fti-
mulant, produit tantôt de bons, tantôfde mauvais
effets, félon la nature du fol, la faifon,
l'efpèce de culture, &c.
M. Feburier, qui eft Breton, qui a vu employer
le Sel par fes fermiers comme par tous les autres,
m’a dit que tantôt ils le femoient avec le blé, que
tantôt ils le combinoient avec les fumiers , furtout
ceux de vache , & que c’eft principalement fur
les terrains froids & humides qu’il produit de
bons effets. Cet habile cultivateur en fème toujours
fur les planches de R enoncules , d’A n é mones
, de T ulipes & autres fleurs qu’il cultive
avec tant de fuccès à Ver failles.
La proportion de Sel qu’il convient de répandre
fur les terres n’eft point encore fixée ; il pa-
roît qu'elle doit varier fans ceffe & dans des limites
fort étendues, le climat, la nature du fol, l’efpèce
de la culture devant être prifes en confulératiop.
Ce que l’expérience femble démontrer, c’eft qu’il
faut en général en répandre plus fur les terres
argileufes & tourbeufes , principalement lorf-
qu’elles font humides, que fur les terres fablon-
neufes, crayeufes, &c., furtout lorfqu’elles font
fèches. M. Pluchet, au rapport de M. Silveftre,
penfe que trois cents livres par arpent font un
terme moyen convenable fur ies terres fortes &
humides.
Je ne chercherai pas à expliquer quel eft le mode
de f’aCtion dufel, parce que je ne pourrois que
me livrer à des conjectures ; mais cependant j’ob-
ferverai qu'il feroit poffible que cette aCtion fût
non-feulement ftimulante , mais encore diflolvante
de l’humusf v o y e^ P o t a s s e & So u d e ) , & que
s’il eft conftaté, ce que je ne fais pas, que le Sel
blanc foit moins fertilifant que le gris, on peut
Oo ij