
cas des premières, attendu qu’elles fubfîftent peu
de temps en fleur.
Les fécondés ont été pendant long-temps l’objet
de leurs prédilections par le nombre Si la grandeur
de leurs fleurs, par la .vivacité de la couleur
de ces fleurs, Sic. Aujourd’hui ce font les troi-
liémes qui font le plus généralement préférées.
Cependant, comme les doubles ne donnent
point de graines, il faut toujours cultiver les fécondés
pour en avoir.
Généralement on ne met pas en ordre les Renoncules
femi-doubies, foit parce que, comme l’ afliire
M . Feburier , elles dégénèrent après trois on
quatre floraifons , foit parce qu’on ne juge pas
qu’elles en méritent la peine. On fe contente de
marquer celles qui, par leur vigueur 8c la vivacité
de leurs couleurs, méritent d’ être confervées de
préférence.
C ’eft par leurs couleurs, leurs formes, leur
feuillage, qu’on diftingue les Renoncules à fleurs
doubles. Il ne leur manque que le bleu ' de ciel
pour qu’elles les réunifient toutes :on n’en trouve
pas deux qui foient parfaitement femblables. Celles
dont le centre eft noir s’appellent gueule noire.
Les amateurs, dit M. Feburier, recherchent
une Renoncule quand la tige eft forte & foutient
très-bien fa fleur, lorfque cette dernière a un
grand nombre de pétales larges, épais, arrondis
comme ceux de la rofe, avec laquelle une belle
Renoncule a de grands rapports. Ils exigent en outre
que les couleurs foient nettes, vives, & que,
fi la fleur en réunit plufietirs , elles tranchent bien
avec le fond. Si une Renoncule réunit à ces qualités
un joli feuillage, bien découpé 8c d’un beau
v e r t, elle eft parfaite. Ils n’ infiftent pas fur la
hauteur de la tig e , parce qu’ ils veulent que leurs
fleurs foient d ’inégales hauteurs , afin q u e , leurs
planches étant plates, ces fleurs faffent le dos-
d’âne. Quant aux couleurs, ils récherchent les
plus foncées: une Renoncule noire ( c’eft-à-dire
d’un brun bien foncé) eft une merveille à leurs
yeux. La manie des couleurs foncées étoit te lle ,
il y a vingt ans, en Normandie, qu’il y avoit des
planches qui reffembloient à des draps mortuaires.
Aujourd’ hui les vertes. 8c les bleues de ciel font
le lu jet des recherches des cultivateurs, qui n’en
poffèdent pas encore de cette dernière couleur.
Une terre légère 8c fubftantielle eft celle qui
convient le mieux aux Renoncules. Toutes ces
compofitions difpendieufes qu’on rencontre dans
les livres , ne font d’aucune importance dès
qu’ on trouve ces deux conditions dans celle
où on cultive. Je dois obferver cependant qu’ il
ne faut pas que cette terre foit allez peu con-
fiftante pour que l’eau n’ y féjourne pas $ car la
Renoncule aime la fraîcheur, & les arrofemens
lui nuifent, furtout pendant la floraifon; même
M. Lelieur de Ville-fur-Arce penfe qu’elle prof-
père mieux dans les terres fortes. Cette terre ,
pour être parfaitement convenable, fera donc
plus forte au midi & plus légère au nord j fi on
la compofe, ce fera Amplement avec moitié de
terre franche 8c de terre de bruyère , auquel mélange
on ajoutera par fuite, chaque année, U
quantité de terreau dè couche , ou de détritus de
feuilles, qui fera jugée néceflaire d’après l’afpeét
de la végétation de l’année précédente, en ob-
fervant que trop d’engrais fait pouffer en feuilles
& en tiges aux dépens des fleurs. V o y e z T erre.
M. Feburier répand du fe! fur fes planches de
Renoncules, & s’en trouve bien.
La terre bien labourée, bien débarraffée de
toutes groffes mottes, & furtout de toutes pierres,
eft ratifiée & fillonnée de raies écartées de fix
pouces , au moyen du manche d’ un râteau qu’ on
tait gliffer le long d ’un cordeau; puis les griffes
des Renoncules font placées dans ces raies, à la
même diftance les unes des autres, terme moyen ;
je dis terme moyen, parce qu’il y a des variétés
dont les feuilles font moins grandes. Si qui peuvent
ê:re placées fans inconvénient à quatre pouces
Si même a trois. .& que, par contre, d’autres ont
les feuilles fi longues qu’eUes ne font pas trop ef-
pacées à huit pouces.
Mais à .quelle époque convient-il de planter, les
Renoncules? • On ne peut la fixer d’une manière
abfolue : non-feulement elle doit varier félon les
climats, mais encore félon les terrains 8c les ex-
pofitions. Dans le Midi on les plante avec avantage
dès le mois de feptembre ; dans le Nord on
eft fouvent forcé de retarder jufqu’en mars.
Comme les griffés en végétation craignent également
les grands froids, les grands chauds, les
grandes féchereffes & les grandes pluies, il y a
toujours des rifquës à courir en les plantant un
jour plutôt qu’ un autre. M. Feburier, qui habite
Ver fai 11 es, plante les fîennes en janvier, lorfque
le temps le lui permet, finon le plus tôt poflible
après : on peut donc planter pendant près de fix
mois. Le principe eft, que plus long-temps les
griffes reftent en végétation, & plus les tiges font
hautes, les fleurs grandes 8c vivement colorées.
Quelques amateurs , dans l ’intention d’avoir
des^ Renoncules en fleur pendant deux ou trois
mois, en plantent en automne, en hiver 8c a u ’
printemps5 mais ils gagnent peu à cela, à moins
que l’ année ne foit très-favorable à leurs vues,
car il arrive quelquefois qu’ elles fleùriffent toutes
en même temps, ou prefqu’en même temps.
Les Renoncules pivoines & quelques variétés
de l’efpèce d’A fie,'telles que l‘ o r a n g e r e , la blanche
de culture & la lucrece , demandent plus im-
périeufement d’être plantées avant l’ hiver i en
conféquence c’eft contre un mur expofé au midi,
& fur un ados, qu’il convient de les placer.
Il faut choifir un beau jour, après plulieurs,
pour effectuer la plantation, afin que la terre foit
convenablement reffuyée, & qu’on puiffe opérer
avec toute la facilité defirable.
i Les amateurs ont deux méthodes de difpofition
d es
j p. Renoncules : les uns mélangent les variétés
pour qu'elles fe falTent valoir rée/proquement j>ar
L contrafte des couleurs, des formes , Sic. ,, les
autres compofent chaque ligne de la meme variété.
On appelé la première méthode planter en me-
la fécondé, planter par ordre. Les Renoncules
femi-doubles font, comme je la i de,a
remarqué, plus d'effet en mélangé, parce qu elhs
fe voient de plus loin, à raifon de leur grandeur &
de la vivacité de leurs couleurs. Les fleuriftes,
par goût ou par profeifion, préfèrent les mettre
par ordre pour favoir retrouver leurs variétés
avant & après la floraifon , furtout apres la levee
• des griffes, afin de pouvoir les échanger ou les
vendre fans craindre de fe tromper.
Quelques perfonnes fe contentent de tracer les
rayons, 8c y enfoncent les griffes par l^eftet de la
main, même au moyen d’un plantoir. Ces méthodes,
furtout la dernière, font vicieufes , en ce
qu’elles taffent la terre , & par conféquent de-
truifent l ’effet des labours. Voyez Plantoir.
Celle de M. Feburier, qui eft complètement
dans les principes de la théorie, eft préférable
fous tous les rapports.
J’emploie les propres expreffions de M. f e -
burier. E E ‘ .
« Si c’eft une planche d ordre,, j y rais autant
de rayons qu’il y a de rangs ; ces rayons n ont que
deux pouces de profondeur. Quand la planche eft
rayonnée, je la mefure pour m affûter du nombre
dé griffes qu’elle doit contenir i fi la longueur de
ma planche contient quarante griffes, je la divife
des deux côtés en huit parties , au moyen de
piquets que j ’enfonce dans les deux rayons des
bords. Il eft facile d’efpacer cinq griffes dans
chaque divifion , 8c les divifions des bords fuffi-
fent pour régler celles des rayons du centre: cette
marche difpenfe de tracer toute la planche. Les
marques reftent en terre jufqu'au moment de la fleur,
8c, fi on ne les étiquette pas, on s’en fert également
pour Telever les griffes. On doit avoir l ’attention
de varier les nuances, 8c de mettre une
couleur claire auprès d’une couleur fombre ; l’une
fert à donner de l’éclat à l’autrè. Si on fait un catalogue
en règle de ces’ fleurs, on y a marqué leur
hauteur; on met, dans ce cas , les plus hautes
dans les rangs du centre, 8c les baffes fur les côtés.
On s ’évite par-là le défagrément de bomber les
planches, en donnant plus d’élévation au centre
qu’au côté, pour donner plus d’agrément aux
fleurs, qui , par c.e moyen comme par l’autre,
forment le dos-d’âne ; mais ce dernier moyem-a
l ’inconvénient de donner plus d’humidité aux
griffes des côtés de la planche qu’ à celles du
centre, 8c ne doit être employé que pour les Re-
..noncules placées au mois d’oÆtobre dans les climats
pluvieux. On i alors l’attention de relever
les planches fur les bords, à trois pouces au moins
au-deffus des rentiers. Si je plante par famille ou
en mélange, après avoir fait les rayons, j’y place
Agriculture. Tome VI.
1 mes griffes fans rien tracer ; j’ ai feulement l ’attention
d’efpacer davantage les groffes griffes, 6c de
rapprocher les petites. Quand j’ ai des griffes fortes
8c foibles dans les familles ou dans le mélange *
j’en mets une petite entre deux groffes; on donne
enfuitele coup de râteau pour unir la planche qui
eft plate, à l’exception d ’un petit rebord que je
laiffe tout autour pour conferver les eaux pluviales
8c d’arrofement, 8c pour les bien diftinguer des
fentiers. Je recouvre enfuite d’ un demi-pouce <*e
1 terreau. ■ »
Les griffes des Renoncules craignent beaucoup
le froid lorfqu’elles font en la it ,^ c eft-à-dire ,
qu’elles entrent en végétation. Àinfi, après les
huit premiers jours de la plantation , il faut les garantir
des fortes gelées en les couvrant (plus ou
moins, félon la rigueur de ces gelées) avec de la
fougère, des feuilles fèches, de la paille, 8 cc.,
objets qu’on enlevera avec le râteau lors du dégel.
Au,printémps, lorfque les feuilles feront hors de
terre , ces dernières craignant également les gelées
, on doit les couvrir avec des paillaffons
fupportés par des cadres élevés de trois pouces
au-deffus du fol ; 8c fi les gelées font fortes , par
des feuilles fèches amdeffus de ces paillaffons.
Quand les gelées ne font plus à redouter, on
donne un léger Serfouissage ( voyez ce mot )
aux planches de Renoncules, 8c on remplace, par
dès pieds placés à cet effet dans des pots, ceux
qui manquent.
Je dois remarquer à cette: occafion que la Renoncule
ne fupporte pas la tranfplantation pendant
qu’elle végète , 8c qu’ainfi il faut mettre en terre
celles dont je viens de parler, avec toute leur
motte.
Si le terrain où font plantées les Renoncules
eft trop feç ou trop expofé aux effets du nale , il
fera bon de le Pa il l e r ou Mo u s s e r , c eft-a-
dire, de le couvrir de paille courte ou de moufle.
Voyez ces mots.
Il n’ y a plus alors, après ce$^ opérations, a
s’occuper des Renoncules, jufqu a leur floraifon ,
que pour enlever les mauvaifes herbes qui peu-
vent croître dans la planche, donner fa ehaffe
aux limaces, aux courtilières, aux vers blancs, 8cc.,
8c pour les arrofer en cas de féchereffe. Cette
dernière opération a befoin d’être faite avec précaution,
c’eft-à-dire, avec un arrofoir à pomme,
percé de très-petits trous, 8c en y revenant à
plufieurs reprifes ; car les feuilles, 8c par confé-
! quenc la plante entière, fouffrent fi elles font couchées
par fuite d’ un arrofement trop fort ou
trop rapide.
Enfin, les fleurs paroiffent, 8c elles dédommagent,
par leur afpe£t, des.foins 8c des depen*
fes auxquelles elles ont donné lieu. Je ne décrirai
pas les jouiffances dont elles font la Source ,
parce que je ne le ferais que fort imparfaitement.
C ’ eft feulement autour des planches bien garnies
8c bien coordonnées qu’ il eft poflible de fe for