
net , revenu immenfe, mais qui n’a pu fe foutenir
par les raifons que j'ai indiquées plus haut.
Actuellement je paffe à la culture de la Soude
aux environs d'Alicante en Efpagne , d'après
M. Pidcet-Malet, celui qui l'a le mieux décrite.
Les deux efpèces qui font le plus généralement
cultivées aux environs d'Alicante, font l^Soude
commune & la Soude cultivée : la fécondé eft plus
délicate, & demande un terrain plus fertile, mais
aufli donne une Soude bien plus fine & plus efti-
mée. Au refte, leur culture eft abfolument la
même.
Il paroît que les terrains où on cultive ces Soudes
font fort peu falés, ou même ne le font pas
du tou t, puifqu'après la Soude on leur fait porter
du blé.
Après avoir fumé la terre & lui avoir donné
plufieurs labours, on fème la graine à la volée.
C ’eft en octobre ou en novembre qu'on fait cette
opération, pour laquelle on a foin de choilîr un
jour de pluie. Le plus fouvent on ne recouvre pas
la graine par un herfage.
Au printemps, les pieds ont à peine un pouce
de hauteur, qu’on commence à les fa rd e r , & on
tépète cette opération tous les vingt jours au
moins, furtout fi le temps eft pluvieux.
A la fin d'août, la Soude eft ordinairement dans
le cas d'être cueillie 5 celle deftinée pour graine
fe laiffe un mois de plus fur pied, & en cela on
agit plus dans les principes qu'aux environs d'Arles.
La manière de la deffécher & de la brûler ne
diffère pas de ce qui a été dit plus haut.
Des détails cités par mon collaborateur Teffier, 1
d'après M. de Juflieu, diffèrent un peu de ceux
dont je viens d'entretenir le le&eur. Par exemple ,
ils annoncent qu'on fème en janvier & qu'on récolte
en juin ; mais ces différences peuvent avoir
Heu fans qu’il y ait contradiction.
En général, il eft de fait que les plantes annuelle
s , fcmées avant l'hiver, donnent des productions
bien plus fortes que celles femées au printemps.
Ainfi il eft plus avantageux de fuivre la méthode
de M. PiCtet-Malet, que cette dernière. •( B ose. )
Soude : nom de l’alcali qu'on retire, i° . parla
leflivation des cendres des plantes dont il vignt
d'être queft^n; 2p. de certains lacs de l'Égypte,
de l’Arabie , de la Perfe'& de la Sibérie, par la
décorapofirion fpontanée du fel marin qui y afflue ;
30. du fel marin artificiel, par une opération chimique.
Voyeç le Di&ionnaire de Chimie. -
Quoique ce foit des Soudes qu’ on retire ce fel
le plus ordinairement, il convient de dire qu’on
en retire encore beaucoup de plantes qui croif-
fent fur le bord de la mer, comme de I’Ansérine
MARITIME , des SALICONES HERBACÉE & FRUTESCENTE
, de I’Arroche a feuilles de
POURPIER , des FicoÏdes nodiflore & cristalline,
& c . , & de planres qui croiffent dans la
mer même, comme les V arecs & les Ulyés.
Voyeç tous ces mots. j
Il y a beaucoup de rapports communs entre la
Soude & la potaffe ; mais elles fe diftinguent par
des caractères a fiez faillans pour les reconnoître
après un léger examen. Le plus facile au premier
afpeCt, c’eft que la Soude attire peu l’humidité
par fon expofition à l’air, tandis que la potaffe fe
réfout très-promptement en eau dans la même cir-
conftance.
Tous les fels que forment la Soude & la potaffe
avec les acides & autres bafes, font diffé-
rens.
Ceux de ces fels où entre la Soude, dont on
fait le plus d’ufage dans l’économie domeftique,
dans la médecine & les'arts, font le Muriatf.
d e .soude ou Sel marin, le Sulfate de soude
ou Sel de Glau ber, le T artrite de Soude
ou Sel de Seignette , le Borate de .Soude
ou Bo r ax . Voyez ces mots.
Les plus importans emplois de la Soude fqnt
pour faire le favon & fondre le v e r re , emplois
auxquels elle convient mieux que la potaffe, à rai-
fon de ce qu’elle n’attire pas l’humidité dè l’air,
La potaffe l’emporte fur elle pour les leflives, parce
qu’elle a naturellement plus d’aCtion, & qu’on
peut fe la procurer partout, à bon compte, par la
leflivation des cendres de. tous les végétaux qui ne
croiffent pas dans les terrains falés.
La Soude du commerce eft loin d’être pure;
c’eft un jcompofé de foude, de charbon , de
cendres, de terre, de fels de differentes fortes,
dans des proportions tellement variables, qu’on ne
peut en trouver deux lots qui les.aient femblables.
Pour les leflives, la fabrication du verre commun
, certaines fortes de teintures, & d’autres
ufages qu’il eft fuperflu de citer ici , la Soude
peut être employée telle qu’on la trouve dans le
commerce; mais lorfqu’ il s’agit de la faire entrer
dans la compofition du favon, dans celle du Verre
fin, & c . , il faut la purifier. On y parvient d’abord
en partie en faifant diffoudre une certaine quantité
dans l’eau chaude, en filtrant cette eau, en la
laiffant dépoter, en- la faifant évaporer & en
calcinant leréfidu. Unç purification plus complète
n’ eft utile que pour la médecine & les expériences
de .chimie.
Cette Soude calcinée eft un carbonate. Pour lui'
enlever l’acfde carbonique, on la diffout de nouveau,
on la met avec de la chaux vive & on filtre
l’eau ; c’eft dans cet état qu’on l’emploie pour faire
le favon blanc. En faifant évaporer l’e au, on obtient
la pierre à cautère, lï employée dans la chirurgie.
La manière de retirer la Soude, ou mieux le
Na t r o n , car cette Soude eft d'une nature particulière
& porte ce nom, des lacs, en Égypte &
autres pays précités.., ainfi que celle dedécompofei
le fel marin pour ifoler celle qui en fait la -bafe,
n’étant pas du reffort des cultivateurs, je renverrai
les leéleurs aux articles correfpondans des
Dictionnaires de Chimie & des Arts. ( B ose.)
SotTDE b â t a r d e . On appelle ainfi la Soude
épineufe dans quelques lieux.
SOUFFLET. Je n’ai pas à parler ici du Soufflet
dont on fait ufage dans la mai fon pour exciter la
combuftion du bois, ni de ceux, plus gros, ufités
dans une infinité d’arts pour produire le même
effet, mais feulement de celui de même forme &
d’un pied de large au plus, fixé par fa planche inférieure
fur une boîte fous laquelle eft un réchaud
garni de charbon allumé, fur lequel on projette du
tabac ou du foufre, dont la fumée ou la vapeur
monte dans le Soufflet par l'ame & eft dirigée par le
tuyau fur les plantes couvertes de Pucerons , de
Tigres, de C ochenilles , de C henilles &
autres Insectes , afin de les faire périr. Voyez
ces mots.
Ce même Soufflet, au moyen de la fumée de
tabac , fert encore, eft en mettant le tuyau dans
le fondement des noyés , à en exciter l’irritabi--,
lité & à les rappeler à la vie. Voyez Noyé.
Les cultivateurs des plantes étrangères de ferre
& d'orangerie peuvent difficilement fe paffer dé
cet inftrument, dont la dépenfe eft peu confidé-
rable & Futilité évidente. (B o s e . )
SOUFFLÉE AU POIL. On donne ce nom ,
dans quelques lieux, à h fanie.qui fort de la racine
du fabot des chevaux qui ont été encloues.
Voye% ce mot>
SOUFFLER UN ARBRE : mauvaife expreflion,
fynonyme de celle-foulever par feçouffes un arbre
qu’on plante, afin de fair.e tomber la terre dans
les intervalles de fes racines. Voy. Plantation.
SOUFRE : matière inflammable qui entre dans
la compofition de la poudre à canon, dont on
faif ufage dans beaucoup d'arts, dont l'emploi eft
fort étendu en médecine, & c .
Un cultivateur aifé doit toujours avoir une petite
provifion de Soufre, foit pour l’ employer dans
la confection des allumettes qu’il confomme, foit
pour fceller le fer dans la pierre , foit pour, & le
changeant en gaz acide fulfureux par fa combuftion,
le faire fervir à blanchir les foies & les laines, à
faire périr les Pucerons qui affbibliffent la végétation
des plantes précieüfes , les ixodes qui cau-
fen.t la Gale des hommes & des moutons, même
à éteindre le feu des cheminées. Voyez ces mots.
La médecine vétérinaire’ fait un fréquent ufage’
du Soufre, foit en nature , pour guérir la Mo r v e ,
félon lé procédé de M. Colaine, foit incorporé
avec des alcalis , des huiles, &c.
C ’eft àM. Galès qu’on doit d’ avoir fi ayantâgeu-
fement fubftitüé le gaz acide fulfureux aux pommades
fulfureufes, aux bains de fuiflires, & c . , pour
guérir la gale des hommes & des animaux. Depuis
il a obfervé que ce même gaz acide fulfureux ,
en provoquant d'abondantes, fueurs, gùériffoit les
rhumatifmes, la goutte, & , en portant un trouble
momentané dans la circulation du fang, : guéri f-
foit la. paralyfîe , les affectionsnerveuiès&c. Ces
importantes découvertes lui méritent la recon-
noiffance de la poftérité. ( B o s c . )
Soufre végétal. C'eft tantôt la pouflière fécondante
du lycopode, qui fe r t, à l’Opéra, à produire
ces flammes légères & peu combuftibles
qu’on y admire ; tantôt la pouflière fécondante des
pins emportés au loin par les vents & femés fur
les terres. Voyez Lycopode , Pin & Pollen.
( B o s c .)
SOUGU.E : fynonyme de Souche.
SOUGUET : portion de racine d'olivier, avec
laquelle on "le multiplie. Voyez Oli vier &
Racine.
SOULEVER LA TERRE. On donne ce nom ,
dans quelques cantons, au premier labour qu’on
donne aux jachères ou aux prairies artificielles >
il eft par conféquent.fynonyme de Rompre.
‘ SOULIER DE NOTRE-DAME. Voy. Sa b o t .
SOUPES ÉCONOMIQUES. On a donné ce
nom à des potages aux légumes très-peu difp.er.-
dieux & extrêmement nourriffans, deftinés à fup-
pléer, pour les pauvres, avec agrément pour
eu x , les alimens plus coûteux , & qui peuvent,
avec grand avantage, être introduits dans les
campagnes, principalement aux temps des foins ,
des moiffons & des vendanges.
Quand on a vu la Soupe dont font ufage les cultivateurs
de beaucoup de parties de la France, qui-
n’eft que de l’eau chaude engrailfée par un minicul
e de beurre ou de lard, ou de fain-doux , aro-
matifée par un oignon ou un poireau, & qu'on*
a, comme moi, goûté la Soupe économique qu'a
diftribuée à Paris la bienfaifante Société appelée
phitântropique, on doit faire des vceux pour que
;ces dernières leur foient partout fubftituées, malgré
qu'elles foient néceffairemenc moins économiques
faites en petit que faites en grand , fur-
tout à la manière de la Société dont je viens de
parler, qui a confulté tous les arts pour la fabrication
de lès fourneaux & de fes chaudières.
Quoique les Soupes économiques fuffent connues
dans les temps les plus reculés, qu'un ouvrage
imprimé à Saintes en 1680 en ait donné la recette,
que le médecin Helvétius l’ait rappelée au commencement
du dernier fiècle; quoique des curés-
de Paris en.diftribuaffent journellement, pendant
l'hiver, auxindigens de leurs paroiffes depuis une'
vingtaine d’années, un de cesintrigansqui ne pen-
fent qu’ à eux, mais qui ont toujours le mot bien-
public à la bouche , M- le comte deRumfort, s’en
eft approprié l’ invention dans ces derniers temps ,
& eft parvenu à leur donner fon nom.
Voici les compoiuions de plufieurs fortes de
Soupes économiques , dans lefquelles je n’indiquerai
les dofes que d’une manière relative, afin-
qu’on puiffe en varier la quantité félon le nombre
de perfonnes qui doivent en faire journellement
ufage; ces dofes font en poids :
R i z ........... ..................................... 20 parties.
Pommés, de te r r e .. .................... 60