
ture, mais encore pour celle des fourmis, 8c la
déperdition qui s'enfuit eft immenfe-, ainfî que le
prouve l’humidité des tiges & des feuilles.
Les plantes très-garnies de Pucerons ne pouffent
plus que foiblement, prennent des formes
contournées ou monftrueufes ; 1-urs fleurs s’épa-
nouiirent foiblement ou même pas du tout; leurs
fruits font fans faveur, n’arrivent pas à toute leur
groffeur, & même tombent avant l’époque de
leur maturité.
Les Pucerons offrent des faits très-remarquables
: ils font des petits vivant pendant tout l’é té ,
& des oeufs en automne. Une feule fécondation
itiffic pour toutes les générations vivipares, c’ eft-
a--dire, que la fécondation de la mère continue
d’agir fur fes enfans, fes petits-enfans, & c ., jufqu’ à
la ponte des oeufs. Bonnet a vu neuf générations
vivipares , ainfi reproduites fans accouplement
pendant l ’efpace de trois mois, & chaque individu
pondoit vingt petits par jour. Quelle fécondité !
Voyez leur hifîoire dans le Dictionnaire des ln-
feftes.
C ’eft principalement fur les jeunes pouffes des
plantes, comme plus tendres & plus chargées de
fève, que fe portent les Pucerons. Leur fuccion eft
fi aéHve, principalement pendant le mois de mai,
que les deux cornes ou mamelons placés à l’extrémité
de leur corps femblerit deux fontaines jaitlif-
fantes. Le réfultat de cet écoulement eft une
efpèce de miélat, qu’ il faut bien diftinguer de
celui qui eft direftement le produit lié la fecrétion
des feuilles. Voyez Mielat & Sève.
• C e t écoulement diminue 8c même ceffe pendant
la nuit , durant les jours froids & les
grandes féchereffes. Les fourmis favent le provoquer
momentanément pendant ces circonftances
pour leur avantage perfonnel (voyez Fo u r m i ) ,
& ce n’ eft que de cette manière que la plupart
de ces derniers infeâes nuifent aux plantes.
Il eft des efpèces de Pucerons dont la piqûre
fait naître de groffes galles creufes, dans lefquellss
leurs générations vivipares fuccèdent. L’orme &
le peuplier font quelquefois charges de ces galles,
qui leur donnent un afpeéfc défagréable & retardent
beaucoup leur croiffance.
Il en eft d’autres qui toujours caufent une altération
monftrueufe dans l’organifation de certaines
parties. Je citerai pour exemple la forme contournée
des pouffes de quelques cerifiers, & la
transformation des pétales en feuilles. Il en eft
enfin d’autres qui s’attachent aux racines, & qui
font périr fouvent des plantes fans qu'on en devine
la caufe. Les fourmis ont l'induftrie de faire multiplier
ces Pucerons pour qu’ ils leur fournifîent
abondamment de la nourriture à leur portée.
L’ influence nuifible des Pucerons fur la végétation
fe fait principalement remarquer dans les
années fèches, c ’eft-à-dire, dans celles où la fève
eft peu abondante, & où la perte d’une petite
quantité eft fenfible à la plante fur laquelle ils fe
trouvent.
Parmi fes nombreux moyens qui ont été indiqués
pour fe débarraffer des Pucerons, je me
contenterai de citer les fui vans comme les plus
avantageux.
Dans les ferres, les orangeries, & pour les
plantes précieufes, on les tue directement, foit
avec les doigts, foit avec une brolfe.
Les huiles effentielles, principalement celle de
térébenthine, les font immanquablement mourir;
maisdeur emploi eft difficile & coûteux.
La vapeur du foufre : elle remplit complètement
fon objet lorfqu’on peut entourer la plante
d’un linge qui la concentre, mais elle nuit aux
jeunes pouffes 8c aux fleurs.
Là fumée de tabac, de feuilles de fureau, de
feuilles de noyer & autres plantes âcres. Ses in-
convéniens font prefque nuis, mais auffi fes effets
font rarement complets, parce que les Pucerons
favent s’y fouftraire, & que le vent s’ y oppofe.
C ’eft fur les efpaliers qu’on peut le plus avantage
ufement faire ufage de ce moyen , parce qu’il
eft poffible de les recouvrir d’une toile , &
pouffer la fumée; deffous à l'aide d'uu fouffiet inventé
pour cela. Voyez Soufflet.
Les diffolutions de fel marin, l’eau* des leffives,
des fumiers, le vinaigre, les décodions de tabac,
de feuilles de fureau , de feuilles de noyer & autres
plantes âcres, répandues en forme de pluiey
foit avec un arrofoir, foit avec une pompe à
main, ont des réfultats toujours avantageux, mais
jamais complets. Il faut qu’on les renouvelle très-
fréquemment fi on veut faire périr entièrement les
Pucerons.
La chaux récente, réduite en poudre impalpable,
malgré quelques inconvéniens, eft certainement
le moyen le plus certain 8c le plus commode pour
fe débarraffer des Pucerons. Il fuffit d’en fau-
poudrerles plantes à deux ou trois reprifes.
Tous ceux qui en font atteints périffent dans l'inf-
tant. L ’eau des pluies lave enfuite ce qui refte de
chaux fur les feuilles & les tiges , & il en réfulte
un engrais pour le fol. Un lait de chaux auroit
des réfultats femblables, mais fon application feroic
plus difficile 8c fes fuites plus long-temps vifibles.
Mais de tous ces moyens,, aucun n’eft fufceptible
d’être ufité en grand, 8c de fait il n’y en a pas
de praticable pour détruire tous les Pucerons
d’ un vignoble, d’un verger, d’une pièce de luzerne.
C ’eft aux variations de l’atnsofphère, principalement
aux pluies froides, aux grandes féchereffes,
que les cultivateurs doivent s’en rapporter
pour diminuer leurs ravages. Ce font principalement
ces caufes qui font que la pouffe d'automne
des arbres fruitiers eft moins fatiguée par eux
que celle do printemps. Ils ont auflî un très-grand
nombre d’ennemis parmi les infeétes : deux d’en-
tr’eux ont même été appelés lions des Pucerons,
à raifon de la grande deftruétion qu’ils en fon;;. ce
font les larves da I‘Hémerobe &c de deux ou
trois Syrphes. Voyei ces mots.
Les caraâères qui diflinguent les Pucerons
font fi peu fail!ans, que la plupart ne peuvent être
diftingués que pat le nom de la plante fur laquelle
ils vivent. En général, chaque efpèce en affeéte
une particulière, mais il en eft qui vivent fur plu-
fieûrs, même de genre & de famills différente.
Les plus gros font ceux des pins. (B o s c . )
PUGIONION. PuGIONlUM.
Plante de la Sibérie, qui fe rapproche beaucoup
des buniades, mais que Gærtner & quelques
autres botaniftes croient devoir conftituer
un genre dans la tétradynamie filiculeufe 8c dans
la famille des Crucifères.
PUISARD. Il eft beaucoup de lieux où les eaux
ont fi peu d’écoulement, que les habitations^ fe-
roient noyées ou infeftées fi celles des pluies ,
des laviers, des fumiers, n’étoient pas reçues dans
un réfervoir fouterrain appelé Puifard, d’où on
les enlève à des époques fixes, ou dans lequel elles
s’infiltrent à travers les couches de la terre.
La forme des Puifards eft le plus fouvent circulaire;
on en voit auffi de carrés : leur largeur 8 c
leur profondeur dépendent de la quantité préfumée
d’eau qu’ ils doivent recevoir. Leurs dimenfions
ne peuvent donc être fixées.
Il eft des Puifards qui font creufés dans la roch
e , & dont les parois fe foutiennent par eux-
mêmes: il 'en eft de creufés dans la terre, que l’économie
détermine à ne pas revêtir de maçonnerie
; mais ils fe dégradent rapidement. Ordinairement
, cependant, on conftruit contre les parois
de ceux-ci un mur, foit en pierres fèches, lorfqu’
on eft dans l ’intention qu’ils abforbent les
eaux , ou de pierres liées avec un mortier, lorfqu’on
veut qu’ils confervent ces eaux. Leur fommet,
dans ce cas, eft voûté, tandis que dans les deux
autres il ne l’eft pas toujours. C ’eft dans ce fommet
qu’ eft réfervée l’ouverture par laquelle entrent les
eaux.
Quelque bien fait que foit un Puifard, qu’ il
laiffe infiltrer ou non fes eaux , il s’exhale de fon
ouverture, furtout pendant la chaleur, une vapeur
infeéle fort dangereufe à refpirer, & qui a
une influence fort nuifible fur les viandes 8c le laitage
qui y font expofés. Un moyen d’empêcher ces
effets relativement fui tout aux Puifards fitués
dans l’intérieur'des cuifines , des laiteries, des
caves, &rc., étoit donc fort defirable à trouver,
8c il l’a été par M. de ParcieuX , il y a plus
de quarante ans ; mais je ne l’ai nulle part vu à
exécution. Le voici :
Avoir une cuvette de pierre, de dix-huit pouces
de long , d’un pied de large 8c de fix pouces
de profondeur, toutes mefures prifes dans l’ intérieur.
L’ un des petits Côtés de cette cuvette ( c ’eft
celui qui doit être placé du côté du Puifard) eft
de deux pouces plus bas que les trois autres.
Cette cuvette fe place fu r le bord de l’ouverture
du Puifard, & on fixe perpendiculairement,
vers fon milieu, une dalle de pierre qui y entre de
trois pouces ; enfuite on ferme l’ouverture du
Puifard avec de la maçonnerie qui fe lie intimement
avec la dalle de pierre, de manière que
l’ intérieur du Puifard ne communique avec l’extérieur
que par l’ouverture que laiffe cette dalle
au fond de la cuvette.
Lorfqu’on remplit d’eau la cuvette, la dalle
de pierre fe trouve y plonger de trois pouces, &
par conféquent il n’y a plus de paffage pour les
gaz qui s’élèvent du Puifard. Or, par fa difpofîtion,
cette cuvette doit toujours être pleine d’eau, faut
ce que l’évaporation en enlève, ce qui eft peu de
chofé, puifqu’il n*y a moins de fix pouces de long
8c un pied de large expofés à l ’air. Le feul inconvénient
eft que cette eau, qui eft en communication
avec celle de l’ intérieur, fe corrompe dans
les chaleurs; mais un feau d’eau fraîche qu'on jet-
teroit dans le Puifard , la feroit difparoïtre.
La dépenfe de cette conftruétion ajoute trop
peu à celle du Puifard, pour qu’on doive fe refu-
fer à la faire.
On peut auffi regarder comme des efpèces de
Puifards, le sPierrées ou les Fascinages qu’on
fait dans la même intention qu’eux , & qui en effet
rempliffent le même but avec plus d’économie.
Voye% ces mots.
Voyez au^ *es mots C iterne & Puits.
Lescurures des Puifards, furtout de ceux qui reçoivent
les eaux des laviers, font un excellent ep-
grais. On ne doit donc pas craindre de fe livrer à la
dépenfe de leur enlèvement, puifqu’à la diminution
des inconvéniens dont ils font pourvus , fe
joint un avantage pofitif. Ainfî plus ou moins fou-
1 vent, félon la grandeur du Puifard, la nature des
eaux qu’il reçoit, on y fera defcendre un ouvrier
i par l’ouverture laiflee à la v .û te , 8c au moyen de
féaux élevés par une poulie fixée temporairement
au-deffus de cette ouverture, on en extraira toute
la partie boueufe. Il faudra feulement faire attention
aux gaz délétères qui peuv nt exifter dans
le Puifard, gaz qui compromettroient la vie de
cet ouvrier. ( Bost\ )
PUITS : excavation très-profonde 8c peu large,
deftinée à réunir, de manière à pouvoir en tirer
aubefoin, l’eau qui coule au-deffous, de la fur face
de la terre, foit en nappe, foit en file t. Voy. Eau .
Partout où il y a une fource ou une grande rivière,
en eft difpenfé de creufer un Puits; maïs
c’ eft, comparativement à la furface dé la France ,
le plus , petit nombre de lieux. Dans les cantons
les plus arrofés, on doit même conftruire
des Puits pour éviter les tranfports d’eau toujours
fi fatigans ou fi coûteux : auffi font-ils ex-
ceffivement communs en France; prefque toutes
lés maifonsdè certaines villes, de certains villages ,