
éloignés donneront la manière de ce qu'il con- |
vient de faire dans les cas intermédiaires.
» L'arbre a pouffé cinq bourgeons de chacune
de fes branches j à l'ébourgeonnage on a fupprimé
ceux qui fe trouvoient placés, l'oit derrière, foit
devant l’éventail ; mais il en refte trois fur chaque
tirant, ils font chétifs, maigres & atteints de
jauniffe. On ne doit pas balancer de rabattre les
deux bourgeons fupérieurs avec les deux portions
de branches-mères qui les fupportent, jufqu’à
une ligne au-deffus du bourgeon qui fe trouve le
plus près du tronc. Ce bourgeon remplace la
branche-mère dans fa direction & dans fon ufage;
alors on la taille au-deffus du quatrième ou du
cinquième oeil. Ces yeux donnent autant de bourgeons
qui fourniffent la matière des Tailles fui-
vantes.
» Ce procédé, employé par les cultivateurs inf-
truits pour ménager leurs jeunes arbres qui n’ont
pas encore pris de bonnes racines dans le nouveau
terrain où ils font plantés, ou qui font malades,
eft cependant pratiqué indiftinètement fur
tous les arbres par un grand nombre de jardiniers
j * ils ne font attention ni à la nature du
fol, ni à l'état de fanté ; I ls ravalent toujours fur
le premier bourgeon pouffé à côté de la tige de
l’arbre, & ils fe contentent d’alonger plus ou
moins celui-ci, à raifon de la vigueur de la pouffe.
» Il réfulte de cette pratique, que l’arbre dépouillé
chaque année de la plus grande partie de
fes branches, perd inutilement fa fè v e , forme
une multitude de petits coudes rapprochés les
uns des autres, devient rachitique avant d’avoir
paffé par l’état de vigueur. S’il donne des fruits
plus tôt que celui taillé par l’autre méthode, il
parvient auffi bien plus vite à la caducité &, à la
mort.
» L ebourgeonnement n’offre d’autre différence,
cette fécondé fois , qu’en ce qu’ il porte fur un plus
grand nombre de bourgeons. On fupprimé ceux
qui font fur le devant & fur le derrière de l’arbre,
& on laiffe les autres pouffer dans leur longueur.
» La première Taille a formé les branches-mères
ou tirantes ; la fécondé a procuré les branches du
fécond ordre ; la troifième doit donner les branches
à crochets. Pour les obtenir, il fuffit d’employer
les mêmes procédés qu’on a mis en ufage
dans la Taille précédente, avec cette différence
feulement qu’il faut fupprimer quelques-unes des
anciennes branches. Cette fuppreffion eft indif-
penfable, tant pour le placement des nouveaux
bourgeons que pour l’ efpacement des fruits qui
doivent naître des Lambourdes, des Brindille
s , des Bourses. Voye^ ces mots.
» Dans les Tailles des années fuivantes, il ne
s’agit plus que d’entretenir les arbres en fanté &
en vigueur par une Taille proportionnée à la force
des individus en général, & à celle de chacune
de leurs branches en particulier ; à fe fervir des
gourmands pour remplacer les membres foibles ,
malades ou fur le retour; à ne laifler fur les arbres
que la quantité de fruits qu’ils peuvent porter
fans s’appauvrir ; à établir une jufte balance
entre les branches à bois & les rameaux à fruits,
afin de ménager les moyens de reproduction, &
de porter tous les foins à entretenir l ’équilibre
dans les ailes des arbres ou chacune des branches
qui les compofent. » .
Je reviendrai fur cette Taille lorfque j aurai
parlé delà formation des autres efpèces darbres.
L’abricotier ne fe prête guère mieux que le
pêcher à la Taille en quenouille & en pyramide;
on le met quelquefois en efpalier, & il s'y forme
comme le pêcher. La manière de le dilpofer la
plus commune & la plus avantageufe, c’eft en
vafe, quelquefois à baffe, plus Couvent à haute
S-*Be- , ' r •
Les moyens qu on met en ulage pour taire
prendre aux abricotiers la forme d’un vafe, font
les mêmes que ceux employés pour le poirier,
mais on met moins de rigueur à la régularité de
l’enfemble; je puis même dire que généralement,
après avoir fait prendre aux quatre à cinq premières
branches une forme circulaire & ’évafée,
tant à l’aide de la Taille que du cercle, on fe contente
d’évider en dedans, & d’empêcher les gourmands
de le développer en dehors.
Le prunier & le cerilïer fe prêtent encor^ moins
à toute efpèce de Taille que les abricotiers; la
forme de quenouille & de pyramide, quelques
foins qu’ on prenne, n’eft jamais durable, & s’op-
pofe à la produ&ion du fruit : on met quelquefois
en palmette ou en V ouvert, leurs variétés hâtives,
pour jouir plus tôt de leurs fruits. On doit, fur-
tout le cerifier, les tailler extrêmement longs, fans
quoi ils refteroient improduétifs, ce qui fait qu’il
faut ou les paliffader contre des murs d’ une grande
étendue, ou renouveler fouvent leurs pieds. Voye{
leurs articles dans le Dictionnaire des Arbres à
Arbuftes.
Le figuier, aux environs de Paris, exige d’être
ou rabattu tous les deux ou trois ans, lorfqu’on
le couche en terre pour le garantir de la gelée,
ou dégarni également, tous les deux ou trois ans,
d’ une partie de fes branches, lorfqu’on l’empaille
, dans la même intention. Dans les pays chauds,
toute Taille eft nuifible à l’augmentation de fes
I produits, attendu que ce font les pouffes de l’année
qui portent les fruits ; mais comme, pour avoir
de beaux fruits, il faut que l’arbre foit vigoureux,
& que tout arbre qui a trop de branches en zigzag
ne l’eft jamais, il convient de le rapprocher de
loin en loin, foit fur les groffes branches, foie
même fur le tronc, pour lui faire pouffer du nouveau
bois. V^oye^ RAJEUNISSEMENT.
Le. noyer & le châtaignier, le mûrier & l'olivier
font également dans ce cas, mais à un moindre
degré; cependant il eft quelques endroits, aux
environs d’Aix, par exemple, où on taille le dernier
de ces arbres dans le but de lui faire porter des
fruits tous les ans, mais fans lui donner une forme
fpéciale, c’ eft-à-dire, qu’on fe contente de raccourcir
leurs branches de la dernière pouffe. J’entrerai
dans quelques détails à cet égard, aux articles
qui leur feront confacrés dans le DiCtionaire
des Arbres & Arbufies,
En Europe, & furtout dans le nord de l’Europe,
l’oranger eft fournis à une Taille rigoureufe, qui
commence dès qu’ il a acquis deux ou trois pieds
de haut- C ’eft particulièrement à cette époque
qu’on raccourcit fes branches latérales pour accélérer
la croiffance en hauteur, &. c e , en prenant
les précautions annoncées plus haut. Lorsqu'il
s’eft élevé du double, on coupe fon fommet
pour lui former une tête qui s’établit furie tronc
même, & quelquefois fur deux ou trois mères-
branches. Le principe de cette Taille, dans toute
la durée de la vie de l’arbre, eft fondé fur la né-
ceffité , i° . de proportionner l’étendue de la tête
à celle des racines; ~2°. de lui donner une forme
agréable ( la plus belle eft celle d’un cylindre
terminé par un cône très-furbaiffé); 3°.de difpofer
fes branches de manière qu’elles ne fe nuifent pas
réciproquement : en conféquence on ne donne
à cette tête que le diamètre de la caiffe ; on la
régularife, non en la tondant avec descifeaux,
comme le font quelques jardiniers pareffeux, mais
avec la ferpette, & en coupant les branches les plus
longues fur un oeil difpofé, par fa pofition , à donner
une brauche propre à regarnir un vide ; on
retranche auffi en même temps toutes les branches
chiffones, & on courbe les gourmands, lorfqu’on
juge leur confervation utile pour remplacer
une vieille branche. Tous les douze à quinze
ans il eft bon de rajeunir la tête en coupant fes
rameaux extérieurs dans la longueur de fix, huit,
dix & même douze pouces. Voye-^ R a j eu n ir . .
La formation des treilles de vignes, quant à la
Taille, ne confifte qu’à retrancher tous les ferrriens
qui font trop rapprochés, ou qui font dans une
pofition inconvenante, & à couper ceux qu'on
conferve au-deffus du fécond, du troifième où du
quatrième oeil.
Cette formation des ceps, dans la culture en
grand, fe réduit à ne conferver qu’ un farment fi le
pied eft foible, & deux ou au plus trois, toujours
les plus nourris & les plus perpendiculaires, s’il
eft fort, & de les couper à de.ux yeux fi lé pied
eft foible, & à trois ou quatre s’il eft fort.
La Taille des grofeillers qu’on deftine à être formés
en tête, confifte, pendant les deux premières
années, à tailler en crochet les branches latérales de
la pouffe qu’on a choifie pour tige , à arrêter en-
fuitecette tige en coupant fon extrémité, & à raccourcir
annuellement les rameaux qui ont pouffé
a leur extrémité dans une longueur convenable
au but qu’on fe propofe.
U en eft de même des rofîers, des lilas, des
viornes & autres arbuftes en grand nombre, auxquels
cette difpofition convient.
Certains arbuftes dont la tige qui a porté du
fruit périt, tels que le frambroifier & la ronce,
font taillés avec avantage tous les ans, pendant
l'hiver ; mais cette Taille ne confifte qu’ à enlever
les vieilles tiges pour donner plus de place aux
jeunes, & qu’ à couper l’extrémité des jeunes pour
favorifer la fortie des rameaux latéraux, les feuls
qui portent le fruit, & augmenter la vigueur de
leur végétation.
Actuellement je vais développer les principes
& détailler les opérations de la Taille des arbres
faits.
Un des principaux buts de la Taille des arbres
faits, c’ eft de fupprimer tout canal direCt de la fève,
pour que:1a lenteur de fa marche multiplie les fleurs,
affure la nouure & la permanence des fruits, augmente
leur groffeur & leur faveur. Une légère
inclinaifon des branches, qui produit le même
effet, la favorife, mais leur A r q u r e ou C o u r bure
a le graye inconvénient d’empêcher le retour
aux racines de la fève qui s’eft élaborée dans
les feuilles, & par conféquent d’accélérer la moit
de l’arbre. Il faut donc ne l’employer que très-
modérément, ou que fur les arbres dont on peut
fupprimer tous les ans, fans inconvéniens, les branches
courbées, comme fur la V ign e . Voye^ ce mot
dans le Dictionnaire des Arbres & Arbuftes.
Les jeunes arbres, quelques-uns feuls exceptés,,
comme le pêcher, les pins, &C.., dont on coupe
les branches près du tronc, & encore mieux dont
on coupe le tronc rez^terre, pouffent des rejets
très-vigoureux, & ces rejets.donnent de très-gros
fruits.
Lorfqu’on diminue le nombre des branches d’un
jeune arbre, celles qui reftent, profitant de la fève
qui auroit alimenté les autres, pouffent des bourgeons
plus vigoureux & donnent du fruit, plus
beau.
Quand on coupe l’extrémité d’une branche qui
porte des fruits, la fève qui auroit alongé cette
branche, refluant dans le fruit, le fait groffir d’autant
plus.
Les arbres qui ont porté-une furabondance de
fruits les donnent petits l’année fuivante ou n’en
portent pas. Pour les avoir gros & tous les ans , il
faut donc diminuer leur nombre. Voye^ Pom m ie r ,
Ol iv ie r , & c.
Toute la théorie de la Taille fe fonde fur ces
quatre obfervations, qui font inconteftables.
La Taille n’eft certainement pas dans la nature,,
mais elle ne la contrarie pas, comme le prétendent
quelques écrivains ; elle fert à la diriger vers
un but particulier, qui eft l’ intérêt du cultivateur.
Qu’il doit être orgueilleux de fon intelligence
l'homme qui maîtrile ainfi ce qui fembloit devoir
être hors de fa puiffance 1 mais qu’ il doit être humilié
de voir que le plus petit infeéle peut mettre