
coupe dans les champs qui en font femés, lorfque
quelques confiderations étrangères à fa nature y
obligeoient. On trouve fouveut à cette pratique
des avantages confidérablés; feulementalorj.il
convient de laitier fubfifler d'autant moins longtemps
tel Sainfoin, qu'il aura été plus détérioré. En
général, il vaut toujours mieux avancer que recaler
le terme de fa durée.
Trois ans paroiffent le moindre, & doute ans le
plus long terme qu'on doive donner de durée au
Sainfoin.
Regarnir un vieux Sainfoin,'en y femant de la
graine, eft toujours une.mauvaife opération.
Il exifle plufieurs variétés de Sainfoin connues :
l'une a les fleurs blanches; l'autre eft plus grande
dans toutes fes parties ; une troifîème' eft .plus
précoce; ces deux-ci font préférables au type : la
dernière furtout pouvant donner une coupe de
plus dans les départemens du Nord, doit y être
exclufivement cultivée. Déjà elle fe voit abondamment,
fous le nom de Sainfoin chaud, dans les
environs de Péronne , où elle a été introduite pat
mon excellent ami Debuire de Pincepré. On peut
en trouver de la graine chez. M. Vilmorin, grainetier
à Paris. '
A raifon de la hauteur de fes tiges 8c de la largeur
de fes feuilles, le Sainfoin à bouquets, ou
Sainfoin d Efpagne, doit être plus avantageux à
cultiver que le précédent dans tous les climats où
les gelées de l’hiver, auxquelles il eft extrêmement
fenfible, ne peuvent l'affeâsr. C'eft lui qu'on cultive
avec tant de fuccès à Malte, fous le nom de
fa l lu , & dont mon célèbre ami Roland de la Pla-
tière a fait un fi bel éloge dans fes Lettres fu r l'Ital
ie , ouvrage trop peu connu, quoique rempiid'ob-
fervations nouvelles & de confidératioms importantes
fur l'agriculture St les arts.
Ainfique le Sainfoin ordinaire, leSainfoin à bouquets
fe plaît dans les terres calcaires les plus fè-
ches Sr les plus brûlées par le foleil, & y donne
de très-richesjécoltes. C'eft un bienfait principa-
lerr.entpour l'île de Malte, dont l'aridité eft paffée
en proverbe. Sans lui on ne pourroit y nourrir
d’autres beftiaux que quelques moutons & ouel-
ques chèvres, encore ceux-ci feroient-ils expofés à
mourirde faim pendant l’é té , époque oùla plupart
des plantes fourrageufes fe déffèchent complètement,
au lieu qu’on y voit paftablement de chevaux
de lu xe , des mulets, en a(fez grand nombre,
St fuffilamment de vaches pottrl'ufagedes habitai».
Quelque favante que fo it, fous la confidération
du profit, la fabrication des te'rres dans l'île de
Malte ( i) , l’ ignorance de la culture s’y fait remarquer
relativement au fulla, dont onTe contente
de répandre la graine fur le chaume, après la récolte
, au lieu de la femer fur un bon labour.
Aufiï les produits qu'il fournit font-ils bien infé-
(D Dans cette île on-fabrique réellement de la terre en
pulvéïifanc les rochers.
férieurs à ce qu’ ils devraient être , quoiqu’ils
foient fort confidérablés fi on les compare à l'aridité
du fol & aux autres fourrages cultivés dans les
meilleures terres de cette île.
En Calabre j on fait Suivre cette vicieufe opération
d’ une autre encore plus vicieufe, c ’eft de
l’incinération des chaumes, incinération dont la
fuite eft la deftruélion des abris & de l’humus four»
nis par ces chaumes.
Quand une fois le fulla a été femé dans un
champ , on en obtient, l’année de jachère, une
récolte abondante, au rapport de M. Grimaldi;
mais cette récolte prouve que les cultivateurs de
ce pays font fort peu inftru:ts des vrais principes^
car elle ne peut avoir lieu que parce qu’on
a laifié grainer des pieds au milieu des céréales
pendant les deux années qu’elles ont couvert le fol.
Il ferait bien pi us'avantageux de faire fuccéder
le froment & autres céréales au fulla, que de femer
ce dernier fur le chaume 5 mais dans le midi
de l’Europe, & même dans la plupart des pays
chauds, on croît encore, comme On croyoit il y a
cent ans dans toute l’Europe, que la culture du
froment devoit toujours ê:re la principale, celle à
laquelle il falloir recourir le plus fouvent. V'oye-^
A s s o l e m e n t - 6* Su c c e s s i o n d e c u l t u r e .
Quelquefois la graine' de fulla, favorifée par les
pluies, lève en peu de jours, & alors le femis
prend, avant l’h iv e r , une force fiiffifante pour
pouvoir réfifter aux petites gelées qui quelquefois
fe font reffentir à Malte; dans le cas contraire, les
frais du femis font perdus en partie ou en totalité.
La mauvaife culture dont j’ai déjà parlé, fait que
les champs de Malte font infeftés de chiendent,
dont la multiplication nuit beaucoup à la croif-
fance du fulla. Il faut donc le farder., & on le
farcie; mais combien cette opération doit être.
* peu fruétueufe ! Ce n’ efi pas en le fardant qu’on
peut le détruire; deft par des cultures antérieures,
d’abord étouffantes, enfuite fardées. Voye^ M a u v
a i s e s h e r b e s & C h i e n d e n t .
C ’ eft ordinairement en mai qu’on fait la première
coupe du fulla; cependant, comme plus on
en fait & plus les profits font grands, comme plus
on le coupe de bonne heure, & moins fes tiges
font dures, il eft plus convenable d’ en faire la première
récolte dès que les fleurs commencent à
s’épanouir, ce qui a lieu en avril.
Etant vivace, le fulla peut, comme le Sainfoin,
donner des récoltes * pendant plufieurs années,
celles de la fécondé étant plus abondantes que
celles de la première ; mais à Malte on le cultive,
comme en France le trèfle , c’eft-à-dire , qu’on ne
le laiflfe fubfifter qu’ un an. Ainfi, après là fécondé
coupe, on le retourne pour mettre une autre culture
à fa place, le plus fouvent le froment ou
l’orge.
La coupe & la confervation du fulla ne diffèrent
pas de celles du Sainfoin commun.
On a le bon efprit, dans l’île de Malte, de réferver
une portion de champ pour donner exclu-
ftyement de la graine de fulla. •
.Tout ce que j’ai dit plus haut, à i’occafion des
foins à donner à la récolte, au nettoiement & à
Ja confervaiion.de la graine du Sainfoin commun,
s’applique à celle-ci. . , ,
11 eft à defirer que la culture du Sainfoin a bouquets
s’étende dans les parties méridionales de la
France, où elle n’ eft connue que dans un p a ît
nombre de lieux, parce que fes réfultats font bien
plus profitables que ceux du Sainfoin commun.
On a, à différentes époques, tenté d’introduire
la culture de cette efpèce dans les dépattetnens
fepeentrionaux ; mais comme on ne peut femer fa
graine qu’au printemps, à caufe des fortes gelées
ou des pluies fréquentes de l’hiver, on n’en ob--
tirnt qu’une récolte, encore n’eft-ce que lorfque
les étés & les automnes font chauds ; ce qui arrivé
rarement. Là donc on fe borne à en femer
quelques graines en pots , qu’on place fur une
couche à châfils, & dont on repique le plant,
lorfqu’il a cinq à lix feuilles , dans un lieu expofé
au midi, pour jouir, en automne , de fes belles
fleurs. ( B o s c .)
SAINT-ÉTIENNE : variété de Froment.
SAINT-GERMAIN : variété de Poire. Voye£
POIRIER dans le Dictionnaire des Arbres & Ar-
bufies.
SAINTE-NEIGE. On donne ce nom au Chiendent
dans Je Médoc.
SAJORE. La Plukenét-ie porte ce nom.
SAISON : divifion de Tannée en quatre parties,
d'après le cours du foleil & l’ influence de fon action
fur la végétition, & par conféquent fur les
travaux de l’agi iculteuh
Les quatre Saifons s’appellent le Printemps 3
l’Ê rÉ, I’Automne & l’Hiv ER. Voye% ces mots.
Les Saifons, dans la. théor ie, ne coïncident,
pas rigoureufement avec leurs correfpondantes
dans la pratique : ainfi, aftronorniquement parlant,
le printemps commence toujours au 20 mars,
l ’été au 20 juin, l’automne au 20 feptembre
& l’hiver au 20 décembre ; mais pour ie cultivateur
elles varient dans tous les,climats, c’eft-. à-
dire, fous toutes les latitudes , & chaque année
dans le même climat. Par exemple , lorfqu’ il ne
gèle plus, il dit que le printemps eft arrivé ; &
cette époque, à Paris, eft quelquefois retardée
jufqu’à la mi-mai.
On ne peut donc confidérer les Saifons d’une
manière abfolue dans un ouvrage fur l’agriculture
en général; ik lorfqu’ on eft obligé de le citer,
il faut toujours indiquer le lieu qu’on a en vue.
| Très-fréquemment le fnot Saifon a une acception
détournée dans le langage des cultivateurs ;.
âinfi il fîgnifie l’année dans cette phrafe, fen fe -
mence doure arpens de froment par Saifon, phrafè
ufitée fréquemment dans les pays où la culture
triennale avec jachère eft encore en faveur; ainfi,
forfqu’un maraicher des" faubourgs de Paris dit 3je
commence aujourd hui ma féconde Soi fon , il entend
qu il couvre pour la fécondé fois fon terrain de
productions annuelles défiinées à 'ê tre confom-
mées avant leur complète évolution. Voyc^ Ja chère
& Ma r a îc h e r .
La fortune des cultivateurs dépend de la fucctf-
flon-régulière des Saifons plus que de toute autre
circonfiance, parce qu’ils ne peuvent la prévoir,
& par conféquent y apporter des remèdes, du
moins en grand, lorsqu'elle ne lui eft pas favorable.
Il eft impoüible d’ailleurs que cette fucceftïoa
foit complètement conforme aux tiefirs de tous,,
puifqu’ cile ne peut être la même , avec avantage ,
non-feulement dans tous les climats, mais encore
dans le même climat pour toutes les exportions,
les natures desserres , les fortes de cultures, & c .
' Les Saifons font ou trop froides , eu trop
chaudes, ou trop fèches , ou trop humides; le
tout dans des combinaisons fans nombre, relativement
aux climats, aux expofitions , aux natures
des terres, aux fortes de cultures. La plus avantage
ufe‘ eft celle cù la chaleur la plus convenable
alterne avec des pluies Suffisantes.
Gomme c’eft le froment qui eft l’ article le plus
précieux de nos cultures , je le prendrai pour
exe mple : o r , il eft reconnu que, dans le climat de
Paris, lorfque l’hiver eft trop fec ou trop froid ,
il ne prend pas allez de corps ; s’ il eft trop humide,
il pourrit plus dans les terres fortes, dans les expofitions
Septentrionales 5 s’il eft trop court ou
trop chaud, il pouffe trop en herbe. Si le printemps
eft en.même temps chaud & humide, il pouffe
encore plus en herbe, ou devient Sujet à verfer,
ou donne peu de grains > s’ il eft fec ou froid, la végétation
fe ralentit, & il eft faifi par les premières
chaleurs, de manière à donner & peu de paille &
peu de grains. Si l’été eft trop humide, les grains
mûriront tard, & feront çxpofés à germer dans Lur
balle ; s’il eft trop fe c , ces grains relieront petits,
feront retraits, & c .
Toutes les cultures font fournies aux mêmes
inconvéniens , ainfi qu’ on le verra aux articles
qui les concernent.
Ce dont je viens de traiter eft fufceptible de confédérations
fort étendues; mais comme ces confédérations
font l’objet de la plupart des articles
fpéciaux de cet ouvrage, je me difpenfe de les
rappeler ici.
Les travaux de l’agriculteur varient félon les
Saifons, & leur énumération ferait ici indifpen-
fable , fi je n’avois eu foin de les indiquer à chacun
des douze mois de l’année, aux articles desquels
je renvoie le leéteur. (B o s c .)
•SALACE. S a l a c ia .
Arbriflfeau de la Chine encore imparfaitement
connu, mais qui paraît devoir conftituer feul un
genre dans la gynandrie tdandrie.