
à Windfor, & dans beaucoup d’exploitations rurales
du même pays, on fait parquer les moutons
fur les jeunes Trèfles pendant l'hiver , ce qui ne
diminue en aucune manière le produit des deux
coupes de l’année fuivante, & augmente la récolte
du froment qui lui eft fubftitué.
Dans les départemens voifins du Rhin , ou la
culture du Trèfle eft en grande faveur , & où on
nourrit généralement les beftiaux" à l'écurie , un
arpent de 40,000 pieds carrés paflfe pour fournir
de quoi nourrir une vache au vert pendant deux
cent quarante jours. Voye^ N o u r r i t u r e a l e -
t a b l e . . . , Les cochons aiment extraordinairement le Trèfle
frais , & c'eft une très-bonne chofe que d'en
couper le Trèfle , un beau jour qui en annonce
une fuite d'autres ( v o y e^ P r o n o s t i c ) , & en
brufquer la defliccaiion en le retournant fouvent,
en le mettant en petites meules dès qu'on craint h
pluie, en l'éparpillant fur des claies, fur des fagots,
Il eft cependant un moyen de prévenir les in-
convéniens d'un temps pluvieux , &, quoique
coûteux, j’en confeille l'adoption aux cultivateurs
donner de temps en temps à ceux qui ne font pas
encore à l'engrais. Beaucoup de cultivateurs, em-
barraffés de nourrir leurs élèves au printemps,
trouveront çn lui une reffource allurée. V o y e \
C o c h o n . La coupe du Trèfle doit fe faire dès que les
premières fleurs font tombées ; plus tôt il feroit
moins naurriffant & moins abondant} plus tard
il feroit plus dur, il épuiferoit davantage le fol, &
on auroit moins d.e coupes. ( Voye[ F a u c h a i -
s o n & P r a i r i e s . ) Cependant il eft fouvent des
convenances qui autorifent à mettre ce principe
de côté. Par exemple, lorfqu'on nourrit les vaches
à l'étable & qu'on n’a pas d’autre fourrage frais,
lorfqu’au printemps on ne peut pas , à raifon de la
pluie, conduire les moutons au pâturage, &ç. &c.
Il n’y a jamais d'inconyéniens pour le Trèfle à
le couper fouvent, nuis il y en a à le couper trop
t a r d . Vàye^ S e m e n c e .'
11 eft toujours à defirer cependant qu’il pleuve
peu après'1,a coupe des Trèfles, afin qu’ils puiffent
repouffer de fuite & préparer une autre coupe.
Quand on peut l'arrofer par irrigation, <?n ne doit
en conféqqehce jamais fe refufer à le faire. V o y e 1
I r r ig a t io n 6* A r r o s e m e n t .
T A raifon de la groffeür de fes tiges de la
quantité d’eau que contiennent fes feuilles, la
defficcation du Trèfle eft plus difficile que celle
des autres fourrages. Quelque favorable que foit
le temps, il arrive fouvent qu'il noircit, & que
beaucoup de feuilles fe détachent. Cette dernière
circonftance rend très-nuifible le S a u t a g e , cette
opération d'ailleurs fi propre à faire arriver au but.
( V o y e [ ce mot.) llii’eft pas rare de voir des Trèfles
avoir perdu la majeure partie de leurs feuil.les > &
n’être plus propres par conféqucntqu'à jeter fur le
fumier.
Mais le plus grand inconvénient, ce font les
pluies qui ont lieu après la coupe lorfqu'elles durent
plufieurs jours ; alors il n'eft pas rare de perdre
la récolte entière ou de l’obtenir tellement détériorée,
quelle n’eft plus bonne qu'à faire du fumier.
Pour diminuer, autant que poffjble, la probabilité
de :cet événement, on doit çhpifir, pour
} c'eft de ftratifier le Trèfle., foit avec Rou-
gier. de la Bergerie & Gilbert, après l'avoir laiffé
deux ou trois jours fe faner fur le champ , de l’apporter
fur le grenier & de 1-y mettre par couches
avec de. la paille en égale quantité , en établiffant I
de diftance en diftance, au moyen de fagots d’épine
, des courans d’air propres à favorifer la defficcation
, foit avec Cretté de Palluel & Hell, en
apportant la paille dans le champ ( celle d'avoine
de préférence ), & en roulant les andins avec elle.
La paille ftratifiée avec le Trèfle prend une partie
de Ion odeur, ainfi que de fa faveur, & fe def-
fèche moins, de forte qu’elle eft plus agréable
aux beftiaux, que celle qui n’a pas fubi cette opé-
tion. Tl tft donc fort avantageux de l'exécuter,
principalement fur le Trèfle de la dernière coupe,
qui, à raifon de l’abaiffement de la température,
eft plus difficile à deffécher, & qui eft générale- j
ment confacré à la nourriture des vaches ou des j
moutoins pendant l’hiver. V o y e ^ P a il l e & Reg
a in .
Dans toutes autres cireonftances que celles que
je viens de mentionner, il faut ne rentrer le Trèfle
que lorfqu'il eft parfaitement fec; car il eft,
par les mêmes caufes qui retardent fa defficcation,
plus fujet à s’échauffer, à fe moifir & à fe pourrir,
que les autres fourrages.
Lorfqu’il eft en grande maffe, comme on n’en a
que trop d'exemples, fon échauffement peut aller
jufqu’à l'inflammation, & par fuite à l'incendie des
bâtimens 5 lorfqu'il eft moifi ou pourri, il n'eft
plus propre qu'à faire du fumier.
Cette difficulté de deffécher complètement le
Trèfle & de le confetver fans altération en malle,
fait que la plupart des cultivateurs, malgré le plus
grand encombrement qui en réfulte, le font bot-
teler fur le lieu même où il a crû. Par ce moyen
ils ont njoins à craindre la perte totale de leur re- j
coite, puisqu'il y a un courant d'air plus .confiée-
râble entre les interftices laiffés par les bottes;
mais quelques bottes, même beaucoup de bottes,
peuvent s'altérer à leur centre.
Le$ meules de Trèfle ne diffèrent pas de celles
des autres fourrages dans leur fabrication; cependant
comme la fermentation y eft plus à craindre,
o,n les fait généralement plus petites, & on les
écarte davantage les unes des autres.
V 'o y e i , pour le furplus des précautions à prendre
pour la cqn.fervadon du Trèfle dans les greniers
©u en meules., au.mot P r a i r i e .
On a prop.ofé à différentes reprifes de confervet
le Trèfle de la dernière coupe , lorTque l’état de
la faifon ne permettoit pas de-le fécher , dans des
tonneaux remplis d’eau , mais je n'ai jamais vu ce
moyen employé en France. Il n'y a cependant pas
de doute qu'il doit remplir fon objet, au moins à
l’égard de la nourriture des vaches &: des cochons ;
il faudroit feulement veiller à ce que le Trèfle fût
toujours couvert d’eau , & que le tonneau né
perde pas.
Dix milliers de fourrage fec font la quantité
moyenne que fournit un arpent de Trèfle dans un
xerrain de bonne qüalité.
Semé avant l’hiver, le Trèfle, comme je l’ai
déjà obfervé, peut donner une ou deux coupes
l'année fuivante, lorfque tout lui a été favorable 5
cependant on ne doit pas, en principe général,
regarder cela comme un avantage, puifqu’alors il
commence à dépérir dès la fécondé année , année
qui^ s’il eût été femé quatre mois plus.tôt, eût
été celle de fa plus grande vigueur.
Non-feulement le Trèfle fe cultive avec profit
pour fa fane, mais encore pour la graine; il faut
donc s'occuper des moyens d'affurer une abondante
récolte de cette dernière, pour fon propre
ufage & pour le commerce. Souvent, par fon exportation
en Angleterre, cette graine forme leprin-
eipal revenu des exploitations rurales du nord de
la France. Le plus communément on réiervela fécondé
coupe de la leconde année des Ttèfles pour
femenee , parce que la première paie le loyer &
l’impofition de la terre, & que la graine, ainfi que
le regain, eft toute en bénéfice. Cette pratique
peut aufli être fondée, dans les bonnes terres, par j
la luxuriance du Trèfle , qui alors pouffe trop en ;
feuilles pour que les graines groffiffent beaucoup j
( voye^ F e u il l e s ) , ainfi que par la plus grande
abondance des mauvaifes herbes ; cependant lorf-
qu’il eft femé dans les terrains de médiocre qualité,
& encore plus dans les mauvais, il feroit très-avantageux
aux femis futurs de préférer la graine de la
! première. Si, malgré cepuiffant motif, on perfifte à
vouloir tirer la graine de la féconde, il faut faire la
première coupe de trèsrbonne heure, par des rai-
lons que je n’ai pas befoin d’expliquer. La pire récolte
eft celle qu'on demande à ia troifieme coupe,
fa graine , du moins dans le climat de Paris & plus
au nord , ne parvenant qu’à moitié de la groffeür
de celle des autres, & ne mûriffant jamais complètement.
Voyei G r a i n e .
C’eft parce que les Hollandais fe conforment
aux principes que je viens, d’émettre, que leur
graine de Trèfle a acquis tant de réputation, &
qu’ils en font un commerce fi étendu & fi profitable.
La maturité la plus complète eft indifpenfable
à la bonté & même à la confervation dé la graine
de Trèfle; il faut donc ne faucher les champs def-
tinés à la fournir, que lorfque cette graine eft devenue
brune, ce qu'on reconnoît en ouvrant quelques
gouffes. Encore ici des cultivateurs avides ,
pour tirer quelque parti de ce Trèfle pour four-
A g r i ç u ltu r e . T om e V I .
rage, devancent ce moment au grand détriment
de la qualité de leur graine.
La! récolte du Trèfle pour graine s’exécute pofi-
rivemenc comme il a été dit relativement au Trèfle
pour fourrage, les gouffes ne s’oüvrant pas par
les fecouffes du fanage ; feulement il convient de
moins preffer fa defliccation , pour que la graine
profite des reftes de fève qui fe trouvent dans la
tige. On rentre cette récolte & on l’empile dans1
un grenier, encore ainfi qu’il a été dit j- mais jamais
on ne la ftratifie.
Comme généralement la place1 manque aux cultivateurs,
ils font prefque tous dans Tufage. pour
rendre plus tôt libre celle qu’occupe le Trèfle pour
grairie, à le battre peu apresfa rentrée'; cependant
il y a beaucoup davantage* à attendre'le plus tard
poflible, même jufqu’au moment de la vente ou
du femis, les graines fe confervant beaucoup mieux
dans leur gouffe qü’autrément. ( Voye\ G r a in e .)
Si, malgré cette ob fer va tion , on fe détermine à
battre la graine de Trèfle peu après fa réco’te, il
faudra , après fon vannage & fon criblage, l’étendre
fur un plancher & la remuer tous les jours ou
tous, les deux jours, jufqu’à ce q ne lie foit complètement
fèche 5 car il arrive fouvent qu’elle
s'échauffe & moi fit en tas, &, ainfi que je l’ai vu ,
qu’elle fe perd en. partie ou en totalité.
Les fouris font très-avides delà graine de Trèfle,
& en confomment beaucoup fi on n’emploie pas
tous les moyens poffibles pour la garantir de leurs
ravages, foit avant, foit après fon battage.
Le fléau a très-peu d’aétion fur les gouffes qui
renferment les graines de Trèfle ; en conféquence
on eft forcé d’employer, pour l’obtenir, des machines
qui broient. Dans la ci-devant Normandie,
où on fabrique beaucoup de cidre & où on fait
un affez grand commerce.de graine de Trèfle, on
foumet les gouffes à l’aélion de la meule à écrafer
i les pommes. En Hollande, c’eft un moulin à farine,
dont les meules font convenablement écartées,
qu’on emploie. On peut aufli en nettoyer de petites
quantités fur une table, avec un rouleau, ou
dans un grand mortier de bois ou de pierre.
La graine de Trèfle, comme je l’ai déjà obfervé,
eft bonne pendant plufieurs années ; mais quoiqu’on
ait prétendu le contraire , celle de la dernière
récolte eft toujours préférable. I! en faut de
quinze à vingt livres pour femer un arpent, plus
ou moins, fuivant fa qualité, qui, d’3près ce que
je viens de dire, varie beaucoup, & fuivant fa
qualité, & fuivant la nature de la terre où on la
place. • ' ,7 •'*
Toutes les volailles aiment beaucoup la graine
de Trèfle. Elle eft principalement très-bonne pour
les pigeons.
On dit que cette même graine eft employée
pour la teinture en jaune, & que c’eft pour cet
u fige que les Anglais en tirent tant de la ci-devant
Normandie.
Rarement il eft avantageux de conferver plus de
T t t