
ques, font dans le même cas ; ainfi toutes les j
fois qu’une graine fe développe plus tôt que fa voi-
fine , elle s’oppofe, en la comprimant, à fon ac- jj
croiffemenr.
On juge de la bonté des graines par leur colora- i
tion & par leur poids ; mais chaque efpèce ayant
une coloration & un poids différent, il n’eft pas
poflible de les indiquer ici. C ’eft une des mille &
une circonftances où l’expérience feule peut guider
avec quelque certitude. Je dirai cependant qu’en
général les graines les plus mauvaifes furnagent,
& qu’ainfi on peut les féparer des autres par l'immer
fion de la totalité dans l’eau.
Il eft d’obfervation que lorfqu’on veut avoir
des produits vigoureux & bien garnis de feuilles,
on doit femer des graines de la dernière récolte ;
mais que quand on veut obtenir des fleurs , des
fruits ou des racines, il eft préférable d’employer
de vieilles graines. C e principe s’applique principalement
aux A némones , aux Me l o n s , aux
O ignons, Voye^ ces mots.
La graine de froment de la plus belle apparence
porté quelquefois fur elle le germe de la deftruc-
fion des produits qu’on en attend, c’ eft-à dire,
les bourgeons féminiformes de la C ar ie & du
C h a r bo n . Il faut, avant de. la femer, détiuire
ces bourgeons au moyen des caufliques, tels que
la C h aux , la Po t a s s e , le Sulfate de cu iv
r e , & c . Voyei ces mots.
La plupart des Semis fe font avec des graines
dépouillées de leurs enveloppes, mais il en eft
qu’on met en terre avec ces enveloppes. Pour ce
dernier c a s , je citerai principalement le Sa in f
o in . Voye\ ce mot.
Il eft des graines, même en afl?z grand nombre,
qui perdent la faculté de germer par leur deffic-
cation : celles-là doivent donc être femées auflitôt
que récoltées, ou mifes dans de la terre jufqu’ à ce
que le temps de les femer foit arrivé. Voyeç Ge r -
m o ir & S t r a t if ic a t io n .
Les cultivateurs de l’Amérique feptentrionale,
plus réfléchis & par conféquent plus inventifs
que les nôtre s , ont penfé qu’ en mettant de vieilles
graines dans \ine eau mêiée de boufe de vache,
& entretenue pendant plufieurs jours, au moyen
du feu , dans une température élevée de trente à
quarante degrés, on en faciliteroit la germination,
& l’expérience a prouvé la jufteffe de cette
idée , au dire d’un journal de cette contrée.
Puifque l’eau eft néceffaii e à la germination des
graines, il faut, autant que poflible, ne femer
qu’après la pluie ou fur une terre nouvellement
labourée. Tremper les graines dans l’eau avant de
les femer eft bon dans la petite culture, où on peut
arrofer à volonté, mais a de grands inconvéniens
dans la grande, lï la Sécheresse fe prolonge. Voy.
c e mot.
Plus les terres où on fait des Semis font meubles,
8c plus on doit être affuré de la réuffite de ces
Semis, pourvu que la féchereffe & le froid ne furviennent
pas. C ’eft principalement ce qui rend fl
néceflaires les nombreux labours dans les terres
fortes. Pour diminuer les effets de la féchereffe,
ôn Roule ou Plomb e les terres légères. Voyez
ces mots.
C ’eft parce que la terre de bruyère eft très-
meuble, que tous, les Semis y profpèrent lorfqu’on
peut les arrofer. ( Voye^ T e r r e . ) Cependant
les groflfes graines lèvent aufft fort bien dans
| les terres compactes, parce que leur Radicule
& leur Plumule ont affez de force pour les pénétrer.
Voye% ces mots & celui Germ in a tio n .
Des plantes dont on mange les feuilles-gagnent
à être femées dans les terres fertiles, parce qu’elles
y pouffent plus vigoureufement, & celles dont
on mange les racines ou les fruits dans les terres médiocres
, parce que les premières y font meilleures
& les fécondés plus productives. Voyez Feuilles.
La groffeur des graines détermine le degré de
profondeur où il faut les enterrer. Une noix lève
quoiqu’elle ait quatre pouces d’épaifTeur de terre
.fur elle , & une graine de bouleau pourrit fi elle
en a feulement une ligne. La connoiffanee des
faits relatifs à cet objet eft néceffaire aux cultivateurs.
Les très-petites graines ne doivent même
pas être enferrées. Pour les garantir de la féchereffe
pendant leur germination, on couvre la terre
de moufle, de menue paille, de branches d’arbres
garnies de feuilles. Voye% Ha le .
La terre eft-elle très-humide , enterrez peu
votre grain. Ce principe s’applique principalement
aux graines qui lèvent rapidement, telles que
celles de C o l z a , de N a v e t t e , de C h an v
r e , &c.
Si des graines font enterrées de manière à ne
pas reffentir affez puiflamment les influences de la
chaleur folaire, elles ne germent point & fe con-
fervent un laps de temps indéterminé; les labours
ou les défoncemens les ramènent-ils à ,1a furface,
elles reprennent leurs facultés. C ’eft pourquoi on
voit les champs les mieux fardés, les mieux binés,
donner toujours de mauvaifes herbes.
L’air eft nécèflaireà la germination des graines;
mais quelques-unes, comme celles des bruyères,
demandent qu’ il foit prefque ftagnant. Voy. A ir .
L’ombre eft avantageux au mêmë objet ; cependant
il ne faut pas qu’il approche de l’obfcurité.
Voye{ O m br e .
Les Semis des graines fines doivent furtout être
abrités des rayons du foleil de midi avec. des. toiles,
des claies , des branches d’arbres , & c . Pour
fe difpenfer de ce foin, on les fème fouvent dans
les pépinières, au nord d’ un mur, ou derrière des
paliflades d’arbuftes peu ferrés , à travers ief-
quelles quelques rayons de foleil peuvent paffer.
Lorfqu’ on veut avancer la germination des graines
dqj légumes pour avoir des P rimeurs , on
les fème dans un terrain fe c , ou dans une Bâche,
ou fous un C h â s s is , fur une C ouche nue, fur
un A dos , contre un Mur expofé au midi. On l’avance
encore en couvrant les Semis, pendant la
nuit, avec des C aisses , avec des C lo ches, avec
des Pa illassons , &c. ( Voy. ces mots. ) On agit
de même à l’égard des graines des pays inter tropicaux
qui ont befoin d’un haut degré de chaleur
pour germer. Si au contraire on veut retarder la
germination des graines, ce qui eft rare, on les
fème au nord, on les enterre beaucoup, on les ar-
rofe avec des eaux de puits ou de fontaine.
Les différens modes de femer s’appellent, en
Pleine t e r r e , fur C o u c h e , en C a is s e , en
T errine, à la V olêe, en Ra yo n s ou Ran gé es,
Seul a seul. Ce dernier ne s’applique ordinairement
qu’aux groffes graines des arbres dont on
veut enlever le Piv o t . Voye\ ce mot.
M. Dumont-Courfet, qui a porté l’attention
des pépiniériftes fur tant de pratiques nouvelles,
obferve que, lorfqu’on fème en.terrine ou,en pot,
il eft avantageux de répandre la graine circulaire-
ment à un pouce des bords, afin qu’elle profite
davantage de la chaleur.de la couche, & qu’ il foit
plus facile de féparer le plant lorfqu’il faudra le
repiquer. Voye% C ouche & T er r in e .
Lorfqu’on ne veut pas tranfplanter les produits
d’un Semis , on dit qu’ il eft fait a demeure.
Certains Semis doivent être très-ferrés par un
motif étranger à la culture, comme ceux de Lin
& de C h a n v r e pour faire des toiles fines, ceux
des Pr a ir ie s a r t if ic ie l l e s , des plantes defti-
nées à être enterrées pour E ngr a is (voyeç ce s
mots) ; mais tous ceux deftinés à prôduire de la
graine doivent être toujours peu épais, à raifon
de ce que les plantes trop rapprochées s’affiment
réciproquement par leurs racines , s’étiolent réciproquement
par leur ombre , & reftent par conféquent
toujours foibles. (Voy. R acine 6’ Ét io -
lemfnt.) On ne .répue pas entièrement le mal,
comme le croient la plupart des cultivateurs, en
éclairciffant le plant par l’enlèvement d’un nombre
de pieds plus ou moins confidérable, parce que le
plant qui a pouffé, faiblement dans fa première
jeuneffe refte faible long-temps, & même toute
fa vie. Il eft cependant,, je ne puis m’empêcher de
l’avouer, un grand nombre de cas où on ne peut
fe difpenfer de femer épais ; c ’eft lorfqu’on n’eft
pas certain de la bonté de la graine, iorfqu’ on
craint les ravages des oifeaux ou des campagnols.
Ceux qui fpéculent , en Normandie , fur la
vente du plant de pommier & de poirier, évaluent
à 300,000 celui qu’ils retirent d’ un arpent femé
en graines de ces arbres. Les plants d’orme, de
robinier, doivent être à peu près dans la même
proportion; mais ceux de châtaignier, de chêne,
de frêne, d’érable, en moindre nombre.
Beaucoup de circonftances influent fur l’ époque
de la levée des graines. Quoique quelques-unes
aient déjà été indiquées, je dois les remettre ici
fous les yeux du leéteur : i° . la nature de la
graine , toutes variant à cet égard ; 20. celle de la
terre, les Semis faits dans les terrains fecs & chauds
étant plus précoces que ceux faits dans les terrains
humides & froids; 30. la proportion de l’humir
dite de la terre avec la nature de la graine, trop
peu ou trop étant également défavorable ; 40. là
chaleur de l’ atmofphère ou de la t^rre, chaleur
dont chaque efpèce exige un degré différent ;
la profondeur à laquelle chaque graine eft enterrée.
Les Semis des plantes qui ne craignent pas la
gelée peuvent fe faire toute l’année ; mais c’ eft en
automne & au printemps qu’on en fait le plus'.
Cependant ces derniers donnent généralement
des productions plus foibles, parce que ces pr< -
duétions parcourent trop rapidement leur évolution
, qu’elles font frappées par lés féchereffes
ou les chaleurs avant d’être parvenues à toute
leur grandeur. Les Fr o me-ns de mars, les V es-
ces d’é té , les P ieds-d’a lo ue tt es montrent annuellement
ce réfultat.
C ’ett furtout dans les terres légères & fèches,
expofées au midi, que les Semis d’automne doivent
être préférés, parce que là les pluies de l’hiver
6c la végétation qui a lieu pendant cette fai—
fon , permettent aux plants qui en réfultent d’approfondir
leurs racines, & de braver les féchereffes
du printemps & de l’été.
Dans les terrains trop fertiles ou trop fumés M
on feme les fromens plus ràrd pour é v ite r , ou
qu’ ils donnent plus de paille que de grains, ou
qu’ ils verfent au printemps; ce qui prouve que
c’eft les affoiblir que de les femer ainfi dans ces
terres, & encore plus dans celles qui font maigres
ou non fumées.
Des irrigations ou des arrofemens à main
d’homme font fouvent Utiles à la réuflite du Semis,
comme on a pu le juger d’après ce que j’ ai dit
précédemment ; mais il ne faut pas les prodiguer,
parce qu’ils refroidifftnt la terre, & , ou font
pourrir les graines, ou occafionnent l’étiolement
du plant. On appelle plant pouffé a l'eau celui qui
a été trop arrofé ; il eft long, mais foible. Un
bon cultivateur doit le repouffer de fes plantations
, furtout dans les terrains fecs , à raifon de
l ’incertitude de fa reprife, & du peu de vigueur
des arbres qu’il forme lorfqu’ il reprend.
Une pluie battante dérange fouvent les Semis,
& même entraîne la graine au loin ; elle déchaufle
le jeune plant & caufe par-là fa perte. Il eft difficile
de prévenir fes défordres autrement qu’en faifant
de petites digues de fix pouces de hauteur & de
bafe autour des planches, & c’eft ce qu’on pratique
ordinairement dans les pépinières bien montées.
La gelée nuit fouvent au produit des Semis,
même des plantes indigènes. Cela tient à ce que
le plant eft plus aqueux que la plante faite. On
prévient fes effets en femant dans des S e r r e s ,
dans des Bâ ch e s , fous des C hâssis, fous des
C loches , en couvrant ce plant avec des Pa il l
a s so n s , de la F o u g è r e , de la Mou s s e , & c.