
aucun autre foin que d'être couvertes de litière,
de fougère ou de feuilles fèches pendant les fortes
gelées d'hiverj c‘eft-à-dire, pendant celles de.
quatre à cinq degrés au-deffous de zéro 3 prolongées
pendant quelques jours, car elles ne leur
font du mal qu'autant qu’elles atteignent au-
deffous de l'oignon. Cette litière , cette fougère
ou ces feuilles fe retirent dès que les gelées font
paffées, mais fe laiffent dans les fentiers pour
pouvoir être de nouveau répandues fi de nouvelles
gelées l'exigent.
Quand la fleur commence à fe. montrer, il n'en
eft plus de même; les plus petites gelées, furtout
fi lefoleil paronenfoite, fnflifent pour anéantir l'ef-
poit de la floraifon & pour affoiblir l'oignon pour
plufieurs années. Alors donc ileff ittdifpenfable de
couvrir les planches tous tesfoirsoù les gelées font
à craindre, non plus avec de la litière, de la fougère
ou des feuilles, qui feraient alors difficiles à
répandre, Sr furtoutàenlever fans-nuire aux feuilles
& aux fleurs, mais avec des paillaflons portés
fur des traverfes élevées-de trois à quatre pouces,
& aff=z longs & affez larges pour traîner, fur leurs
bords. Oit ôte ces paillaffons tous les matins lorf-
que la glace eft partout fondue. V o y e ç G e l é e ,
B r û l u r e , C o u v e r t u r e & P a i l l a s s o n . |
M. Feburier rapporte qu'une année, fes Tulipes
furent frappées d'tne gelée blanche en mai. Toutes
les baguettes éroienr renverfées. L les fit couvrir,
avant le lever düfofëii, avec des paiFlaffonsToute-
nus à deux pieds d'élévation. Les baguettes fe
redreffèreot l'après-midi , & les fleurs s'épanouirent
comme à l'ordinaire, feulement elles durèrent
moins long-temps. ■ ■
ATïffue de l'hiver, on donne tin léger binage
de propreté anx planches de Tulipes, 8c jnfqu'à
leur floraifon w ti'y a plus qu’à arracher lès mau-
vaifej herbes .qui s'y trouvent, &à faire, le matin,
ja chaiïe aux limaces ou aux efcargots qui pourraient
manger les feuilles, les tiges 8£ lés fleurs
des Tulipes: 1
Je n'entreprendrai pas de peindre l’éclat d'une
planche de Tulipes' pendant qu’elle eft en fleurs,
fi tes variétés qui É8 trouvent font toutes d'un
bon choix-, 8r dilpôfées d’une manière convenable
du foir. Alors la jouiffance eft prolongée depuis
huit à dix jours jufqu'à vingt ou trente.
Il eft des amateurs qui, pour prolonger encore
plus cette jouiffance, plantent une partie de leurs
planches feulement à la fin de décembre, de manière
, car je ne pourrais le faire qu'imparfâiremenc.
Ceft dans, le jardin de Mi Feburier à Verfailles,
de M. Soyers à Sarcelles, de M. Drieux a Paris,
&c. | qu'il faut en prendre une idée.
Mais fi le coup d'oeil d’une planche de Tulipes
eft magique , il eft de peu de durée fi le foleil la
frappe cônftamment. Il faux donc l'en garantir; Sr
c'eft ce qu'on fait, l’orfqu'elle n’eft pas au notd
d'un mur, d'une paliffade de paille, d’un maffif de
bois1, &c. i au moyen de toiles traînant prefqu a
terre du côté du midi, & permettant entièrement
la vue des fleurs du côté du nord, toiles fupportées
pardes arceaux élevés de quatre à cinq pieds
au-deflus du fol; Ou leSplace à huit ou neuf heures
du matin, & on les. enlève à quatre ou cinq heures
que les Tulipes qui les compofent, n’entrent
en fleur, furtout fi elles font placées au nord,
qu’au moment où les premières fe défleuriffent.
Pour que ces dernières foieut auffi belles que les
premières, il faut en avoir tenu les oignons dans
un lieu froid, l'entrée d'une glacière, pat exemple,
afin qu'ils tre s'affoibliflent pas pat un commencement
de végétation. Il eft néceffaïre de les ar-
rofet quelquefois dans les premiers jours de juin,
fi le temps eft trop fec.
Les Tulipes qu’on ne planterait qu'au printemps
, étant d'abord preffées & enfùite arrêtées
dans leur végétation par la chaleur, relieraient
plus petites dans toutes leurs parties , & leurs
oignons s’affoibl’iroient d’autant.
Avant la fin de b floraifon, les amateurs zélés
marquent les pieds les plus beaux & les plus dé-
fedtueux ave c des piquets portant des numéros
,en plomb correfpondans à un catalogue, pour
conferver les premiers avec plus de foin , & reléguer
les féconds'dans les mélanges ou les mettre
ati nombre des malades.
Quand la fleur eft paflee, on chffe oit coupe la
tige aux deux tiers de fa hauteur, afin d'empêcher
la graine de s'accroître, ce qui ne pourrait fe
faire qu'aux dépens du nouvel oignon & des caïeux
qui' l'accompagnent. V o y . G r a i n e 6*P i n c e m e n t .
Ce n’eft que torfqne la tige eft complètement
defféchée,c‘eft-à-dire, que l’oignon ne groffit plus
dtrtout, qtfon devrait toujours lever ce'dernier;
mais dans beaucoup de jardins, même chez des
amateurs éclairés, on le fait fouvent avant l’époque
précitée. Dans ce dernier cas, l'oignon achève
de mûrir dans le lieu où on le dépofe, lieu qui
doit être fec & aéré, & abrité du foleil.
Lorfque. les oignons font complètement defie-
chés, on en fépare fes caïeux & on les mit à
part. Cette opération s’exécute mieux fur ceux de
ces oignons qui fe font complètement defféchés
dans la terre, parce que leurs enveloppes font
plus minces. ...
If eft néceffaïre d'obfetver que des variétés
donnent beaucoup de caïeux cous les ans, & d'autres
n'en donnent que .de loin en loin & en fort
petit nombre. Ce fait n'eft pas aifé à expliquer;
cependant quand on confidète que ce font-tes plus
panachées, c’eft-à-dire, qui s’éloignent le plus de
l'état naturel, qui font prmcipaïementdans ce dernier
cas, orr eft porté à croire qu'il tient à 1 affoi-
bliffement de leur principe vital. V o y e ç P a n a -
CHDTÎ.ES.,' Les oignons des Tulipes font furets a plufieurs
maladie s , telles que ïe Bl a n c , la C a r i e fâche
Srhumide, & la P o u r r i t u r e . Celui qui en eft
attaqué ne donne point de fleurs ^ ; mais en rectrhaann-t
chant la partie malade avant de le mettre en terre,
il fournit prefque toujours des.caïeux. Un fyrphe,
dont l’efpèce n'eft pas bien connue , dépofe fes
oeufs dans fon intérieur, & la larve qui en provient
le détruit en partie. Il donne cependant, le
plus fouvent, également des caïeux. Les larves
des H a n n e t o n s (vers blancs) & les C o u r t i -
l i e r e s rongent fa partie inférieure. Les S o u r i s ,
les C a m p a g n o l s & les M u l o t s les dévorent en
totalité. ( V o y e [ tous ces.mots.) Ils font fufcep-
tibles d’être mangés par l’homme, foie crus, foit
cuits, mais rarement on a été dans le cas de les
utiiifer fous ce rapport.
Actuellement je n’ai plus qu’à parler du femis
des graines de Tulipe, dans le but d’avoir de nouvelles
variétés , pour compléter tout ce qu’il convient
de (avoir relativement à cette fleur.
Un amateur qui veut fe procurer des Tulipes
de graines, choifit fur fes planches les plus belles
& les plus vigoureufes variétés, dans les nuances
les plus rares , & il les marque. Ces pieds font
ménagés lors de la levée des oignons des autres,
levée qui a lieu trois femaines ou un mois avant
la leur. Cette dernière circonftance, dois-je ob-
ferver en gaffant, engage, dans les jardins de luxe,
à planter féparément les bulbes dont on a l’inten-
.tion de récolter la graine.
On reconnoîr que la graine eft mûre, à la coloration
& à l'entre-baîllement des valves de leur
capfule..
Lorfqu’on juge qu’elle eft arrivée à cet état,
on coupe les tiges & on les dépofe dans un lieu
fec & aéré jufqu’au moment des femis.
C’eft en feptembre du en o&obre, félon les j
climats, qu’il convient dèfemer la graine de
Tulipej alors on brife les capfules & on répand la
graine, foit,en pleine terre, après l’avoir préparée
comme il a été dit pour Implantation ,à l’expofition
du levant, foit dans des terrines remplies de terre
de bruyère, puis'on la recouvre d’un demi-pouce
de terreau ou de terre de bruyère.
Le femis en terrine eft préférable dans le climat
de Paris, en ce que ces terrines peuvent être
rentrées pendant l'hiver dans l’orangerie, & qu’on
peut les tenir cônftamment au. degré néceffaïre
d’humidité.
Lorfquè les gelées commencent à fe faire fentir,
on couvre les femis de fougère ou de feuilles
fèches, qu’on retire lorfquil fait fec & chaud,
pour les en recouvrir de nouveau lorfqu’il eft né- ;
ceflaire.
Le plant lève ordinairement en février ou en
mars} il n’offre qu’une feuille : on le farcie avec-,
foin, & on l’arrofe fl la féchertfle de la fai fon.
l’exige. L’année ftiivante, il demande lès mêmes
foins jufqu’au defléchement des feuilles, époque
où on relève les petits oignons pour les replanter
un mois après dans une planche expofée au levant
ou au midi, en lignes parallèles, à deux pouces
de diftance & à autant de profondeur. Là on les;
A g r ic u ltu r e , T o m e P I .
traiteqçommc les gros oignons; ils reftent encore
' deux ans dans cette planche, après quoi ils fe repiquent
autre part & commencent à fleurir.
L’amateur, dit M. Feburier, juge à la vue de
la première fleur de chaque oignon s’il a l'efpoir
d’en obtenir par la fuite de bonnes plantes. Il
examine avec foin les baguettes & la forme de la
fleur, & il arrache de fuite tous les oignons dont
la baguette eft foible & baffe; tous ceux qui ont
Jes pétales de la fleur pointus ou déchiquetés,
recourbés en dedans ou en dehors, trop courts
ou trop longs. L’année fuivante il pourfuit le
même examen fur les pieds qui n’ont pas encore
fleuri. Ces fouftraêtions fonc jeter deux tiers,
trois quarts & plus des oignons, mais elles fonc
nécelfaires pour s’éviter des peines & des dépènfes
inutiles.
Les Tulipes, continue M. Feburier, ne prennent
ni leurs panaches ni leurs plaqués les premières
années; on les nomme alors co u leu r s . Cé
n’eft qu’au bout de quatre, cinq, flx & même
dix ans que ces couleurs fe féparent; cependant,
dès la fécondé floraifon, on peut juger fi les
oignons font dignes d’entrer dans fa coileCtiora
bu ne font bons qu’à jeter. Les fonds blancs fe
panachent plus tôt que les fonds de couleur, ce qui
doit déterminer à les femer féparément, puifqu’on
peut, dès la neuvième année, décider définitivement
de leur mérite, tandis qu’on ne peut ïe.faire,
pour les fonds de couleur, avant la quinzième
année.
Pour éviter l’embarras & la dépenfe de la culture
de la multitude de caïeux qu'on eft obligé
de conferver pendant cet efpace de temps , avant
qu'on puïffe connoître ceux qui feront bons à
multiplier, quelques amateurs les jettent annuellement
au moment de la levée des oignons ; mais
l’oignon unique qu’ils réfervent peut fe perdre,
& avec lui le fruit de douze ans de peine. Pour
remédier à ce grave inconvénient, M. Feburier
voudroit qu’on femât la graine de chaque capfule
en terrines numérotées & qu’on en tint régi fixe;
puis, qu’après la première floraifon , on confervât
au moins trois oignons des terrinées qui donne-
roient le plus d’efpérance.
On voit par ces détails que la production des
Tulipes par femis eft fort difpendieufe, & ne
peut être entreprife que par des amateurs riches,
ou par des jardiniers qui , à force de privations ,
peuvent attendre du hafard une nouvelle variété ,
laquelle, par le prix élevé qu’elle confervera pendant
quelques années, les dédommagera de’leurs
avances.
Deux ou trois cents Tulipes ont des noms, la
plupart fans nul rapport avec leurs couleurs, leurs
formes, &c.; ces noms varient quelquefois de
jardin à jardin, & s’appliquent fouvent à plufieurs
variétés, &c. Src. Je ne crois pas devoir en donner
ici la lifte; en conféquence je renvoie aux Cata-
• Yyy