ment par économie, car les engrais lui font fort
avantageux ; ils font même indifpenfables dans les
terres arides : dans ce dernier cas on pourroit le
faire fuccéder à une récolte de farrafin enterrée en
fleur. V o y e i R é c o l t e e n t e r r é e .
Si la terre eft garnie de pierres, il faut l’en dé-
barraller, car elle s’oppoferoit à tout bon fauchage.
Cette opération peut être faite ou après chaque
labour, ou feulement pendant l'hiver qui fuit le
femis. A raifon de la dépenfe, on la fait le plus
fouvent à cette dernière époque. V o y e { E p ie r -
RF.MENT.
Il eft très-important, lorfqu’on veut obtenir de
belles récoltes , de choifir la meilleure graine
poffible, car il eft très-fréquent d’en trouver qui a
été recueillie ou avant fa maturité, ou fur des
champs épuifés, ou fur des troifièmes coupes.
V o y t [ G r a in e .
La bonne graine fe reconnoît à fa groffeur, à fa
pefanteur, à fa couleur brune-luifante. Il a été
conftaté par Gilbert que la graine de Hollande pe-
«foit un feptième de plus que celle de Normandie,
& ne perdoit qu’un neuvième au lavage, tandis que
la dernière perdoit un cinquième. Dix livres de
graines de Hollande fuffifent pour un arpent en bon
fonds, & il n’en faut que douze pour cette étendue
dans un terrain médiocre , tandis que quinze à
vingt livres ne font quelquefois pas fuffifances lorf-
.qu’on n’en a que de la mauvaife.
M. Yvart cite à cet égard des expériences qui
îui font propres, & qui ne laiffent aucun douté fur
J’avantage de la graine de Hollande fur celle des
autres pays.
C'eft la graine de la dernière récolte qu’on doit
toujours préférer, quoique quelques cultivateurs
penfentle contraire, car c’eft pour les tiges & les
feuilles, & non pour les fleurs & la graine, qu’on
Fème du Trèfle.V o y .F l e u r s d o u b l e s & M e l o n .
Un Trèflî feme trop épais, comme un Trèfle
femé trop clair, ne rendent pas autant qu’un Trèfle
femé convenablement ; car s’il eft important, pour
l’amélioration de la terre , qu’elle foit bien garnie
, il Teft auffi que les tiges ne foient,pas trop
•groffes, car alors lesbeftiaux lesrepouffent. Comme
je viens de l’indiquer, il faut femer plus épais, i°.
dans les mauvais terrains i 2°. dans ceux abondamment
garnis de mauvaifes herbes, afin qu’elles ne
puiffent pas dominer fur le Trèfle 5 30. lorfqu’on
veut enterrer la première récolte.
Si la graine de Trèfle étoit trop enterrée, elle ne
leveroit pas; en çonféquence c’eft fur le dernier
labour, au préalable é m o t t e ou r o u ü é , qu’on
doit toujours la femer. On h e r s e avec une nerfe
à très-petites dents, armée d’un fagot d’épines.
Quoique le Trèfle qui fe feme naturellement
germe avant l’hiver & brave cette faifon, il a été
prouvé , par des milliers id’expériences, qu’il y j
avoir à craindre en le femant alors ; qu’il périt, foit
par l’effet des gelées , foit par celui de l’humidité
fUrabondante.
Généralement on indique le mois de mars comme
l’époque ordinaire du femis du Trèfle, & cela eft
conforme aux principes pour le nord de la France,
l’Angleterre & l’Allemagne; mais dans le Midi.
& meme dans les terrains fecs & expofés au fo-
leil, il eft bon de femer en février & même plus
tôt. Cette remarque eft fondée fur ce qu’il pleut
davantage à la fin de l'hiver qu’au printemps, 8c
que plus le produit des femis a acquis de force
avant les fécherelfes , & moins il les craint.
Semer le Trèfle avec la luzerne n’eft pas une
bonne opération , attendu que, s’élevait moins,
il eft toujours étouffé par elle; cependant quelques
cultivateurs le font fous le fpécieux prétexte que
fi la terre ou la faifon n’eft pas favorable pour
l’une, elles le font pour l’autre. J’ai développé au
mot M é l a n g é les motifs qui, outre celui ci-
deffus, doivent faire repouffer cette pratique.
Prefque partout on affocie une céréale au Trèfle,
tant pour l’ombrager pendant fa première jeu-
neffe, que pour tirer un revenu de la terre l’année
même de fon femis. Ordinairement c’eft l’orge ou
l’avoine qu’on préfère , parce qu’ils s’élèvent
moins & fe fèment au printemps. On peut cependant
femer également au printemps fur les feigles
& les fromens en herbe, même en herfant, cette
opération , comme l’a prouvé Varennes de Fe-
nilles, étant très-avantageufe à l’accroiffement de
ces derniers.
On doit penfer qu’il eft néceffaire de diminuer,
au moins de moitié, la quantité de la graine qu’on
fème avec du Trèfle , quantité qui d’ailfèurs doit
varier félon les terrains.
Lorfqu’on ne fème point le Trèfle avec des
céréales, il faut mélanger fa‘graine avec moitié
en volume de fable ou de terre defféchée , pour
que le femeur puiffe la difperfer plus également.
Quoique ce foit avec des céréales qu’on fème
le plus communément le Trèfle, il eft cependant
des cas où on le’fème avec îë lin , le farrafin, la
fève, la vefce, la geffe, le pois gris, &c.
Selon la nature de la terre & l’état de l’atmof-
phère, la germination du Trèfle s’effe&ue plus ou
moins promptement, c’eft-à-dire, qu’elle eft plus
lente dans les terres argileufes & froides, dans
les expofitions feptentrionales, dans les années ou
trop fèches, ou trop pluvieufes, &c.
Un farclage eft prefque toujours indifpenfable
aux terre femées en Trèfle dans les pays où la
culture n’eft pas établie fur les principes d’un affolement
régulier. On l’exécute quelque temps
avint la monrée en tige de la céréale qui lui eft
affociée , c’eft-à-dire, dans le climat de Paris,
vers la fin d’avril. En lé faifant, on doic éclaircir
la céréale dans les places où elle eft trop ferrée,
Protégé par la céréale, le Trèfle fe fortifie pendant
le refte du printemps & une partie de l'été.
Il eft en état de fupporter les féchereffes de la fin
de cette dernière faifon, & profite mieux des cha*
leurs de l’automne. Lorfqu’on coupe la céréale,
il faut le faire plus haut qu’à l’ordinaire, pour
ne pas couper en même temps les feuilhss de
Trèfle. Aux approches de l’hiver il garnit le
terrain ; quelques pieds même, ce qu’on ne doit
pas deficer, entrent en fleur. Faucher alors ce
Trèfle tente les cultivateurs qui ne favent pas que
les plantes en général, & celle-ci en particulier,
vivent plus par leur feuillage que par leurs racines;
mais ceux qui fe laiffent entraîner à l’appât
du gain en font la viétime, car les récoltes de
l’année fuivante font alors inférieures à ce qu'elles
euffent été fans cela. On rifque de plus de couper
le collet de la racine de quelques pieds, ce qui
entraîne immanquablement leur mort. Les mêmes
inconvéniens deviennent plus graves lorfqu’on
fait pâturer le jeune Trèfle par les beftiaux, fur-
tout par les moutons. Il eft cependant des circonf-
tances où on eft forcé de lacrifier le préfent à l'avenir,
& elles fe préfentent malheureufement trop
fouvent en agriculture.
Les gelées, à moins qu'elles foient très-fortes
ou très-tardives, nuifent peu au Trèfle à cette
époque de fa croiffance, en agiffant direéiement;
mais lorfque la terre eft très-humeéfée, elles la
foulèvent, &font périr beaucoup de. pieds. Il n’y
a pas moyen de parer à cet inconvénient. V o y e ^
Te r r e l e v é e .
Ce font les hivers très-pluvieux qui font le
plus de tort aux Trèfles, principalement dans les
fols argileux. Quand, ainfi que je l’ai confeillé
plus haut, on a pris toutes les précautions poffi-
bles pour effectuer l’écoulement des eaux furabon-
dantes, il n’y a plus qu’à attendre l’événement.
Au printemps fuivant le Trèfle repouffe avec
une grande vigueur ; on peut encore arriver cette
vigueur, foit en le F u m a n t , foit en le M a r n
a n t , foit en le faupoudrant de P l â t r e . V o y e \
ces mots.
Les deux premiers .de ces moyens font peu em-
! ployés comme très-coûteux, mais le dernier ne
[ doit jamais être négligé lorfqu’on peut fe procurer
1 du plâtre à bon compte, puifqu’il double le produit
de la récolte fans beaucoup épuifer le fol.
V o y e i P l â t r e .
J On répand le plâtre fur les Trèfles lorfqu’ils
font arrivés au tiers de leur croiffance, c’eft-à-
dire , que leurs feuilles commencent à couvrir le
[ fol.. C’eft fur 1 es feuilles qu’il agit directement ;
1 ainfi il faut qu’il foit en poudre fine pour qu’il puiffe
s’y arrêter; ainfi il faut qu’elles foient couvertes
de rofée pour qu’il puiffe s’y fixer : le lever du
foleil eft donc le moment d’opérer.
Cet excellent e ffe t du p lâ tre fe fait reffbntir
non feulement- au printemps, mais à chacune de
fes repoufles; ainfi il faut s’en ap p ro v isio n n e r en
eonféquence. J e dois dire cependant que comme
I 1 humidité .le fa v o rife toujours , ii eft fouvent
moins marqué en été , lorfque cette faifon eft
feene, comme il arrive ordinairement.
Ainfi conduit, le Trèfle peut donner deux ou
trois coupes dans le courant de l'été ; il peut même
en donner quatre & même cinq dans certaines
terres du midi de la France fufceptiblesd'lRRiGA-
tions. V o y e [ ce mot.
Les prairies de Trèfle ne fubfiftent que deux
& au plus trois ans. Dans la bonne culture m êm e ,
c’eft-à-dire, comme remplaçant les jachères, on
le rompt à la fin de l’année, c’eft-à-dire, qu’après
la fécondé coupe on le transforme en pâturage,
& qu’à la fin de l’hiver on le laboure pour le remplacer
par une céréale ou autre culture.
Le Trèfle a plufieurs ennemis qu’il faut fignaler
ici. Le plus dangereux eft la C uscute ( v o y e z ce
mot ); fouvent elle détruit des champs entiers ;
toujours elle nuit beaucoup aux récoltes. Le véritable
moyen de s’en débarraffer pour l'avenir eft
de donner, avant fa floraifon, un binage aux places
qui en montrent, & d’en jeter la terre’, avec
les pieds de Trèfle, hors du champ. On fème de
l’avoine en place. On peut aufli la faire périr en
brûlant dë la paille fur ces places.
Un autre ennemi dû Trèfle, fort dangereux
dans certains cantons voifins des bois, c’eft le
v e r b la n c ou larve du H a n n e t o n . ( V o y e 1 ce
mot. ) On peut difficilement l’atteindre autrement
que par les labours du printemps, labours
que fuivent les corbeaux & les pies pour manger
ceux de ces infe&es qui font amenés à la furface-
par la charrue.
La courtilière caufe auffi des dommages dans
la première année, lorfque les plants font très-
foibles.
Les larves d’une ou deux tipules font tellement
multipliées dans quelques localités, qu’elles font
périr d’immenfes quantités de pieds de Trèfle pendant
le premier hiver de fon femis, en rongeant
les racines, ou feulement en les entourant de galeries
qui ne permettent plus à ces racines de
remplir leurs fondrions.
Celles d’un C harançon & d’une Bruche:
mangent fes graines.
Lorfque les beftiaux confomment une trop
grande quantité de Trèfle fur pied, furtout de-
Trèfle chargé de rofée, & ceux qui n’en mangent
pas tous les jours fe mettent conftamment dans ce
cas, ils font expofés à des I n d ig e s t io n s fuivies-
de M é t é o r i s a t io n s , & très-fouvent de la
mort. On doit donc ne les mettre que peu de
temps, & après la chute de la rofée, dans les
champs qui en font femés, ou les a t t a c h e r à
un piquet par une corde d’une longueur telle
qu’ils ne puiffent atteindre que la quantité conver
nable. ( V o y e% les mots ci-deffus.) A raifon de ce
danger, excepté pour le dernier regain, qui ne
vaut fouvent pas la peine d’être fauché, & qu’il
1 eft toujours fi difficile de bien faire fécher, la
théorie repouffe l’ufagede faire pâturer les Trèfles.
1 Cependant,dans la ferme du roi d’Angleterre,,