de terre légère , dès que les gelées né font plus a
craindre, pots qu’on enfonce dans une couche
nue. Le plant, lorfqu’ il a acquis quatre à cinq feuille
s, fe repique avec la motte à quelque diftance
d’ un mur expofé au levant, & ne demande plus
que des foins de propreté. Il eft bon cependant
d’en tenir un ou deux pieds de chaque efpèce en
p o t, pour les rentrer dans l’orangerie aux approches
des froids, car ils craignent ceux qui font
très-rigoureux.
Le^fêmis en pleine terre ne réufliffent pas toujours,
à raifon du prolongement des froids du printemps.
(B o x e .)
. THÉ. T h e a .
| par la température élevée qu’on exige pour la prendre,
Genre de plantes de la polyandrie monôgynie
& de la famille des Orangers, q u i, félon les bota-
niftes, renferme deux efpèces, en effet fort différentes
l’une de l’autre, le T hé bou & le T hé
v e r t , mais qu’ il eft poflSble de regarder comme
des variétés l’une de l’autre, lorfqu’on fait qu elles
fe cultivent depuis des milliers d’années en Chine,
leur pays natal, & lorfqu’on connoît l'influence
de la culture fur les plantes. V oy ei V a r ié t é .
Koempfer & Thunberg, qui ont voyagé 3U
Japon, & Lettfom qui a publié à Londres, en
17 72 , une differtation fur ce genre, font de ce
dernier avis, fondé fur ce qu’on poffède en Chine
des variétés intermédiaires fort nombreufes, &
d’autres qui s’en écartent beaucoup, ainfi que l’a
prouvé Loureiro dans fa Flore de la Cochinckine.
Le grand nombre de fortes de Thé qui fe trou-
. vent dans le commerce & qui ont toutes des noms
chinois , j*en ai eu plus de foixante , qui prove-
noient de la compagnie hollandaife des Indes,
font dues & à ces variétés, & à la partie de. la.
Chine d’où elles fortent, & à l’époque de la cueillette
d^s feuilles, & à la manière dont elles ont
été defféchées, aromatifées, & c . Les combinai-
fons de ces diverfes circor ltances pourroienu tripler
facilement le nombre précité.
Quoi qu’il en fo i t , la feuille du T h é , de l’infu*
lion de laquelle les Chinois font un ufage généra
l, eft devenue, depuis la découverte du paffage
du Cap de Bonne-Efpérance, l’objet d’ un commerce
de haute importance pour l’Europe, à raifon
de la grande confommation qui s’en fa it,
principalement en Angleterre, en Hollande &
dans les royaumes du Nord. On fe demande comment
cette infufion, qui n’ eft qu’un léger aftrîn-
gent aromatifé, a pu obtenir cette faveur générale
, lorfque celle de tant d’aütres plantes indigènes
& exotiques femblent devoir lui être préférées.
Certainement elle n’ eft pas excitante, ou
fous ,1e rapport intelleéluel, comme le café , ou
fous le rapport phyfique, comme le tabac fans
doute elle doit favorifer la digeftion, à raifon de
fon aftringence j mais cet effet eft comre-balancé
puifque l’eau chaude eft un des plus puiffans
débilitans: aufli remarque-t-on que les grands preneurs
de Thé font pales & foibles, ont beaucoup
de difpofition à la pareffe, à la mélancolie & au
futeide, ce qui devroit en dégoûter la claffe riche.
Si on confidère le Thé fous le rapport de l’économie
politique, il eft à remarquer que fon acquisition
enlève chaque année une fomme très-importante
de numéraire à l’Europe , fomme qui s enfouit
à la Chine, & qui par conféquent eft perdue
pour le refte du Monde, ce pays ne faifant prefque
aucun commerce d’ importation, autre motif qui
devroit éloigner de fon ufage habituel les amis de
la profpérité publique.
Pourquoi, fe demande-t-on fouvent, n*a-t-on
pas eflayé de naturalifer le Thé en Europe, puifque
nous le poffédons dans nos orangeries depuis
un demi-fiècle, & que la température des parties
méridionales du royaume lui eft convenable ? Je
dois cependant annoncer que Brouffonnet d’a- v
b.ord, 6 c Volney enluite, en ont fait des plantations
en Corfe, qui ont réufli aufli bien qu’on
pouvoit le defirer, mais c(ue la malveillance a ruinées.
J’invite à recommencer les effais fur(le re*
vers méridional des Cévennes ou dans les baffes
Alpes , contrées qui paroiffent jouir de tous les
avantages propres à les faire profpérer. On trouvera
autant de pieds qu’ il fera néceflairè pour
commencer ch e zC e ls , pépiniérifte à Paris, qui
s’eft fait un devoir de multiplier cet arbufte, quoi-
! qu’il foit peu de vente.
Puifque j’ en fuis fur cet article, je vais parler
de là multiplication & de la culture du Thé dans
le climat de Paris, ehfuite je parlerai de celle
qu’on lui donne en Chine, puis des préparations
que fubiffent fes feuilles avant d’être mi fes dans
le commerce.
Les deux efpèces ou variétés de Thé que nous
poffédons, craignent les gelées du climat de Paris;
en conféquence on eft obligé de les tenir en
pot pour pouvoir les rentrer dans l’orangerie pendant
l’hiver, ou de les planter fous des châflis
-'permanens. Cette dernière manière eft préférable
lorfqu’on veut avoir des pouffes vigoureufes,
propres à être marcottées j aufli efi-ce celle que
Cels fuit. * •
La terre propre au Thé eft celle de moyenne con-
fïftance & fertile, c'eft-à-dire, compofée d’ iin tiers
de terre franche, d’un tiers de terre de bruyère &
d’ un tiers de terreau de couche. Lorfqu’ il eft en
p o t, on doit renouveler en partie cetre terre tous
les ans. Les pieds de The qui ont cinq à fix ans
d'âge, fleuriffent tous les ans dans nos orangeries,
mais il eft très-rare qu’ils donnent des fruits, &
encore'plus de bonne graine , dont je n*ai encore
vu qu’une. C ’ eft donc de rejetons, de marcottes
& de boutures qu’on le multiplie.
Des rejetons fe montrent plus fouvent fur le*
pieds en pleine terre que fur ceux en pots, mais !
cependant ils font fi peu communs! qu’on ne peut
pas compter fur eux pour le commerce, quelque
r:rts que foient les demandes. Ces rejetons fe
lèvent au printemps, avant le retour de la fève,
& fe trakent comme lés vieux pieds.
La voie des marcottes, eft un peu longue , mais
fûre : on doit la pratiquer au printemps, dès que
les boutons commencent à fe gonfler, avec des
pouffes de l ’année précédente. S i , au bout de la
fécondé année, ces marcottes n’ont pas de racines
, il faudra les cerner ou les ligaturer, ce qui
en feraparoître prefque certainement. Ces marcottes
fe fèvrent fix mois avant leur enlèvement;
& fe traitent comme les vieux pieds.
C’eft au moyen dé boutures faites au printemps
, dans dès pots placés fur couche & fous
châflis, qu’on multiplie le plus rapidement le Thé.
Très-peu de ces bouturés manquent lorfqu’ellès •
font bien conduites, .& elles peuvent être plan-
tées féparément dès l'automne fuivant.
Des ârrofemens rares en hiver, fréquens, mais
modérés en é t é , doivent être donnés aux pieds
de Thé de tous les âges. Une expofition chaude,
mais ombragée,, pendant cette dernière faifon,
leur eft avantageufe. En général, ils pouffent foi? ;
bletnent. La ferpette ne doit les toucher que le plus
rarement poffible. On a tenté, mais fans fuccès,.
d’en faire paffer l’hiver, paliffadés contre un mur
expofé au midi.
J ai-fouvent pris l’infufion des feuilles de Thé
cultivé aux environs de Paris, & je la i trouvée
I fupérieure à celle de la plupart des Thés du commerce.
Il en a été de même en Caroline, où j’en
| ai cultivé plufieurs pieds en pleine terre pendant
I deux ans, & où ils réuftiffoient fort bien.
En Chine on plante le Thé ou en quinconce,
ou en ligne, ou autour des champs : ce dernier
mode de difpofition eft le plus commun : c’eft
toujours de femence qu’on le multiplie, ce qui
explique le grand nombre de fes variétés. On ne
laboure que l’efpace qui doit recevoir la femence,
I c’eft-à-dire, cinq à fix pouces en carré, & on y
I place cinq à fix femences. Le plant levé fe bine &
* ie fume. L’année fuivante on fupprime les pieds les
plus foibles. Celui reftant eft de même labouré &
fumé, fouvent avec des excrémens humains, pendant
les deux années fuivançes. A cette époque
les feuilles commencent à être bonnes, & on les
cueille jufqu’à fepr à huit ans fans donner aucun
| labour ni engrais. Dans fon pays natal, comme
dans nos orangeries, le Thé croit très-lentement.
Vouloir contrarier fa nature à cet égard, n’auroit
[ aucun avantage réel. A l’âge ci-deffus, le*pied eft
I arrivé à la hauteur d'un homme; ce n’eft pas celle
[ qu'il pourroit atteindre j mats comme il donne
alors moins de feuilles 6c de. plus petites feuilles.,
on le rajeunit, c ’eft-à-dire, qu’on coupe fes branches
à quelque diftance du tronc, ce qui détermine
la fortie de nouvelles branches très-garnies
de larges feuilles. Voye% Ra jeu n is sem en t .
Nous n’avons pas de renfeignemens fur le nombre
de fois qu’on renouvelle le rajeuniffement des
pieds de T h é , ni fur tè. durée1 :de leur v ie , mais
on conçoit que cela doit être foit variable.
Il y auroic certainement de 1;avantage à femer
le Th é en pépinière, où on lui donneront toutes
les façons ufitées ici pour les arbres fruitiers, & où
on pourroit le greffer avec les variétés reconnues
les meilleures, foit pour la qualité, foit pour la
précocité , foit pour la vigueur, foit pour la grandeur
, le nombre des-feuilles , & c . A deux ans Ces
pieds fereient tranfpîahtes dans un terrain bien
défoncé, bien fumé, & ils y donneraient des récoltes
certainement fupérieüres à céllès qui font le
jréfultat de la pratique actuelle.
La récolte des feuilles du Thé dure une grande
partie de l’ été & demande beaucoup de bras,
parce qu’elle doit être faite en coupant ces feuilles
une à une fans endommager l’écorce. Un homme
peut en ramaffer dix à douze livres par jour. Ordinairement
on fait trois récoltes.
La première a lieu à la fin dé février ou au
commencement de mars, lorfque les feuilles font
à peine développées. C ’eft celle dont, l'es produits,
à raifon de leur fupérioipté;: font réfervés pour
l’Empereur & les grands de l’Empire; c ’eft pourquoi
ils portent le 110m de Thé impérial.
La fécondé, qui eft la première pour ceux qui
ne font pas de Thé impérial, commence à la fin
de mars ou dans les premiers jours d’avril. Les
feuilles font alors, les unes à toute leur perfe&ion,
les autres à moitié de leur; croiflance» les
cueille indifféremment* - mais lorfqu’elles font
arrivées à la maifon, on les trie pour en faire
plufieurs qualités de T h é , dont la meilleure provient
des plus petites.
Enfin, la troifième récolte, qui eft la plus aboi*-
dan t e , fe fait un mois après la fécondé, lorfque
les feuilles ont toutes acquis leur grandeur. Quelques
perfonpes n’en font point d’autres. Les
feuilles qui en proviennent font également triées
en trois lots.
Il ne paroît pas qu’on faffe jamais deux récoltes
fur le même pied ; ce qui feroic en effet l’affoiblit
plus rapidement, même le conduire à la mort.
Malgré ce ménagement, les pieds de Thé effeuillés
pouffant plus leurs b: anches & moins leurs
racines en longueur que ceux non effeuillés , il eft
nécéffaire dé rétablir de loin en loin l’équilibre,
en coupant les premières ; aufli eft-ce ce qui fe pratique,
comme je l’ai déjà obfervé. Voye^ Feuille
& R a c in e .
Les feuilles des jeunes arbriffeaux font meilleures
que celles des vieux. Leur qualité varie
aufli félon les cantons, dont le f o l , dit-on, leur
communique un goût & un parfum particuliers,
ce qui peut être vrai, mais ce qui aufli peut 8c