
mille, une avenue de tilleuls annuellement tondus,
une falle d'ormes étêtés. Dans ce cas l'art fait
quelquefois contrafte, & il fuffit de le motiver
pour le faire excufer. D’ailleurs , la tonte des buis
nains en bordure doit au moins être confervée,
car elle eft fouvenc indifpenfable.
Rarement la Tonte des arbres, des arbuftes &
des arbriffeaux, fe fait en hiver , parce que non-
feulement on a en vue, en la faifant, de leur donner
une forme contre nature , mais encore de les
empêcher de grofiir autant qu'il eft dans leur
effence de le faire , ce à quoi on parvient en diminuant
le nombre de leurs Feuilles ( voye^ce
mot ) ; cependant on ne tond les haies ruftiques
que dans cette faifon, & ce par le motif contraire
, puifque c'eft pour avoir du bois qu'on le
fait. Fo ye i Ha ie .
Lorfqu’on ne tond qu’une fois , on le fait entre
les deux fèves, c'eft-à-dire, en juin ou en juillet;
lorfqu'on tond deux fois , c'eft en mai & août.
Dans ce dernier cas, les pieds font encore plus
affoiblis. Voye^ Feuille.
Lorfqu'on tond de trop bonne heure au printemps,
on rifque de faire mourir les arbres, ar-
briffeaux ou arbuftes, foit parce que cette opération
arrête l'afcenfiotv de la fève , foit parce que
la repouffe eft frappée par les gelées tardives. J ai
vu des exemples de ces deux cas. Voye% Sè v e 6?
G elée.
Les inftrumens qu’on emploie pour tondre,
font un C r o is sa n t pour les C h armill es &
les A r br e s de ligne en p a l is s a d e , & c . , de
grands cifeaux pour les B u i s , les Bordure s
de Ga z o n , & c. Voye\ ces mots.
Lorfqu’on difpofe des arbres en paliffade au
moyen de la Serpe , on les É lague plutôt qu on
fie les tond. Voye\ ces mots.
Quand on donne une forme régulière 'aux ar-
briBeaux & aux arbuftes , au moyen de la Serpette
, on les T a il l e plutôt qu'on ne les tond.
Voyt[ ces mots.
Il convient d’avouer cependant q u e , dans ces
deux cas, ni on ne tond, ni on n'élague, ni on
ne taille véritablement. Nous manquons de mot
pour indiquer cette opération mitoyenne.
La Tonte au croiffant demande beaucoup d’ habitude
pour être bien faite , & faite avec rapid
ité ; auffi eft-il peu.de lieux , hors les grandes
villes , eu on l’exécute convenablement..Comme
elle fe fait toujours fur la. pouffe de Tannée précédente,,
il faut, pour empêcher la. charmille
de prendre, trop d'épaiffeur, Lifter le moins
pofliblë de cette poufle , ce qu’on appelle tondre
près. On doit enfuite veiller à ce que les coups
de croiffant. foient toujours dans le même plan ,
car rien n’eft plus défagréable à l’oeil qu’une
charmi le qui offre des excavations & des faillies.
La Tonte aux cifeaux eft bien plus facile &
moins, fatigante. On en fait, ufage principalement
pour la partie fupérieure des charmilles,
pour les arbuftes de peu de hauteur, pour les bordures
& les gazons des parterres.
Les gazons d’une certaine étendue fe tondent
avec la Fa u x . Voye\ ce mot.
Prefque toujours, lorfqu’on tond aux cifeaux
les arbuftes des parterres, on les empêche de
donner des fleurs, ou d'en donner autant qu’ ils le
devroient, & de plus il en refaite pour eux un
afpeét guindé peu agréable. Je préfère donc, lorf-
que la forme ronde eft exigée, la leur faire prendre
au moyen de la ferpette, c'eft-à-dire, en coupant
en -hiver, au-deffous de la furface , toutes
les branches qui dépaffent trop cette furface, &
en pinçant , au milieu du printemps, toutes celles
qui prennent la place des précédentes. Voye[ Pincement
& O r a n g e r .
Quanta la T o n te des Mou to ns , voye% ce mot
& celui Bêtes a la in e . ( B o s c .)
TO N TE L . Tontelea.
Genre de plantes de la triandrie monogynie,
qui renferme deux efpèces ni l’une ni l’autre cultivées
dans les jardins de l’Europe. Il eft figuré
pl. 16 des Illufirations des genres de Lamarck.
Efphes..
1. Le T onte l grimpant.
Tontelea feandens. Aubl. I> De Cayenne.
2. Le T ontel d’Afrique.
Tontelea africana. Willd. T? De Guinée.
.(.Bosc. )
TONSELLE. Voyer T o n t e l ..
TOPINAMBOUR , POIRE DE TERRE ,
CROMPIRE : efpèce du genre des Hélianthes,
originaire du C h ili, cultivée en Europe depuis
, près de trois cents ans ( 1 5 1 7 ) , mais dont l’importance
agricole, malgré plulieurs bons écrits,
n’eft pas encore appréciée autant qu’elle le mérite.
f^oyei Hé l ia n th e .
En effet, quand on confidère que le Topinambour
, déjà vanté fous le nom de Cartouf par Olivier
de Serres , s’élève à cinq à lix pieds , a des
feuilles de huit à dix pouces de long, des racines
groffes comme les deux poings, croît dans tous
les terrains, brave les plus fortes gelées & eft
du goût de tous les beftiaux, on fe demande
comment il eft pofliblë , non-feulement qu’il ne
fe cultive pas dans toutes les explorations rurales,
mais même qu’ il foit fi peu connu, qu’on puiffe
faire le tour de la France fans en rencontrer un
feul pied hors des jardins.
Non-feulement les feuilles & les racines du Topinambour
font d’ un utile emploi, mais encore
fes tiges peuvent fervir de rames aux pois &
aux haricots, peuvent fuppléer le bois pour faire
bouillir la marmite, chauffer le four, donner de
la P o t a s s e . Voye^ ce dernier mot.
Un fervice qu’on peut encore leur demander,
& fur lequel j’ ai le premier appelé l’attention,
c’eft de favorifer la culture, des terrains fe c s , en
les ombrageant; ainfi en en plantant, dans la
direction du levant au couchant, des rangées écartées
de fix à huit pieds, on réuffira à tirer toutes
fortes de produits annuels des fables de la Sologne
, ainfi que des craies de la Champagne. On
peut encore plus certainement favorifer la germination
des graines d’arbres, principalement des
graines de pin , dont il eft fi fouvent avantageux
de couvrir ces fables & ces craies.
Sans doute la pomme de terre, qu’on lui compare
fans ceffe, éft meilleure & plus nourriffante,
mais elle eft fenfibleaux gelées, & fes tiges, d'ailleurs
peu du goût des beftiaux , ne peuvent fe
deffécher; la culture de l'une ne doit donc pas
difpenfer de celle de l'autre.
La faveur des tubercules des Topinambours fe
rapproche de celle des artichauts, & leur contexture
de celle de la rave. Us ne donnent à l’a-
nalyfe ni amidon ni fucre , & par conféquenc ne
font pas fufeeptibies de la fermentation vineufe.
On les mange cuits dans l’eau, ou à fa vapeur, &
affaifonnés de diverfes manières.
Mon collègue Y v a r t , qui a le premier cultivé
en grand le Topinambour aux environs de Paris,
qui a le premier donné des renfeignemens pc-
ntifs fur les avantages de fa culture., déclare
qu'il s’eft convaincu, par beaucoup d’expériences
comparatives, que fes produits étoient généralement
plus avantageux que ceux de la pomme de
terre blanche, la plus productive de toutes ; &
qu’à moins de circonftances particulières, quand
on joignoit le produit des feuilles & des tiges avec
celui des racines, il étoit celui de toutes les plantes
de la grande culture qui donnoit le revenu le
plus é le vé , toutes chofes égales d’ailleurs.
Fumer la terre deflinée aux Topinambours eft
toujours utile, mais on s'en difpenfe cependant le
plus fouvent.
La culture régulière du Topinambour confifte
à labourer le terrain Le plus profondément poflî-
ble, & y placer, à deux ou trois pouces de profondeur
, à un pied de diftance en tous fens,
terme moyen, de petits tubercules pris autour
des gros , ou des gros coupés en plufieurs morceaux.
C ’eft au premier printemps, lorfque les
gelées tardives ne font plus à craindre, qu*on effectue
ceite plantation , car les feuilles du jeune
plant font fufeeptibies d'être frappées par ces gelées.
Parvenu à un pied d'élévation, ce plant reçoit
un premier binage, pendant lequel on le butte;
à la fin de l’été il en reçoit un fécond.
Ces binages peuvent être faits avec économie
au moyen d'une charrue légère, ou d’une houe
à cheval, à deux fers; mais le Butage ne peut
pas l’être conve nabiement autrement qu’à la Hou E.
Voye[ ce mot.
Les tubercules du Topinambour ne doivent
s'arracher qu’ à mefure du befoin , les fortes g e lées
de l ’hiver exceptées, parce qu'ils fe confer
vent bien mieux en terre que dans une ferre à lé
gumes. On peut commencer à en manger dès l’époque
des premières gelées qui font périr fes
feuilles, jufqu’ à ce qu'elles repouffent, c'eft-à--
dire, environ depuis le i er. novembre jufqu'au Ier.
mars, félon le climat.
Quoique toute fuppreflion de feuilles faite à
une plante en état de végétation nuife néceffaire-
ment à fon accroiflemenc, lorfqu’on cultive le
Topinambour pour la nourriturè des beftiaux,
il faut en faire une première récolte en août,
& une fécondé au moment précis où on peut
craindre une gelée, telle petite qu’elle foit.
Il y a deux manières de faire la première récolte
; Tune d’enlever à la main la moitié des
feuilles, en commençant par les inférieures, pour
les donner de fuite aux beftiaux ; l’autre, de couper
les tiges par la moitié; c'eft celle que préfèrent
ceux qui veulent les conferver pour l'hiver
toutes deux ont des inconvéniens à peu près
égaux , de forte qu’on peut choifir félon fa convenance.
Lorfqu'on préfère la fécondé, on étend les portions
de tiges coupées fur le fol, & on les y laiffe,
s’ il fait beau, fe deffécher pendant deux ou trois
jours, en les retournant, puis on les tranfporte dans
un grenier ou fous un hangar , où on les ftratifiô
avec de la paille de froment ou de la paille d'avoin
e , paille qui s’imprègne de leur odeur, &
qui en devient plus agréable aux beftiaux.
Si on rentroit ces tiges trop fèches, leurs feuilles-
fe réduiroient en poudre. Pour éviter que cela
arrive, lorfqu’on les donne aux beftiaux, il faut
les manier avec précaution, & , ou les mouiller ou
les placer devant eux dans une crèche.
Lorfque le terrain eft frais ou l'automne plu-
vieufe , les tiges dont les feuilles inférieures ont-
été retranchées, s'élèvent beaucoup & en pouffent
de nouvelles ; celles qui ont été coupées à.
moitié de leur hauteur pouffent des rejets latéraux.
Ainfi que je l’ai dit plus haut, on doit les
couper au moment où on a lieu de craindre les
gelées, pour les.confommer ou les difpofeiltomrne
il vient d’être dit.
Après que les beftiaux ont mangé les feuilles des
Topinambours, on enlève les tiges pour les uti-
lifer, comme jel'ai indiqué plus haut, foit à brûler
dans le foyer ou dans le fo u r , foit à brûler dans
des foffes pour en obtenir la Po t a s s e . Voye^ ce-
mot.
Des motifs de prudence engagent prefque toujours
les cultivateurs de Topinambours à n’en uti-
lifer les racines qu’après l’h iv e r , c'eft-à-dire,
lorfque les fourrages commencent à devenir rares1
& que les beftiaux font fatigués de nourriture
fèche. Tous les beftiaux, je le répète, les