
étang, d*un canal, d’un marais , rend fouvent humides
les terrains qui les avoifïnent. On peut faire
des F o s s é s , des contre-forts d’A rg ile pour s’op-
pofer plus ou moins à cette infiltration'. Voye^
ces mots:
3°. Les Terres argileufes, furtout lorfqu’elles
font au nord 8c abritées par des arbores, reftent
humides pendant une partie de l'année, lorfqu’elle;
eft pluvieufe, parce que les eaux ne peuvent ni
s’ infiltrer, ni s’évaporer facilement. Ces fortes de
Terres font aufli appelées T erres fro id e s .
Voyei ce mot & celui A rg ile .
4°. Enfin le climat. Il pleut prefque tous les
jours fous le cercle polaire & fur ies hautes
montagnes, telles que les Alpes, & la chaleur n’y
eft jamais aflez forte pour évaporer la furabon-
dance d’eau qui y imbibe la Terre. Il n’y a pas de
moyen de s’oppofer aux inconvéniens de ces climats.
(B o s c .)
T erre l a b o u r a b l e . On entend par ce mot,
ou toute Terre qui n’eft pas aflez infertile par fa
nature pour fe refufer à donner des récoltes de
céréales, ou toute Terre qu’ une furabondance
d’eau permanente, que des pierres trop groffes 8c
trop nombreufes n’empêchent pas de labourer.
La nature des Terres labourables varie fans fin,
non-feulement dans les différens départemens, les
différens cantons, les différentes communes, les
différentes parties d’ une même commune, mais
encore fouvent dans les diverfes parties d’ un même
champ. Vouloir la décrire, feroit donc une chofe
impoflible : tout cultivateur doit fe borner à fe
mettre en état d’appliquer les principes géné-
ïaux développés plus haut au fol qu’il eft appelé
à cultiver.
Je rappellerai feulement que les Terres labourables
les plus avantageufes à cultiver font celles
compofées par portions à peu près égales d’AR-
g il e , de Sable 8c de C a l c a ir e , 8c qui contiennent
de plus une quantité notable d’HuMus.
Voyeç ces mots.
On améliore les Terres labourables par des mélanges
de T e r re , par des engrais , par des amen-
demens, enfin par une bonne culture. (Bosc. )
T erre légère : oppofé de T erre fo r t e ou
de T erre a r g il eu se . Voyeicss mots.
On reconnoit une Terre légère au peu de cohérence
de fes molécules, à la facilité avec laquelle
les inftrumens pointus ou coupans y pénètrent,
au peu d'obftacles qu’elles apportent aux
labours, à l’infiltration des eaux des pluies, &c.
Il y a des Terres légères de plufieurs fortes:
les unes font dues à la furabondance du fable qui
entre dans leur compofition, ce font les plus
communes } d’autres font compofées de fragmens
de calcaire. Des altérations végétales, principalement
la tourbe , forment la troifième. Elles font
le plus fouvent fèches, mais on en voit quelquefois
qui confervent l’eau des infiltrations.
Les avantages des Terres légères fo n t , i° . de
donner facilement paflage aux racines des plantes
qu’on y cultive, 8c par fuite de permettre à ces
racines d’aller puifer leur nourriture au loin & de
groflîr fans obftacles. Cette dernière circonftance
les fait préférer pour la culture des racines qui fe
mangent, telles que la pomme de terre, la carotte,
la betterave, la rave, 8cc. j i ° . d’abforber promptement
8c de laiffer s’évaporer de même les eaux
des pluies j 30. d’êrre plus propres à abforber la
chaleur des rayons du foleil, & à être plus précoces
par cette caufe} 40. d’exiger moins de labours
8c des labours moins profonds que lesTerres fortes.
Leurs inconvéniens confident à fe deflecher trop
promptement, 8c par conféquent à ne pas donner
de belles récoltes dans les années où les pluies
font rares.
Comme les plus communes, j’ ai dû infifter, au
mot Sa b lon neux , fur la culture des Terres légères
de cette forte.
Une des Terres les plus légères eft celle qu’on
appelle de iruyere3 parce que la plante de ce nom s’y
rrouve excluuvement, elle n’eft compofée que de
fragmens de végétaux 8c de fable fin. Son infertilité
eft prefqu’abfoluè dans la campagne ( voyeç au
mot La n d e ) } mais dans les jardins, elle donne,
au moyen des arrofemens, les plus belles productions.
-
Les Terres légères calcaires ne fe rencontrent
guère que dans les montagnes fecondairesj les
craies en font partie. Leur culture n’eft généralement
pas avantageufe, parce qu’elles joignent
toujours à cette qualité celle d’être très-lèches &
peu pourvues, d’humus 5 on doit faire en forte de
les arrofer par la déviation des ruiffeaux. Généralement
il vaut mieux les laiffer en bois ou en pâturages
que de les labourer. Les récoltes de feigle,
de farrafin, de raves 8c furtout de fainfoin, font
celles qui y profpèrent le mieux. Voye£ C r a ie .
Lorfque les tourbes font defiechées, elles font
fort légères. Je leuraflimile les Terres des fonds
d’étangs 8c des marais, parce qu’elles en diffèrent
fore peu. Jemefuisfuffifamment étendu fur leur culture
à l’article qui les concerne. Voye^ T ourbe.
La culture des Terres légères eft bien plus facile
que celle des Terres fortes , mais fes réfultais
font bien moins avantageux. Leurs produirions
font généralement de bonne qualité, & fufceptibles
de fe conferver long-temps. C ’ eft fur elles que
l’ intelligence du cultivateur s’exerce avec le plus
de fuccès. Jamais on ne doit les laiffer en jachère,
parce q u e , outre la perte de la récolte, elles fe
détériorent pendant l’année de jachère , par la
perte des principes fertilifans qui fuit les labours
qu’on eft dans l’ufage de leur donner en été.
( Voye% T er r e g â t é e . ) A u contraire, l'expérience
prouve que lorfqu’elles ont été couvertes
de culturès de plantes à larges feuilles qui ont empêché
l’évaporation de l’humidité pendant cette
faifon, elles donnent, l’année fui vante, des produits
bien plus avantageux.
Les labours doivent être ménagés en tout temps
aux Terres légères, 8c ce d’autant plus qu’elles le
font davantage, il eft même de ces Terres qui veulent
qu’ on contre-balance l’effet des labours en les
Roulant ou P lombant de fuite, Voy. ces mots.
On améliore les Terres trop légères au moyen
des cranfporrs d’A rgile ou de Marn e a r g ileuse.
Le fumier de vache, comme confervant
plus long-temps l'humidité que les autres, leur
convient fpécialement. Y enterrer des récoltes de
farrafin , de navette , de raves , de vefee, 8cc.,
leur eft. très-proficâbie. Voye^ Récolté ENTERREE.
( Bosc.)
T erre m a ré cag euse . C e mot eft tantôt fy-
nonyme de M a r a is » tantôt fynonyme d’ULiGi -
neux , tantôt fynonyme de T erre h um id e .
Voyeç cés trois mots , où on trouvera les indications
générales 8c particulières qu’il eft utile
aux cultivateurs de recevoir pour rirer parti de
ces trois fortes de Terres. ( Bosc. )
T erre m arn eu se . C ’eft celle compofée à
peu près par égale portion d'argile 8c de calcaire j
je dis à- peu près, car il y a des marnes où l’argile
domine, d’autres où c’eft le calcaire, 8c en général
toutes les Terres, même celles des pays
granitiques, le font plus ou moins.
Telles que je les fuppofe ic i , les Terres mar-
neufes diffèrent peu des C r a ie s , 8c encore moins
des T erres b lanches. ( Voye1 ces mots.) Elles
font peu fertiles d’abord, parce qu’elles colitien
nent peu d’humus 8c qu’elles confomment rapidement
les engrais} en fécond lieu, parce qu’elles
repouffent les rayons du foleil à raifon de leur
•couleur, 8c fe plombent par l’effet des pluies. Leur
affo lement n’eft pas facile à établir, faute d’obfer-
vations fuffifantes} mais je puis aflurer, pour en
avoir remarqué les bons effets, que le T rèfle
doit toujours y entrer. Voye% ce mot 8c celui
Marn e . ( Bosc. )
T erre m é t a l l iq u e .. Quelques écrivains ont
donné ce nom, qui n’ eft pas connu des agriculteurs,
à certaines Terres qui contiennent des métaux,
principalement des mines de F er ou des
Ochres. Voyeç ces mots.
Long- temps on a été dans l’ opinion que les
mines de cuivre, de plomb, de cobalt, de man-
ganèfe, 8cc., éto'ient la caufe de l’ infertilité des
montagnes dans lefquelles elles fe trouvent} mais
aujourd’hui on eft convaincu , par l’obfervation ,
que cette infertilité dépend uniquement de la nature
drs pi rres dont font compofées ces montagnes.
Voyei G r a n i t , G neiss & Sch is t e .
(Bosc. )
T erre m ou liÈre : expreflion dont on fait
u>age dams quelques cantons , pour défîgner des
Terres argileufes qu’une multitude de très-petites
fources mouillent, c’eft-à- d ire, rendent conftam-
ment, mais légèrement marécageufes. La meilleure
manière de les utilifer, c’eft de ies planter en
frênes,, en fautes, en aunes, 8cc. Voyeç G la ise
F o n d r iè r e , Mar a ts , U lig in eu x . ( B o s c . )
T erre noire. Le terreau provenant de ladé-
compofition des feuilles 8c autres parties des v é gétaux,
eft d’ un brun-noir, 3c beaucoup de lieux
qui en contiennent en grande quantité, en prennent
la couleur} de forte qu’on juge aflez généralement
bien de la bonne qualité des Terres par
leur feule infpe&jon. Voyef Humus 6’T erreau.
Cependant il eft des Terres infertiles qui font
très-noires. La couleur des unes eft due au fer
à demi métallique dans un état de véritable
échiops, comme dans les Schiste s , les A rgiles,
les Sab le s . (Voyeç ces mots.) La couleur des
autres eft due à des végétaux à demi carbonifés ,
comme dans le pays à Houille , dans les T o u r bières
, dans les Ma r a i s . Voye[ ces mors.
Pour peu qu’ on ait l’habitude de l'obfervation,
■ on diftingue facilement la caufe de la couleur
des Terres , foie en les examinant de près, foit
en étudiant, par un feul coup d’oeil, la compofition
du pays où elles fe trouvent.
Les Terres de la première forte rougiffent lorfi-
: qu’on les met au fe u , 6c celles de la fécondé y
brûlent.
Ces dernières peuvent devenir très-fertiles en
rendant fpluble l’humus qu’elles contiennent, 8c
c’eft la chaux qu’il convient d’employer de préférence
pour arriver à ce réfultat.
J’ai développé, au mot T ou r be , les principes
de leur culture.
Les Terres noires, quelle que foit leur nature,
abforbant plus facilement les rayons du fole il,
font plus chaudes que les autres} aufli, dans les
montagnes primitives, les fehiftes donnent-ils des
récoltes plus précoces} auftï, dans nos jardins, le
terreau eft-il plus propre à la culture des primeurs
que la Terre franche. Dans les hautes Alpes on
feme de ces Terres fur la neige pour accélérer fa
fonte, 8c, par cette induftrie , on peut y faire
les femailles des graines de printemps quinze jours
8c même un mois plus tôt, ce qui eft un avantage
très-précieux.
On a aufli donné ce nom à une tourbe extrêmement
pyriteufe , qui a d’abord été découverte
à Baurain, dans la ci-devant Picardie, &
qû’enfuite on a retrouvée dans toutes les fouilles,
depuis Mont-Didier jufqû’à Reims d’ une part, 8c
depuis Viljers-Cotterets jufqu’à Laon de l’autre.
Cette tourbe , dont le banc a depuis un
pouce jufqu’à deux pieds d’épaiffeur, eft extrêmement
abondante en coquilles fluviatiies ,
quoique les couches de marne 8c même les roches
calcaires qui la recouvrent dans une épaif-
feur de huit à dix toiles, terme moyen, renferment
en très-grande quantité des coquilles marines d’un
grand nombre d’efpèces : on la connoît dans le
commerce fous les noms 4e tourbe de haut pays ,
de tourbe profonde, de tourbe pyriteufe. Elle eft
complètement impropre à la combuftion.
Expofées à l'air, les Terres noires ne tardent