
le déchirement des vieux pieds , déchirement qui
a fieu au printemps , & qui réuliît prefque toujours,
les racines étant traînantes. Comme elle ne pcf-
fede aucun agrément, on la cultive uniquement
dans les écoles de botanique , où elle ne demande
d'autres foins, pendant l'éte, que des far--
clages de propreté.
Cette plante, dans fon pays natal, les déferts
de !a ran.arie & de la Turquie, laiflè flucr, pendant
les grandes chaleius de l'été, une mamie
fluide qui fexondenle par la fraîcheur de fa nuit,
& qui ie récolte avant le lever du Tôle si pour l'u-
Tage de la médecine. On a prétendu que ce toi c la
manne do: t faifoient ufage les Ifraelites dans -le
dffert > niais fl cela eft, il fallait que leur efîomac
fut fort différent de celui des habitans aéluels des
mêmes déferts, qu'elles purgent violemment.
Les chameaux & autres bêtes de Comme broutent
l’alhagi fans inconvénient autre que les piqûres
eau fée s par les épines dont il eft pourvu. '
Les efpèces des nos. 8, 16, 17, 18 & 19
étant annuelles, fe fèment tous les ans dans des
pots placés fur couche à châflis, & fe repiquent
dans d'autres pots qu'on remet encore fous châf-
fls. Ce n'eft que dans les jours les plus chauds
qu'on peut les laifler à l’air, même feuiement-pen-
dant le jour. Aux approches du froid on doit les
placer dans une bonne ferre , afin qu'elles y per-
fléfionnent leurs graines. La dernière efl la plus
remarquable & la plus recherchée, à raifen de la
forme de fes feuilles & de l'élégance de fon port 5
cependant on ne la voit guère que-dans les écoles
de botanique.
L'efpèce du n°. 73 efl fort célèbre par la propriété
qu’ont fes foholes latérales d'ofciller alternativement
pendant ia chaleur & à l’afpeft du fo-
lcil: en conféquence , tous les a ma te ui s &les pro-
fefTeurs^cies écoles de botanique la cultivent avec
foin. On la traite comme Iss efpèces annuelles
des pays chauds, quoiqu’elle foit bisannuelle. La
rentrer de bonne heure dans la ferre & l’y placer
près du jour efl indifpenfable lorfqu’on veut qu’elle
donne de bonnes graines, & on doit le vouloir
toujours. Elle craint beaucoup l’humidité.
; En général, tous les Sainfoins demandent peu
d’arrofeme ns, furtout en hiver.
La ferre chaude efl néceïïaire aux efpèces des
n°s- 43 > ^7 j 83 & 127 • du refle on les conduit
comme les précédentes.
Ce fl encore e n pleine terre qu’on feme & qu’on
ccnferve toute l’année les efpèces des n°s. 47, 63,
.64, 81 • On les multiplie aufiî, à défaut de graines
tirées de leur pays natal, par le déchirement des
vieux pieds.
Celles des nos. 101,103, ie6, 107* 108, 117,
124> 129 > *42., font dans le même cas ; mais elles
fourni lient plus fréquemment 'des graines , au
moyen ctefquelles on peut les reproduire. Je reviendrai
plus bas fur la culture en grand des efpèces
n1 s. 101 & 117, qui a lieu pour l’une par toute la
France, pour l’autre feulement dans le midi.
Les efpèces des nos. 1 6 , 34 , 41 , 41, 46,
S 1 j 5 0 ». J4 » 59 & 94 peuvent quelquefois
palier l'hiver en pleine terre dans le c l ima t de
Paris j mais il efl'plus prudent de les tenir tn
pot pour les rentrer dans l'orangerie aux approches
des grands froids. Comme elles ne donneur pref-
que jamais de graines dans ce climat, on n’a d’autre
moyen de les multiplier , lorfqu’on n'en reçoit
pas de leur pays natal, que par le déchirement
des vieux pieds, déchirement qui s’effeétue au
printemps , & qui réuJiit le plus ordinairement.
Quoiqu’originaire du midi de la France , le
Saintcin commun , qu'on appelle auffi efparceùe
& b o u rg o g n e , étoit encore peu cultivé du temps
du patriarche de notre agriculture, Olivier de
•Serres : aujourd'hui il couvre des efpaces confldé-
îables dans prefque toutes les parties de la France,
& cependant ii efl à defirer qu'il s'étende encore
davantage} car, iY. tous les beftiauxl'aiment, foit
en vert, fl de en fec, & il a fur le trèfle & la luzerne
les avantages de donner plus de vigueur aux
chevaux, plus de fermeté & dejaveur- à la ch.;ir
des boeufs, un lait de meilleure qualité aux vaches,
d’éviter aux bêtes à laine la météorifation & la
pourriture j 20. il efl extrêmement propre à
entrer dans l'affolement des terrains fecs & brûlés
par le foleil, principalement lorfque ces terrains
font calcaires, & n'y peut être remplacé que fort
imparfaitement par toute autre plante.
C’eft furtout pour les montagnes de calcaire
primitif que le Sainfoin efl un magnifique préfenc
de la nature, en ce que ces montagnes ont ordinairement
une fort petite ép ai fleur de terre, & qu'il
fait pénétrer dans les fiflurès de la roche pour aller
chercher fa nourriture là où les autres plantes cul-
’ tivéesne peuvent la puife’r. En effet, Tull rapporte
qu'il a vu fes racines atteindre jufqu'à trente
pieds, & Gilbert en a mefuré qui avoient fix pieds
& demi.-J'en ai fréquemment obfervé qui appro-
choient de cette dernière dimenfion. Ainfi, là if
brave les chaleurs les plus fortes, les féchereifes
les plus prolongées. Ce n’eft que depuis qu’il
a été introduit dans les baffes Pyrénées , dans
les baffes Alpes, dans jes Gévennes, dans le Jura,
dans la ci-devant Bourgogne , dans la ci-devant
Champagne , que l’agriculture de ces pays efl devenu
floriffmte. J'ai vu dans les propriétés de nia
famille, fituées fur la chaîne calcaire primitive qui
s’étend de Langres à Autun , des terres qui ne
rapportoient que de chétives récoltes de feigfe pu
d’avoine tous les "deux ou trois ans, & ne fe
lonoient en conféquence qu’entre un & deux francs
l’arpent , rapporter entre les mains de mon père
quarante à cinquante francs tous frais faits, après
qu’il eut fait entrer le Sainfoin , & par fuite le
froment & l’orge dans leur affolement.
Au moyen de fes longues racines ,de fes nom-
S À [
breufes tiges, le Sainfoin retarde confidérable-
ment l’entraînement des terres des pentes dans les
vallées ; c’eft pourquoi il doit toujours entrer
dans l’affolement de ces pentes.
Quoique tout porte à cultiver le Sainfoin principalement
dans les terres précitées>, il ne faut
pas pour cela l’exclure des fables & des argiles fè-
ches > il ne faut même pas fe refufer a en mettre de
temps en temps dans les bonnes terres qui ne font
pas trop humides, ne fût-ce que pour éloigner les
retours du trèfle & de la luzerne. Il dure peu dans
les fables, mais y produit de paflables récoltes pendant
les deux ou trois premières années. La même
obfervation s'applique à certaines terres crayeufes,
à certaines terres argileufes, lorsqu'il y réuffit,
ce qui n’arrive pas toujours, à raifon de ce qu’elles'
retiennent les eaux pluviales qui le pourriffent
avant qu’il ait acquis la force néceffaire pour ré-
fifter à leurs atteintes. Ses récoltés font excellentes
dans les bons terrains, mais cependant njoms que
celles de la luzerne > ce qui doit y faire le plus
fouvent préférer cette dernière.
Il fe fubftitue t res-a vantageufement aux vignes
qu’on a été forcé d’arracher. ,
Au rapport de Decandolle, qui a parcouru la
France en obfervateur éclaire des procédés de
l’agriculture, le Sainfoin commun vient mal furies
montagnes trop élevées & aux expofitions trop
froides. Il propofe de lui fubftituer, dans ces deux
cas, le Sainfoin des Alpes, qui croît fpontanément
à plus de mille toifes de hauteur, & qui en diffère
peu par la qualité ffe l’abondance du produit.
Quoique l’on fente plus généralement que jamais
les avantages de la culture du Sainfoin, que
cette culture, comme je l’ai déjà obfervé, s'étende
de jour en jour , elle n’en efl pas pour cela
mieux foignée. Arthur Young avoit déjà remarqué,
il y a trente ans , que dans la ci-devant Bourgogne
cette plante ne dirroit que fix ans au plus,
& que fouvent on étoit obligé de la retourner la
fécondé ou la troifième année, tandis qu'en Angleterre
elle fubfifte ordinairement douze à quinze
ans. Cette foible durée tient, félon cet'obfervateur
, à la courte durée des baux , au préjugé que
la production du blé doit être préférée à toute
autre , au peu d'importance qu'on met à la multiplication
dès beftiaux, enfin au peu de foin qu’on
apporte à nettoyer la terre qu'on lui deftine, des
mauvaifes herbes, par des récoltes antérieures de
plantes étouffantes, comme de vefee ^ de pois
gris & de plantes qui exigent des binages d’été,
comme de pommes de terre , de haricots, &c.
Pour voir profpérer une pièce de Sainfoin, il
eft donc bon de faire précéder fon femis, i°. d'une
récolte de pommes de terre; i ° . d’une récolte
de vefee ou d:e pois gris ; 30. de deux & même
trois labours auflî profonds & auffi parfaits que
poflible.
Enterrer la récolté de vefee en vert, ou lui faire
fuccéder, fi c’eft de la vefee d’hiver, un femis de
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farrafin, un femis de navette, de rave, &rc. pour
en enterrer également les réfultats, eft encore
un moyen de réuffite qui ne cède qu’à une fumure
complète. J’infifte pour améliorer par des engrais
la terre deftinée au Sainfoin, quoique généralement
on ne la fume pas , parce que la quantité &
ia durée font la fuite de cette opération , & que fi
l’économie eft à defirer en agriculture, la.léfinerie
n'y peut être approuvée, f^oye^ R é c o l t é s e n t
e r r é e s .
Des amendemens, tels que la fuie, la cendre,
la chaux, la marne, font fouvent fort utiles, &
doivent être donnés lorfqu’on a calculé fi leur dé-
penfe ne couvrira pas l’augmentation du produit
qu'ils peuvent faire efpérer.
Quant aux labours, on fent bien qu’ils doivent
être faits avec foin , puifque leurs effets doivent
durer plu fleurs années , & que de plus les racines
du Sainfoin font pivotantes. Voye-^ La bour.
Dans la ci-devant Bourgogne, on fait prefque
toujours fuccéder le Sainfoin aux vieilles vignes
qu’on eft forcé d’arracher, & le labour qu’on
donne à la terre , à la main , n’eft prefque qu'un
binage, parce que l'arrachage de la vigne eft un
véritable D é ï o n c e m e n t . V o y e^ ce mot.
On prétend généralement qu’il faut douze ou
quinze boiffeaux de graine de Sainfoin par arpent
, c'eft-à-dire , un peu plus du double de ce
qu’il faudroit de froment fur la même étendue de
terrain} mais cette quantité ne peut être regardée
que comme urne moyenne, car elle dépend de la
nature du fol & de la qualité de la graine. En
effet, à qualité.égale i! en faut moins fur les bonnes
terres, plus fur les mauvaifes, & il eft des récoltes
de graines qui n’en offrent pas moitié fufeeptibie
de lever , comme je le prouverai plus bas. La
quantité qui ne lève pas parce qu’elle eft reliée
fur la furface, où elle a été mangée par les campagnols
& par les oifeaux, doit auffi entrer en
ligne de compte.
Les femis à la volée font les feuls pratiqués
pour le Sainfoin , parce qu'on s’eft aflure par des
expériences direéles, faites en Angleterre, avec
tout'le foin poflîble , qu’il n'étoit pas avantageux
de les faire en rangées, attendu que le; tiges de-
venoient, dans ce cas, fi groffes & fi dures, qu’elles
ne pouvoient plus être mangées par les beftiaux.
Généralement on fème le Sainfoin avec du fei*
gle, de l’orge ou de l’avoine, tant pour payer la
rente de la terre & les frais de culture de la première
année, où il ne produit rien, que peur
l’abriter, dans fa jeuneffe, de l’influence deffé-
chante des rayons directs du foleil. Alors la graine
de ces céréales doit être en quantité moindre de
moitié qu’à l'ordinaire , afin que les feuilles des
pieds qu’elle doit produire n’étouffent pas ceux
de Sainfoin.
Une terré nouvellement remuée & un temps
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