
améliorations de ce genre. Donner des indications
détaillées fur cet objet feroit ici fuperflu, puifque
le même cas ne fe rencontre prefque jamais deux
fois avec de femblables acceffoires. C’ eft donc à
chaque cultivateur à étudier fon terrain , & adjuger
de la nature des mélanges qu’il exige pour être
changé conformément au but qu’il fe propofe.
Les articles fuivans ferviront de comp.ément à
celui-ci. ( B osc.)
T erre alumineuse : fynonyme d’A rgile.
V o y t i ce mot.
T erre amere. On donne ce nom, dans le département
de la Haute-Marne, à des Terres noires
formant le fol d’anciens marais defléches, & tenant
par conféquent de la nature de la T ourbe.
( Voyei ce mot. ) Ces fortes de Terres, qui, labourées
, font très-friables pendant la féchereffe
& très-gâcheufes dans les temps pluvieux, rapportent
des récoltes au - de (Tou s du médiocre,
même dans les années les plus favorables 5 auffi
le plus fouvent les laiffe-t-on en Paq u is ( voye%
ce mot ), quoiqu’elles ne fourniffent qu’un fort
mauvais pâturage, où dominent les laiches, la fca-
bieufe mors du diable , &c. Des labours en bil-
lons étroits & élevés, & l’emploi de la chaux,
font les deux moyens les plus certains pour les
rendre fufceptibles de fournir de bonnes récoltes
de céréales ou d’autres articles des cultures ordinaires.
Les plantations de bois font encore très-
propres i en faire tirer parti, plufieurs efpèces
d’arbres, comme le chêne, le frêne, le faule'
marfault s’y plaifant. ( B o s e S)...
T erre argileuse. Voye^ A rgile.
T erre blanche. Dans-quelques cantons, ce
nom s’applique à des champs formés par une marne
calcaire, blanche, peu fournie d’humus. Ces I
champs ne diffèrent de ceux de la Champagne j
pouilleufe que parce qu’ ils contiennent plus d’argile.
La plus petite pluie rend leur furface unie
& dure comme une croûte de pain. On eft obligé
de les labourer en billon & de les traverfer d’E-
goûts ou Sillons profonds, propres à favorifer
l’écoulement des eaux qui féjournent le plus fou-
vent dans leurs dépreflions. Des engrais abondans
leur font indifpenfabies, & encore ne deviennent
elles productives que dans les années ni trop
fèches ni trop pluvieufes. Des plantations de bois
ou des femis de prairies artificielles font le plus
fouvent ce qui leur convient le mieux.
Ces fortes de Terres font communément rangées
parmi les Terres froides, parce que, à raifon de
leur couleur, elles abforbent difficilement les
rayons dufoleil, & que, par fuite, leurs produits
mûriffent plus tard que ceux des Terres noires du
voifinage. Voye* C r a ie & Ma r n e .
Ce n’eft que par des mélanges avec du fable que
l’on peut améliorer ces fortes de Terres. (Bosç.)
T erre boueuse. C e font celles qui s’imprègnent
très-facilement de l’eau des pluies, &qui
les 1 aillent difficilement s’infiltrer. Leur furface eft
ordinairement une marne fablonneufe, & leur bafe
une argile tenace. Ces Terres font communes 8c
difficiles à cultiver, à raifon de ce qu’il faut qu’elles
foient defféchées pour être labourées, & qu’il eft
des années où elles ne fe deffèchent pas. J'ai vu
de ces Terres où les chevaux enfonçoient jufqu'au
poitrail, & où fe perdoiént quelquefois des enfans.
Cette forte de Terre fe nomme auffi T erre gâcheuse
, T erre délayantes elle offre des
nuances fans nombre. Ce font des Fondrières
d’une, grande, étendue. Voye^ce mot. ( B o s c . )
T erre brûlée : terre devenue momentanément
infertile pour avoir reçu trop d’ENGRAis,
Voyez ce mot.
La première plante qui croît fur une Terre brûlée
eft le Mouron. Voye^ ce mot.
- Il eft plus fréquent de voir de petites places
brûlées pour y avoir dépofé du fumier ou des animaux
morts, que des champs d’une certaine étendue
, car le fumier eft partout trop rare & trop
précieux pour qu’on le prodigue au point de produire
l’effet précité.
Le colza, le chanvre, le lin & autres plantes
épuifantes , font celles qu’on doit placer les premières
dans les Terres brûlées.
La C haux brûle auffi les Terres , mais d’une
autre manière. Voye^ fon article. (Bosc..)
T erre de bruyère : mélange de fable fin &
de détritus de végétaux, dans lequel croiffent ex-
clufîvement les bruyères. Cependant les terrains
qui longent les côtes méridionales de l’Amérique
feptentrionale , & fans doute beaucoup d’autres
que je ne connois pas, font compofés de Terre
de bruyère, quoiqu’il n’y ait pas une plante de ce
genre. On appelle, dams ces contrées, ces terrains
Pin-land.
Les cantons à Terre de bruyère font fort communs
en France, & quelquefois fort étendus. Ces
derniers , prefque toujours en plaine, fe nomment
généralement Lande. Voyej ce mot.
On trouve aux environs de Paris de la Terre de
bruyère fur les montagnes > elle y eft de la plus
grande infertilité , parce qu’elle y manque de
l’humidité néceffaire à la végétation : entraînée
dans les vallons par l’eau des pluies, elle y donne
lieu à la croifTance de fupecbes arbres ; trapportée
dans les jardins, elle y devient d’une fertilité
extrême au moyen des arrofemens, & y fert
à femer les graines des plantes délicates, & à
planter unNgrand nombre d’arbuftes étrangers,
qui, comme les bruyères , ne peuvent profpérer
dans les Terres fortes.
On doit ranger la Terre de bruyère à la tête des
T erres légères, dont elle a les qualités au degré
le plus éminent, ( Voye[ ce mot. ) En effet,
elle ne contient que du fable incohérent, à travers
lequel les radicules des graines & les racines les
plus foibles peuvent pénétrer fans difficulté., &que
des détritus de végétaux, les uns encore organisés
, les autres plus ou moins décompofés, qui >
T E R T E R ' 4 ^ 5
lorfque l’humidité agit fur eux, fe transforment
»n humus foluble 8e entrent, comme parties confluantes
, dans la fève des plantes qui s’y trouvent.
pes analyfes faites par moi ont offert jufqu’à moitié
en poids des détritus de végétaux dans la
Terre de bruyère prife au fond d’une vallée 3 mais
ordinairement la meilleure n'en contient guère
qu’un quart, & il en eft qui n'en otfrenc pas un
dixième. Cependant cette dernière n’eft pas moins
propre à la plupart des cultures auxquelles la Terre
de bruyère eft indifpenfable.
Antoine Richard, jardinier en chef deTrianon,
eft celui auquel on doit la découverte de l’utilité
de l’emploi de la Terre de bruyère pour tous
les femis & pour la plantation des plantes ligneu-
fes & herbacées, dont les racines font foibles &
nnmbreufes. Aujourd’hui on ne peut plus s’en
palier dans les pépinières d’arbres & d’arbuftès
étrangers, & dans les jardins payfagers où on veut
les introduire. La confommation qui s’en fait aux
environs de Paris eft très - confidérable, & fon
prix s’y eft fi fort élevé , qu’il furpaffe celui du
terreau de couche. La charge d’un cheval s’y paie
18 francs terme moyen , & il n’eft pas rare de la
voir vendre 1 franc le boiffeau en détail.
Et qu’on ne s’étonne pas de ce haut prix , car
il eft telle planche de Terre de bruyère de fix
pieds de large & du double de longueur qui rapporte
, chaque année, autant au pépiniérifte qui
la cultive, que fix & même douze arpens du fol
dont elle a été extraite ne rapportent à leur propriétaire.
On diftingue la Terre de bruyère de bonne
qualité à fa couleur noire, à fon toucher gras ,
au grand nombre de racines & autres débris de
végétaux qu’elle contient.
Celie'qui eft mélangée de trop de pierres, & fur-
tout d’argile, doit être repouffée.
Quoique prife dans les vallées, la Terre de
bruyère ne jouit pas, à fon arrivée dans les jardins,
de la plénitude de fa qualité. Pour la lui faire acquérir,
il faut la dépofer en tas, en mottes retournées
, dans un lieu à ce deftiné , & l’ÿ laiffer pendant
au moins un an fans la toucher. Dans cet intervalle
, les racines encore vivantes, les débris
[ de feuilles & de branches fe pourriffent 3 celles
qui étoient déjà changées en humus fe mettent en
j état di(foluble par l’aélion des gaz atmofphériques
qui pénètrent à travers les mottes. Pendant le fécond
hiver on cajfe les mottes , c’eft-à-dire, qu’on
lesbrife à coups de dos de pioche 5 on mélange le
plus .poffible leurs débris, on en ôte toutes les
pierres, on en fépare les reftes de racines que le
Kateau peut faifir , & que la Claie rejette
; (voy. ces mots), ou pour les mertre à part ou pour
les.employer de fuite, comme je le dirai plus bas,
i à commencer une foffe. La Terre de bruyère nettoyée
fe met en tas coniques ou en dos d’âne d’une
j petite élévation, trois pieds, par exemple, &3
pendant l’été & l’automne fuivans, ils font eh anges
de place à la pelle & en jetant la Terre en
l’air pour qu’elle fe mélange le plus exa&ement
poffible. Elle a alors gagné tout ce qu’elle doit
avoir, & elle fe met en planche l’hiver d’après.
Voyei T erre a oranger.
Tous les pépiniériftes preffés par le befoin, ou
par la néceffité de la plus prompte rentrée de leurs
avances, n’attendent pas fi long-temps pour utili-
fer leur Terre de bruyère, mais ils y perdent au
moins relativement à leurs Semis tx à leurs Repiquages.
Voyè% ces mots.
Il fembleroic naturel d’améliorer la Terre de
bruyère en y mêlant du terreau de couche, qui
contient une grande quantité d’humus à l’état
foluble j mais fi on le peut avec avantage lorfqu’il
s’agit de femer de groffes graines communes, il y
,a, en le faifant, prefque certitude de caufer la
perte des femis des graines fines & des arbres
délicats, qui alors pouffent trop vigoureufement
&-fe deffèchent au moindre hâle pour peu qu’on
oublie de les arrofer.
La chaux en poudre, légèrement femée fur
la Terre de bruyère, aélive fingulièr.ement fa
faculté végétative.
Si la Terre de bruyère paroît trop maigre,
c’eft en la ((ratifiant deux ans d’avance avec des
feuilles, autres que celles de chêne, recueillies
dans les bois, qu’il faut la rendre meilleure.
Dans un pays où la Terre de bruyère manque ,
on en compofe artificiellement avec du grès pilé
du du fable quartzeux ftratifié de même. Voye%
Grés & Sable.
Piufieurs manières d’employer la Terre de
bruyère fe pratiquent dans les jardins 3 je vais les
pafier en revue.
Une première , c’eft de la répandre dans une
épaiffeur variable entre un & deux pouces, fur
tes planches où on doit femer des graines fines, afin
que, au moment de leur germination, les racines
des plantes qu’elles auront produites, y trouvent
une grande facilité pour s’étendre & une grande
abondance d’humus à l’état foluble.
Une fécondé , c’eft de remplir des Pots ou
des T errines , afin d’y femer les mêmes fortes
de graines & pouvoir placer ces pots ou ces terrines,
foit fur des C ouches nues, foit fur des
couches à châffis, foit dans des Bâches , des
Serres , foit enfin pour pouvoir les tranfporter
tantôt à i’ExPOSiTiON du midi, tantôt à celle
du nord. Voyeç ces mots.
Une troifième, c’eft de éompofer des planches
prefque toujours à l’expofnion du nord, à l’effet
d’y faire tous les ans ou des femis d’arbrès qui
demandent cette expofition ( ceux des arbres ré-
fineux principalement ) ,. ou des repiquages &
de ces mêmes arbres pendant les deux premières
années de leur vie, & des arbres & arbuftes qui
exigent cette forte de Terre, ou d’y planter à demeure
ces, derniers , tant pour l’agrément que pour
leur multiplication par marcottes, racines, &c.