
dire éparpiller, pour que le foin fe defîeche plus !
rapidement & qu'on puiffe plus tôt le rentrer.
De la defficcation du foin dépend fa bonté & fa
confervation. On ne peut donc la trop furveiller.
Voyez Faner.
Il n eft jamais bon, comme on le fait en tant de
lieux j d’ëconondfer fur le nombre des faneurs,
parce qu’ il peut arriver un orage, que le foin
rifque d’être gâté s'il n eft pas mis au moins en
petites meules, même perdu ; car il arrive quelquefois
que le vent le pouffe dans la rivière on le dif-
perfe tellement fur les champs voifins, qu on ne
peut le réunir. .
Les débordemens momentanés des rivières,
fuite de ces orages, font aufli fréquemment perdre
beaucoup de foin coupé.
Lorfque le foin eft jugé fuffifamment fe c , ou que,
ne l’étantpas fuffifamment, on a lieu de craindre la
pluie, on le met en petites meules, c eft-a-aire en
cônes obtus de trois pieds de large & de hau t,
meules quon étend de nouveau dans Je fécond
cas, lorfque le temps eft redevenu beau; puis, au
bout de quelques jours, on réunit un certain nombre
de ces petites meules pour en former des grandes,
c ’eft-à-dire, qui aient huit à dix pieds de large &
de haut. On le laiffe ainfi difpofé jufqu’à ce qu'on
ait le temps de le conduire a la maifon. Sa furface
fe décolore un peu par i’a&ion des rayons du foleil
& par l'effet des pluies, mais cela difparoît à la
fuite du mélange dans l’aétion du bottelage.
II eft des lieux ou des années o ù , faute de place
dans les fenils ou les granges, on eft obligé de
laiffer la totalité ou une partie des meules de foin
au milieu ou fur le bord des Prés, malgré les
inconvèniens qui en ïéfultent pour le P r é , dont
l’herbe qui eft fous ces meules meurt, & relativement
au foin dont la furface s altère^ au point
de n’être plus bonne qu'à faire de la litiere, &
même que du fumier. Pour parer a ce dernier^ inconvénient
, on les couvre de paille de la même
manière que les Meules de blé. Voyei ce mot.
A-t-on lintention de. tjranfporter de fuite le
foin à la maifon , on fait arriver les chars, qui
ont été vifités & réparés, quinze jours à 1 avance,
jufqu'auprès des meules, & on les charge avec des
fourches.
mais il feroit bien à defirer qu’on pût le changer
de place trois mois après, 'uniquement pour le
remuer, car cetre opération lui eft toujours utile.
11 eft des cultivateurs qui font trépigner le foin
dans les fenils, afin qu'il tienne moins de place
mais ils rifquent qu'il s'échauffe & s'altère par
fuite de cette opération , ainfi que je le dirai plus
bas.-
Cette manière de procéder eft celle qu'on em-
ployoit généralement & qu’on emploie encore
dans les cantons de petite culture j mais aujoui-
d’hui on trouve plus avantageux, & relativement
à la confervation du fo in , fie relativement a
l’économie ou à la furveillance de fon emploi,
de le botteler fur le Pré même, malgré que cette
opération foit alors plus chère , & que fes fuites
foient la néceflité d’un plus grand local.
- Le foin bottelé fe conferve mieux, parce que
l’air peut circuler entre les bottes, & que chaque
botte eft pour ainfi dire ifolée de fes voifines. On
peut d’ailleurs plus facilement le changer de place.
Il eft plus économique, parce qu’on fait mieux
la quantité qu’ on en donne chaque jour aux bef-
i tiaux , & que les valets, lorfqu’ il eft eft ta s , font
toujours déterminés à croire qu’ils ne leur en
donnent pas aflez.
Dans l'opération de la fauche , & encore plus
dans celles du fanage, de la réunion en meules, & c .
toutes les graines menues des plantes qui com-
pofent le fo in , tombent & fervent à regarnir le
Pré , lorfqu'elles ne deviennent pas la proie des
oiféaux des compagnols, mulots , fouris , & c .
Celles qui tombent fur le fenil font donc prefque
toutes mauvaifes : de-là vient le peu de réuftite
des femis faits avec ce qu’on appelle du poujfier de
foifi.A
rrivé à la maifon, le foin s'amoncèle dans les
fenils au moyen d'une fourche & à bras d'homme.
( Voye^ Fenil & Fourche. ) L à , il iefte jufqu'à
U confommatipn ou la y ente fans qu'on y touche >
On peut furveiller plus certainement fon emploi
j car Tachant ce qu’on a récolté , ce qu on a
de beftiaux, & ce que chacun d’eux doit confom-
mer par jo u r , il eft toujours facile de favoir s’ il y
a eu ou non infidélité ou gafpillage.
On doit recommander aux botteleurs d’enlever
rigoureufement les chardons-& autres grandes
plantes qui pourroient bleffer le palais des bestiaux
ou nuire à la vente du foin. . * . i
Quelque fimple que foit le bottelage, il exige
un ouvrier tort exercé, pour être bien fait. On
gagne toujours à payer les bons quelque chofe de
plus. Dans, les pays de grande .culture, il eft des
hommes qui fe confacrent uniquement à cette
opération. Le taux légal des bottes eft cinq livres;
& il eft étonnant avec quelle précifion ces hommes
jugent la quantité de foin qu’ il eft néceflaire dé
prendre pour former ce poi ds. C ’eft avec un double
crochet de fe r , dont le manche eft très-court,
qu’ils opèrent.Les liens font de foin co rd e lé ,& au
nombre de deux ou trois. Il y a long*temps qu’on
a renoncé à ceux de bois aux environs de Paris ;
mais on en fait encore ufagë dans beaucoup de dé-
partemens, au préjudice des forêts. Voye\ Ha r t .
Une méthode très - avantageufe à employer
lorfqu’on a des foins peu fecs qu’on eft forcé de
rentrer, c’eft de les ftratifier avec de la paille,
. c ’eft-à-dire, de mettre alternativement une couche
de paille &. une couche de foin, fans les taffer.
Le foin communique une partie de fon odeur &
de fa faveur à la paille, & la rend plus agréable à
manger. C'eft furtout pour les regains deftinés à
la nourriture des brebis pendant l'hiver, que je
conseille de l'emplpyer, parce que ces regains
fèchent
P R A
lèchent ordinairement fort mal, & qu\on a alors
de la paille d'avoine en grande quantité à fa dif-
politiôn.
On reconnoît que le foin eft bien prépare Lorfqu’il
eft très-vert, très-fec & très-odorant.
Le foin nouveau paffe pour être nuifible aux
beftiaux, & furtout aux chevaux j en conféquence
on ne le leur donne, à moins qu'on ne puiffe faire
autrement, que quelques mois après fa récolte. Il
eft même deS entrepreneurs de charroi?, de diligences,
&c. qui n’en confomment jamais que d’un
an de coupe. Je ne chercherai ni à appuyer ni à
combattre ce réfultat de l’expérience, parce que
cela me meneroit-4:rop loin, & que j’ai encore
bien des chofes à prendre en confidération avant
de finir cet article.
Après trois ans, le foin perd fa faveur, fon
odeur, &même, à ce qu’il paroît, fa faculté nutritive.
Pour le rendre moins défagréable aux beftiaux,
on le mêle alors avec un tiers de nouveau,
s ’il eft deftiné à des vaches ou à des brebis, ou on
le mouille avec de l’eau Talée. Rien n’eft meilleur
que le Tel pour rendre fain le foin altéré,
quelle que foit la caufe de fon altération.
Les domeftiquesqui diftribuent le foin aux b e ftiaux,
doivent être prévenus qu'il faut le battre
ou le fecouer pour faire tomber la pouflière qui
auroit pu s'y mêler dans le fenil; car cette pouf-
fière les fait toufler, ce qui les fatigue , & peut
devenir l’origine d’ une maladie grave.
La quantité de foin qu’on doit diftribuer journellement
aux beftiaux, varie fuivant fa qualité,
fuivant leur efpèce, leur grofleur, le travail qu’ on
exige d’eux, les autres fortes de nourritures qu’on
leur donne ou qu’ils font mis à portée de prendre.
Je ne puis par conféquent pas indiquer quelque
chofe de précis à cetégaid. Je dirai feulement que,
lorfque les chevaux en mangent trop, ils font éx-
pofés à devenir Fourbus. Voye{ ce mot.
Amoncelé fans être bottelé, trop vert ou mouillé,
dans un fenil, le foin court rifque de moifir, d e 1
pourrir & même de s’enflammer , & ce d’ autant
plus certainement qu’il eft plus rapproché par le
trépignement, & que le fenil eft plus exactement
fermé.
Le foin moifi eft repoufle par les beftiaux ; &
lorfqu’ils font forcés par la faim d'en manger,
il leur caufe des naufées & des douleurs d'entrailles,
dont les fuites peuvent devenir très-
graves. Son odeur feule leur répugne, & la pouflière
qui.s’en échappe leur caufe fouvent une toux
convulfive. Lorfqu’on le lave & le fale, on diminue
un peu de ces inconvéniens ; mais on ne les
anéantit pas. En général, il vaut mieux, après
l'avoir lavé, puis féché pour en enlever la pouflière
, l'employer à faire de la litière, que de
tenter de l ’employer à leur nourriture. Il fournit
un excellent fumier, à raifon de la plus grande
partie de principe fucré qu'il contient.
Le foin pourri, s’ il l'eft peu, peut être utilifé
Agriculture. Tome V I .
P RA 41
de la même manière ; s'il l’eft beaucoup, on le
portera directement fur le fumier.
Les incendies par l’amoncelement du foin
mouillé font bien plus communs qu’on ne penfe,
parce qu’on eft difpofé à les attribuer plutôt à la
malveillance ou à l’inattention; ils s’annoncent
à l’avance dans le grenier, par une grande chaleur,
par le développement d’une odeur particulière 8Ï
d’une vapeur humide, circonftances auxquelles
les agens inférieurs de la culture font généralement
peu d’attention : çet événement eft plus
rare dans les fenils dont le foin eft bottelé , & il
ne doit jamais avoir lieu dans ceux où il eft ftratifié.
La fécondé coupe des Prés s’appelle Regain.
( Voyei ce mot. ) Lorfqu’il y a trois ou un plus
grand nombre de coupes, on les appelle première,
deuxième, & regain la dernière.
Les regains ne font jamais ni auffi abondans ni
aufli nourriflans que la première herbe. Ils font
généralement foibles dans les hauts Prés par l’effet
de la fécherefle, & dans les bas Prés par l’effet
du peu d’élévation de leur température : auffi eft-
il rare qu’ on ne les livre pas au.pâturage. Cependant,
lorfqu’on a coupé la première herbe de
bonne heure , qu’on a pu arrofer, ou qu’ il a plu
à propos & que la chaleur s'eft long-temps fou-
tenue, leur coupe ne laiffe pas que d’être avantageufe.
C'eft dans les d^partemens méridionaux
qu'ils acquièrent le plus de valeur.
Aux environs de Paris & plus au nord, les regains
font principalement deftinés à la nourriture
des vaches & des moutons. Rarement on les met
dans un commerce, autre que celui de voifîn à
voifin.
La defficcation des foins de régain eft plus difficile
que celle de ceux de première herbe, parce
que la chaleur du foleil eft moindre à l ’époque
où on les coupe. C ’eft.pour eux que la pratique
de la ftratifïcation avec la paille eft principalement
dans le cas d’être recommandée.
Jamais les regains ne doivent être mêlés avec
les foins, qu’ ils altèrent, fous la confidération de
leur valeur vénale, comme fur celle de leur valeur
réelle. Un fenil particulier doit leur être confacré*
M. Yvart recommande de faire fermenter le regain
en tas avant de le faire defiecher, parce que
la fermentation accélère beaucoup fa defficcation.
Il affure que ce regain eft mange avec plaifir par
les beftiaux, & qu’ il leur eft très-profitable.
Un article de gazette propofoic de le mettre
dans des tonneaux & de le faler.
Dans certains cantons d’Angleterre, on réferve
les regains pour les faire pâturer à la fin de l'hiver ;
leur herbe, quoique devenue jaune , étant encore
très-bonne à cette époque. Il eft à defirer que cette
pratique s’établiffe en France, où on eft fi fujet à
manquer, au printemps, de nourriture pour les
beftiaux.
Il eft reconnu qu’un arpent de Pré de plaine,
de qualité moyenne , doit donner, année com