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à la fubfiftance des animaux. Ce principe eft généralement
vrai ; mais fon application, à ce qu'il
me paroît.eft fujette à des exceptions nombreufes.
Une fois qu’on a admis, avec Gilbert, que
c'eft principalement fur l’engrais des terres qu’eft
fondée la plus grande utilité des Prairies artificielles
, voici comme il croit quon peut arriver
à la fixation de l’étendue pour une exploitation
donnée.
i° . Calculer le nombre d’ arpens de terres labourables,
& les fortes de récoltes qu’on leur
demande ;
20. La quantité de fumier néceffaire pour fumer
ces terres ;
3®. Le nombre des beftiaux nécefTaire pour
fournir ce fumier j
4°. La durée de l’effet de l’engrais ;
5°. Le produit moyen de chaque arpent;
6°. La confommation de chaque, tête de bétail.
S’il y a des Prairies naturelles, on doit en outre
les comparer avec les Prairies artificielles, fous
les rapports de la quantité & de la qualité.
(B o s c .)
PRASIQN. P&asium.,
Genre de plantes de la didynamie gymnofpermie
& de la famille des Labiées, dans lequel fe trouvent
rangées fix efpèces, dont deux fe cultivent
dans nos écoles de botanique. Voye\\&sIllufîrations
des genres de Lamarck, pl. ÿi6,
Efpèces,
i. Le Prasion élevé.
Prajium majus. Linn. "b Du midi de l’Italie.
2. Le Prasion à doubles crénelures:
Prajium minus. Linn. T? Du midi de l’Italie. '
3. Le Prasion velu.
Prafîum hirfutum. Lam. ^ De .....
4. Le Prasion à fleurs purpurines.
Prajium purpureum. Walt. De l’Amérique fep-
tentrionale.
y. Le Prasion incarnat.
Prajium incarnatum. Walt. © De l’Amérique
feptentrionale.
6. Le Prasion à fleurs écarlates.
Prajium çoccineum. Walt. De l’ Amérique fep-
tentrionale.
Culture,
Les deux premières efpèces font les feules qui
appartiennent certainement au genre, & les feules
qui fe voient dans nos jardins, quoique j’aie abondamment
rapporté des graines des trois dernières;
elles exigent l’orangerie pendant l’hiver, mais du
refte font fort peu délicates: la terre franche, renouvelée
tous les deux ans, eft celle où elles prof-
pèrent le mieux ; on leur donne des arrofemens
âbondans pendant l ’été; leur multiplication a lieu
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feulement par déchirement des vieux pieds ou par
boutures au printemps, car leurs graines avortent
prefque toujours dans le climat de Paris. Ce font
des arbuftes de peu d’effet. ( B o s c . )
PRATIQUE : aétion répétée d’une opération.
L’agriculture-pratique eft celle qui eft exercée par
les laboureurs, les jardiniers & autres.
On dit partout que la Pratique fuß t pour faire
un bon cultivateur, qu’il n appartient quà un praticien
d* écrire avec fruit fur £ agriculture , que la
théorie en agriculture ne fert qu à la ruine de ceux qui
s*y livrent.
Mais en parlant ainfî, s’entend-on bien ? N ’y
auroit-il pas deux fortes de théorie, l’une enfant
d’une imagination déréglée, l’ autre fondée fur.
l’expérience des fiècles ? De ces deux théories, la
fécondé peut-elle avoir les mêmes réfultats que la
première? No n , fans doute, car elle fuppofe de la
Pratique & des connoiffar.ces acquifes dans toutes
les fciences qui fe rattachent à l’agriculture; elle
fuppofe encore un efprit accoutumé à réfléchir
fur ce qu’il vo it, fur ce qu’ il fait. Sans doute, dans
le fiècle dernier, on a fait beaucoup de théories
de la première forte, ce qui a nui aux progrès
de l’agriculture ; mais a&uellement il n’ eft plus à
craindre qu’on en falle, parce qu’elles ne feroienc
plus accueillies par perfonne.
La divifîon du travail entre plufieurs hommes,
allure toujours fa perfection ,J k elle s ’applique à
l’agriculture comme aux autres arts.
En effet, eft-ce un laboureur conduifant toute
la journée le manche de fa charrue, dont l ’efprit
eft continuellement fixé fur la marche de fes chevaux,
fur la direction de fon fo c , & dont, à la fin
de la journée, le corps a un extrême befoin de nourriture
& de repos, qui puiffe méditer fur le perfectionnement
de fon art? Il ne s’occupe donc pas
des moyens de rendre fa charrue moins fatigmte
pour lui & fes chevaux, d’améliorer la race de ces
derniers, de foumettre fes champs à des alTolemens
réguliers, de les rendre plus fertiles par- des engrais
ou des amendemens inufités.
Sans doute, ce que le praticien fait bien par fuite
d’ un long exercice, lè théoricien le fera mal d’abord
; mais ce dernier, en voyant opérer le premier
quelques minutes feulement, reconnoîtra pourquoi
fa charrue ne retourne pas convenablement la terre,
& il lui confeillera de changer la forme de fon
verfoir; pourquoi fes chevaux fatiguent beaucoup
relativement à l’ouvrage qu’ ils fon t, & il lui coii-
feillera de rapprocher la ligne de tirage du point
de la ré fi fiance , & c . Que de faits de ce genre je
pourrois ici citer fi je voulois parcourir la férié de
tous les procédés de l’ agriculture :!
Confidérée comme la connoiffance de-l’enfembîe
des procédés de la Pratique des cultivateurs de
tous les temps & de tous les lieux, la théorie
élève l’efprit, général ife les faits, diftingue les
cieonftançes. La Ample Pratique individuelle rétrecit
au contraire l’ intelligence, ne permet pas
de faire des applications juftes, de faifir les moyens
d’amélioration qui fe préfentent. Qui a pu s inf-
truire auprès d’ un Ample laboureur en le quef-
tionnant ? C ’eft la coutume dans ce pays , mon
père m a appris à faire ainfî, font les fe u î es reponfes
qui m’ ont été bien fouvent faites. J ai toujours
trouvé plus d’avantage, relativement a mon inf-
truêtion, à les voir opérer qu’ à les engager à en
détailler les motifs.
On appelle routine la Pratique non éclairée, &
dette routine s ’applique aux bons comme aux
mauvais procédés. Le fermier des environs de
Lille ne fait pas mieux pourquoi il agit que celui
de la baffe Bretagne; cependant l ’un cultive aufli
bien que poflible, & l’autre ne tire pas de fa terre
le quart de ce qu’elle pourroit lui fournir. Il eft
heureux que les extrêmes foient rares dans l’objet
dont je m'occupe, comme en tant d’autres, c ’eft-
à-dire, qu’ il y ait peu de praticiens fans quelques
élémens de théorie,furtout dans les pays de montagnes,
où la variété des cultures & la multiplicité
des caufes qui peuvent nuire à leurs réfutats obligent
les plus pauvres cultivateurs à réfléchir fur
ce qu’ils font. Que peut-on attendre, en effet,
d ’un valet de charrue qui ne fait ni lire ni écrire, à
qui on ne demande que de tracer des filions, conduire
une voiture & panfer fes chevaux , lorf-
qu’il eft fi difficile à un feul homme, quelqu’inf-
truit qu’on le fuppofe, d’embraffer l’enfemble des
élémens fur lefquels repofe la fcience agricole !
Ce n’eft que des propriétaires aifés, qui ont paffé
une partie de leur jeuneffe dans les grandes villes,
qu’on doit attendre le perfectionnement de l’agriculture,
parce que ce font eux qui font les plus habitués
à obferver & à faire des expériences. (B o s c .)
PRÉ. Voye[ PRAIRIE.
PRÉBOUIN : altération de Pr o v in . FVyq; ce
mot.
PRÉCEPTE : règle, établie dans une phrafe
courte ou dés vers peu nombreux.
Toujours les Préceptes font fuppofés repofer
fur Pexpérience, & par conféquent n’avoir pas
befoin de preuves 5 mais combien d’entr’eux font
fondés fur d’abfurdes préjugés, fur des jeux de
mots, & c . ! D’ailleurs, tel Précepte peut être bon
pour une année, pour une localité, pour un genre
de culture, & ne rien valoir pour une autre. La
coupe d’ une fo r ê t , la defliccation d’un marais ,
peuvent modifier la marche de la végétation dans
ce canton , & rendre faux le Précepte jufqu’alors
le plus certain. Voye^ Abri & Humidité.
Un cultivateur éclairé ne doit donc pas fe diriger
d’après des Préceptes , mais doit les étudier
pour s’aüurer de leur convenance ou de leur inconvenance.
Lc-s Préceptes ne doivent pas être confondus
avec’ les principes; car leurs réfultats font totalement
oppofés, les premiers rétréfcifî'ant, & les féconds
développant l’intelligence.
! Beaucoup d’ouvrages anciens d’agriculture font
fondés fur des Préceptes; aujourd’hui, la plupart
repofentfur desPRiNCiPES. Voy. ce mot. (Bosc.)
PRÉCOCE , PR É CO CITÉ . Une fleur eft précoce
lorfqu’elle s’épanouit plus tôt que les autres ;
un fruit eft précoce lorfqu’ il mûrit avant l’époque
naturelle de la maturité de la plupart ; une année
eft précoce quand on récolte plus tôt le produit
des cultures. a
Il eft des Précocités d’efpèces, tantôt naturelles
, tantôt artificielles. Ainfi la violette fleurit
avant le muguet ; ainfi la fleur des lilas s’ épanouit
avant celle du rofie r, fans que l’art s ’en mêle ;
mais on peut de beaucoup devancer l ’époque de
leur floraifon, en plaçant ces plantes dans une
ferre', fous un châflis , & même Amplement à
l’abri d’ un mur expofé au midi.
Il eft des Précocités jde variétés qui fui vent les
deux mêmes lois : ainfi le pois Michaux, femé en
plein champ, fé mange plus tôt que le pois Cla-
mart ; ainfi la poire de Madeleine mûrit plus tôt en
plein vent qué la poire de bon chrétien; mais on
peut aufli , à leur éga rd, avancer le moment d’en
jouir, en ifemant les pois, en palifladantles poiriers
contre la partie méridionale d’ un mur élevé.
Il y a des Précocités de climat : ainfî les plantes
ci-deflus mûriflent plus tôt à Marfeille qu’à Paris,
à Naples qu’ à Marfeille.
Il eft enfin des Précocités de fol.-Par exemple,
i toutes les cultures avancent plus rapidement dans
une terre légère & fè ch e , que dans une terre
tenace & humide ; dans une terre noire, que dans
une terre blanche, & c .
Les herbes qui font baignées par une eau de
fôurce, pouffent pendant lès gelées.
Les grands abris naturels font aufli des moyens
de Précocité; c ’eft pourquoi les récoltes fe font
plus tôt à Gênes qu’ à Montpellier, quoique cette
dernière ville foit au midi de la première.
L ’intérêt des cultivateurs les porte prefque
toujours à defirer que leurs récoltes foient précoces
, i° . parce qu’ ils ont moins à craindre lesac-
cidens qui peuvent les leur énlever; 20. parce qu’ ils
jouiffent plus tôt de leurs produits; 30. parce qu’ils
retirent plus tôt leurs avances & 1 intérêt de ces
avances; 40. parce qu’ils font plustôtenpoflibilité
de placer d’autres cultures fur la même portion du
fol; mais c’eft furtout autour des grandes villes
pour les légumes, les fleurs 8c les fruits, que cela
devient important : aufli les Maraîchers, le*'
Fleuristes & les Pépiniéristes des faubourgs
de Paris ne s’ occupent-ils que des moyens d’arriver
à ce but. Voye\ ces trois mots.
Dans les grandes cultures, où l’économie eft:
une des premières baies du fuccès, on ne peut
rechercher la Précocité que par le moyen des
variétés précoces ; c’eft pourquoi on doit préférer
le froment lammas au froment blanc, le
trèfle de Hollande aù trèfle commun, & c . C e - '
pendant il eft, d’après ce que j’ai dit plus haut*