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dans prefque toute l’Europe. Il en fera queftion
plus bas. . • c .
L’efpèce n°. 3 1 , quoique petite , fe tait remarquer
j parce qu’elle croît dans les plus mauvais
pâturages j & quelle pouffe au premier printemps;
de forte qu’elle fournit, principalement aux moutons
, une nourriture abondante 8c excellente.
Les cultivateurs de la Sologne feroient fréquemment
dans le cas de perdre beaucoup de bêtes
par le défaut de fourrages fecs, a la fin de 1 hiver,
fi elle n’y fuppléoit pas. ' ,
On a cité la Vefce du n°. 35 comme cultivée
en Italie 8c dans le Levant. J’ai vu , par des effais
faits à Verfailles, qu’elle mérite en effet des éloges;
elle peut donner jufqu’a trois coupes dans
un été 3 8 c encore fournir un pâturage , ou etre
enterrée pour engrais. t
L’efpèce n°. 45 croît dans les champs de c é réales
, & y offre, ainfi que je 1 ai obfervé , les
mêmes avantages 8c les mêmes inconvéniens que
celle du n°. Ier. , excepté qu’elle eft annuelle.
Il ne paroît pas que les Anciens connuffent les
avantages de la V esce c u l t iv é e , ou Vefce proprement
dite , appelée pelotte 8c barbotu dans
quelques-uns de nos départemens. Olivier de Serres
eft le premier auteur qui ait fait fentir toute
fon importance fous le rapport de fa graine,
ainfi que fous celui de fon fourrage , & ce n eft
que depuis lui qu’on a appris combien elle pouvoir
être utile pour nettoyer les champs des mau-
vaifes herbes, & favorifer 1 établiffement des a f - ,
folemens.
Au nombre des avantages de la culture de la
•Vefce, il faut mettre, & même au premier rang,
la poffibilité de lui faire remplacer fimprodudive
jachère, c ’eft-à-dire, de donner une récolté en peu
de mois fur un champ volontairement deftiné a
la ftérilité pendant une année entière. On verra
plus bas que cette récolte, loin de nuire aux
céréales qui doivent lui etre fubftituees, augmente
toujours leurs produits. Voye^ Assolement.
Arthur Young cite un fermier anglais qui, dans
l’année de jachère, fit une récolte de Vefce d’hiv
e r , & fema enfuite du farrafin qu’il enterra pour
engrais. V'oyei; Récol te en terré e. ' n
P o u rq u o i n e f a it- o n pas d e m êm e p a r to u t o u
cela eft poflible >
Il exifte plufieurs variétés .de V e fc e , variétés
relatives à la largeur des feuilles, à la hauteur des
tiges, mais elles font imparfaitement déterminées
les deux plus connues des cultivateurs font celle
dont la graine eft grifàtre, & celle dont la graine
eft noirâtre. La première eft celle qu’ il eft le plus
avantageux de Cerner avant 1 hiver, 8 c la fécondé
celle qu’ il eft le plus avantageux de fermer après.
On peut cependant les fuppléer lorfqu’on n’a que
l’ une des deux, & ce fans grands inconvéniens ,
quoiqu’il ait été reconnu que la fane .de la Vefce
d ’hiver eft inférieure à celle, de la Vefce d’été
pour là nourriture des beftiaux...
y e s
En Angleterre, on regarde les Vefces d’hiver
& d’été comme deux efpèces^diftindtes, & il eft
poflible que cela foit; mais certainement celles que
,nous cultivons en France fous ces noms, ne font
que de légères variétés.
Excepté les terres très-humidès & très-fèches,
la Vefce profpère dans toutes celles ou on Ta
fème, lorfqu’elles ont d’ailleurs été convenablement
difpofées ; elle réuffit même dans les premières
lorfque la faifon, hiver ou é té , a été
fèche, & dans lés fécondés-lorfque l’été eft pluvieux.
En général, c’eft dans ces dernières^qu’ on
doit plus particulièrement femer celle d’ hiver.
C e font les bonnes terres expofées au midi,
principalement quand elles font calcaires, qui
lui font les plus favorables.
Quand on confidère la culture de la Vefce
comme moyen de nettoyer les terres, on doit la
femer après des récoltes qui ont exigé des binages
d’é té , comme le maïs, les haricots, les pommes|
de terre;, & c . Elle profite fort bien après les récoltes
de céréales. Autant que poflible, on doit
éviter de les faire fuccéder à des cultures de légu-
mineufes & de les en faire fuivre. _
Il eft rare qu’ on donne des engrais aux. terres
deftinées à recevoir de la V e fc e ; au contraire on
la fait fréquemment fervir à fuppléer au fumier.
Quelquefois, & cette pratique eft dans le cas
d’être approuvée, onia fème apres un marnage.
On donne deux labours aux terres fortes qui |
font deftinées à porter de la Vefce : un feul fuffit
dans celles qui font légères. On peut fe contenter |
d’un binage avec la houe à cheval, même d’un
ratiffage à la herfe de fe r , dans ces dernières
terres, lorfqu’on veut femer la Vefce pour l’enterrer
en vert, comme je le dirai plus bas.^
La quantité moyenne de graine de V efce d’hiver
à employer par arpent eft cent cinquante livres,
un peu plus dans les terres fortes humides , g&ft
peu moins dans les bonnes terres légères 8c bien
expofées , encore moins lorfqu’on la fème avec
du feigle, avec de l ’avoine , avec des fèves de
marais du farrafin , &c.
On doit femer la Vefce -plus épais quand on
ne la cul t iv e pas pour la graine. Celle d’hiver doit
être plus claire que celle d’été. B
La Vefce d’hiver, femée trop tôt ou femée
| trop tard, rifque également de périr fi l’hiver eft
1 long & pluvieux. Le mois de novembre eft l’époque
que l’expérience a prouvée être la plus favorable,
le commencement dans le midi , le milieu I
dans le climat de Paris, & la fin plus au nord.
Les Vefces d’hiver rendent un tiers plus 'en
graines que les Vefces du printemps, & elles four-
niffent un fourrage abondant à une époque où les
pâtures font généralement rares ; c ’eft ce qui détermine
prefque partout à en femer, car d’ ailleurs
elles manquent fouventen tout ou en partie, comme
jè l’ai déjà annoncé. Dans le cas de/non-réuflïte, I
on doit leur fubftituer celle du printemps mêlée
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d’avoine ou de fèves de marais, ou de farrafin, 8c
ce fur un feul herfage , attendu qu’ il arrive fou-
vent qu’une partie des premières graines, furtout
dans les terres froides, ne germent que dans cette
faifon, & que, par ce moyen, elles ne font pas
perdues. « ’ jf , .
J’ai vu un champ de Vefce d’hiver q u i, au
printemps, fembloir ne pas mériter d’être confervé,
tant il a voit fouffert de l’alternative des pluies &
des gelées, être rétabli en le fauchant^ à trois
pouces de terre, cette opération ayant détermine
fa ramification des tiges , & augmenté par confe-
quent leurs produits.
Ce qui me fait infifter fur le mélange, au printemps,
de la graine de Vefce avec l ’avoine, les
fèves de marais, le farrafin, & c . , c eft que la
plante à laquelle elle doit donner naiffance, grimpant
fur les tiges des efpèces ci-deffus, profitera
davantage & tiendra moins de place que fi elle
étoit étalée fur la terre. Voye% M é l a n g e .
Les vefces d’été fe fèment généralement en
mars; on fe contente de cent livres de graines par
arpent, terme moyen. Ce fontexclufivement elles
qu’on fait accompagner d’ avoine, de feves de
marais & de farrafin ; elles ne manquent que dans
lé cas où le printemps feroit exceflivement fec
ou exceflivement pluvieux. Leur germination s o-
père en peu de jours, 8c il s’en perd par conséquent
beaucoup moins que de celle de la Vefce
d’h iver, foit par les ravages des pigeons, des corbeaux
, des pies 8c autres oifeaux, foie par ceux
des rats, des campagnols, des mulots, des fouris
& autres rongeurs.. ,
La crainte de ces ravages, la neceflited abriter
la graine du hâle, 8c de rendre la furface du
fol aufli unie que poflible doivent engager les
cultivateurs à donner au moins deux herfages 8 c
un roulage à la V e fc e , foit d’ hiver, foit d été.
En général, on peut femer la Vefce a toutes les
époques de l’année , les gelees 8 c le fort de 1 été
feuls exceptés, ce qui la rend ptécieufe pour un
cultivateur intelligent, q u i, par fon moyen, peut
toujours tenir fes terres employées. I
Lès cultivateurs anglais qui ont preconife la
culture par rangées pour tous les objets de leurs
récoltes, l’ont aufli appliquée à la V e fc e ; mais
comme on ne peut la biner qu’ une fois , 8 c que
la plus grande vigueur des tiges ne compenfe pas
leur moindre nombre, ils y ont renoncé. D ailleurs,
deux des principaux avantages de la Vefce font
rendus nuis par ce mode de culture, favoir 3_ celui
d’étouffer les mauvaifes herbes vivaces ^ .a n nuelles
qui croiffent dans le champ , & celui de
conferver à la furface du fol une^ humidité permanente
qui favorife beaucoup 1 adtion des gaz.
Cependant cette pratique peut être fuivie lorfqu’on
ne cultive cette plante que pour la graine.
Un charançon 8 c une altife vivent aux dépens
des feuilles de la V e fc e , & font quelquefois îi
multipliés, qu’ils nuifent aux produits de fa récolté
; elle eft de plus très-fujette aux pucerons,
qui s’oppoTent à fa croiffance 8 c en dégoûtent les
beftiaux. Le feul moyen de diminuer leurs ravages
, c’eft de faupoudrer les feuilles de la Vefce
pendant la ro fé e , ou après la pluie, avec de la
cendre ou de la chaux, ou du plâtre en poudre.
Outre l’effet defiré, ces moyens, furtout le dernier,
adtivent la végétation de la plante 8c augmentent
fes produits. Voye^ Pl â t r e .
La C uscute attaque aufli la Vefce.. Voye^ fon
article. '
La coupe de la Vefce a lieu à différentes époques
de fa végétation , & ces époques font indiquées
par l’objet qu’on fe propofe ; ainfi, fi on
veut la faire fervir ( celle d’hiver ) à la nourriture
des brebis à la bergerie, des vaches a lé-»
table , on commence à la couper dès qu elle fera
en fleur, 8 c on continuera jufqu’ à la maturité de
fa graine. Si c’ eft pour fuppléer au manque d’engrais,
on l’enterrera lorfque fes premières fleurs
feront tombées ; fi c’eft pour la deffécher ( celle
d’été ) afin d’augmenter la maffe des fourrages
deftinés à la nourriture des beftiaux pendant 1 hiver
, on la coupera lorfque les premières gouffes
feront arrivées à complète maturité ; enfin, fi
c’eft fur la graine qu’on fpécule ( foit celle d’hiver
, foit celle d'été ) , on attendra que la moitié
ou les deux tiers des gouffes foient mûres.
1 Fauchée pendant la force de la floraifon, la
| Vefce .repouffe, 8 c donne un mois plus tard , ou
! un pâturage de quelqu’ importance, ou un moyen
d’engrais en l’enterrant.
Il eft aufli Couvent des cas où on fait pâturer les
Vefces fur pied, principalement les Vefces d’hiv
e r , foit pour augmenter le lait des brebis portières,
des vaches qui nourriffent, foit pour fortifier
les poulains, les veaux, &c. Cette méthode eft
même générale en Angleterre, tant on la regarde
comme avantageufe, foit fous le rapport des animaux,
foit fous celui de l’amélioration de la
terre. lime femble,en effet, qu’elle jouitde nombreux
avantages, & quelle doit être préférée
-toutes les fois, furtout, que le champ oùfe trouve
la Vefce eft fort éloigné de la mai fort.
Un autre emploi très-fréquent, principalement
des Vefces d’ été , c’eft leur enfouiffement pour
engrais lorfqu’elles font en fleur ; cette plante,
par la rapidité de fa croiffance, le nombre de
fes feuilles, y étant plus propre que beaucoup d’ au-
très. On recommande généralement de faire cette
opération lorfqu’elles entrent en fleur, & on y
eft Couvent forcé par la néçeflfté de commencer
de bonne heure les labours *p<rar le feigle ou le
froment ; mais la confidération que la graine
pourrie eft le meilleur engrais après celui produit
par les animaux , doit engager à retarder jufqu’au
moment où les premières gouffes commencent à
noircir ; on y gagne de plus une plus grande abondance
de fanes. Dans ce cas il vaut mieux couper
la Vefce pour l’enfouir avec le pied dans les
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