
3 i 4 S E R
midité dans la terre, & que la chaleur entretenue
dans les Serres l'attire, on eft obligé d’ en élever
le fol de- trois à quatre pieds , au moyen d'un
muffif de maçonnerie repofant fur une couche de
laitier de forge ou de mâche-fer, matières éminemment
fèches & mauvaifes conductrices de la
chaleur. Sur ce maflïf, après fa complète defiïc-
cation, il feroit bon d'établir une couche de
charbon de bois en poudre qui fupporteroit le payé.
Lorfque le foleil brille, les couches inférieures
de l’atmofphère font plus chaudes que les fupé-
rieures, parce que la chaleur dont la terre s'imprègne
s’y réfléchit j mais pendant les jours nébuleux
& pendant la nuit, c’eft tout le contraire.
On doit donc élever de cinq à fix pieds le maffif
dont il vient d’être queftion. Une rampe vis-à-vis
de la porte fournit les moyens d’y arriver avec
la brouette.
Quelques cultivateurs placent leur Serre fur
une voûte , & ils font bien ; mais il faut que l’intérieur
de cette voûte n’ait aucune communication
avec l’extérieur, afin que l’air qui s’y trouve,
conferve toujours la même température.
Toujours les murs des Serres font conflruits en
pierre de taille ou en moellons réunis à chaux & à
ciment } mais comme la chaux carbonatée eft un bon
conducteur de la chaleur, ces murs biffent promptement
pafTer celle qui a été accumulée dans ^intérieur,
ce qui oblige à une plus grande confomma-
tion de bois. Il y a deux moyens d'éviter ce grave
inconvénient : le premier, de conftruire la Serre
en briques vernifféesj le iecond, de faire deux
murs léparës feulement de fix pouces, & , ou de
laitier leur intervalle v id e , en leur ôtant toute
communication avec l’air extérieur, ou d'y mettre
du charbon en poudre, de !a menue paille de froment,
ou route auire fubftance peu conductrice
de la chaleur.
Plus la Serre peut recevoir de lumière, 8 c mieux
elle remplit fon objet. C ’eft donc un trapèze fort
long & peu la<ge que doit offrir fa couve horizontale
i mais il faut ménager Ij place. Pour les ré-
fervoirs à eau , on pretère prefque toujours la
forme parallélogramique.
Il doit y.avoir, d’après la théorie, une proportion,
néctffitée par le but qu'on fe propofe, entre
la longueur, la largeur & la hauteur d une Serre }
mais elle n'a pas été calculée, & elle n’eft pas tellement
rigoureufe qu’on ne puiffe s'en écarter
dans ia pratique. Je n’ai pas encore vu deux St très
femblables, 3c j en ai vu beaucoup j cependant la
plupart rempjiffoient fort bien leur deilination.
Généralement, c'eft prefque toujours au h.fard ou
par des confédérations étrangères à la culture que
les architeâes déterminent ces proportions.
Je n'entreprendrai pas de fixer ces proportions,
atttnduque, pour le faire, je devrois commencer
par des expériences longues & coûteufes, que
ma pofition ne me permet pas de tenter. Je dirai
feulement qu une trop grande & une trop petite
S E R
Serre font également à repouffer; la première'
parce qu’elle contient moins de plantes & fe reî
froidit plus promptement j la fécondé , parce
qu’elle confomme plus de bois pour produire
moins d'effet, & expofe à des pertes de plantes
plus confidérables. C ’eft donc à une Serre moyenne
ou à plufieurs Serres moyennes qu’il faut s’ar-
rêter.
On me demandera fans doute ce que c’eft
qu’une Serre moyenne. Quoiqu’on puiffe réclamer
contre ma décifion, je dirai que c’ eft celle
qui a cinq à fix toifes de longueur.
Moins la Serre fera profonde, & plus les rayons
du foleil pourront facilement l ’éclairer à toutes
les époques de l'année. Ainfi la meilleure de-
vroit n’avoir que deux à trois pieds dans cette dimension
j mais comme alors elle ne contiendroic
que fort peu de plantes & fe refroidiroit promptement
en l’abfence du fole il, on doit lui en donner
une plus confidérable.
Les cultivateurs font d’autant plus déterminés à
donner une trop grande profondeur à leurs Serres,
qu’il eft beaucoup de plantes qui ont peu befoin
de lumière pendant l’hiver j ce font celles qui perdent
leurs feuilles, ,& encore plus celles qui perdent
leurs tiges, principalement les bulbes.
Ordinairement donc, dans le climat de Paris,
on donne huit pieds & demi à neuf pieds ;de profondeur
aux Serres, dont cinq à fix font occupés
par les plantes, 3 c le refte employé au paffage.
Plus au nord on peut leur en donner davantage,
en ce que les rayons du foleil étant plus obliques,
y pénètrent davantage & plus long-temps. Il eft
au refte des fortes de Serres q-u’on peut approfon*
dir beaucoup plus ; ce font celles à vitrage brifé.
J’en parlerai plus bas.
Aéluellement i! ne s’agit plus que de fixer la
hauteur. Ici on n’a pour règle que la néceflité
d’avoir le moins poffible d’air à échauffer, & de
placer les plantes de la plus grande ftature; En
général, quand on en poffède plufieurs, il faut
en confacrer une aux plus grandes plantes, une
aux intermédiaires & une aux petites 5 mais quand
on n’en a qu’ une, il faut par conféquent quelle
Toit d’une hauteur moyenne.
Dam k vSer res où le vitrage eft perpendiculaire,
la hauteur moyenne du mur du fond fera entre
fix a dix pieds, & la hauteur du vitrage fera d’autant
plus grande, que le climat où elle fera placé?
fe rapprochera davantage rie l'équateur.
En effet, la hauteur du vitrage doit être telle
que les rayons du foleil éclairent toute l’année ou
prefque toute l’année , toutes les faces intérieures j
ainfi c’ eft la hauteur méridienne du foleil,au folf-
tice d’été, qui doit guider dans fa détermination,
car plus le degré du folftice d'été eft élevé au-
deliusde l’ horizon , moins les rayons du foleil font
obliques. Donc , dans un climat o ù , comme celui
de Paris, J’augle du folftice avec l’horizon eft de
foixante-cinq degrés, on donne au vitrage d’une
S E R
Serre dix-huit pieds de hauteur moyenne, 8 c
cette hauteur diminue d’aütant plus qu’on fe rapproche
davantage du nord.
r Cependant comme il eft des plantes qui font
dans le cas d'être ôtées de la Serre dès le mois de
mai, 3c que celles qui doivent y refter toute
l’année peuvent alors être rapprochées du vitrage,
on fe permet quelquefois, ou de lui donner plus
de profondeur, ou de diminuer la hauteur du vitrage
d’un ou deux pieds.
Les Serres à vitrage perpendiculaire font moins
expolées aux effets de la grêle, de la neige, des
groffes pluies , des coups de foleil, & c .} c’eft ce
qui les fait préférer par quelques perfonnes j mais
elles font bien inférieures, fous le rapport de la
quantité de plantes qu’elles peuvent recevoir &
le degré de chaleur qu’elles peuvent acquérir par
le feul effet des rayons du foleil, à celles dont le
vitrage eft incliné j aufïi ces dernières font-elles
bien plus communes.
Dans le climat de Paris, on donne à cette in-
dinaifon environ foixante-douze degrés, qui eft
celle que la théorie & l’expérience ont prouvé
être celle fur laquelle les rayons du foleil tomboient
perpendiculairement pendant le plus long efpace
de temps. Voye[ planches 28, 29 & 30 de Y Art
aratoire y fai fan t partie de Y Encyclopédie par ordre
de matières y les élévations, les plans & les coupes
de trois Serres de-cette forte.
Quelque bonnes que foîent les Serres ainfi
conftruites, il en eft d’autres qui font encore
meilleures} ce font celles qui font compofées d’un
vitrage brifé ^ c’eft à dire, inférieurement d’un
vitrage perpendiculaire, & fupérieurement d’un
vitrage incliné de quarante-cinq degrés. (L a
planche 27 de Y Art aratoire précité, offre l’élévation,
le plan & trois coupes d’une Serre de cette
forte.) Le climat n’influe en rien fur les dimenfions
de la capacité de ces fortes de Serres, parce que
tous les jours de l’année le foleil peut étendre fes
rayons fur toutes les faces intérieures. Elles fe
règlent fur la grandeur & le nombre des plantes ;
mais elles font d’un entretien plus difpendieux,
leur dépenfe de bois eft aufïi plus grande pendant
l’hiver, à raifon de la difficulté d empêcher l’in-
trodu&ion de l’ air froid par les jon&ions des v itres.
De plus, da.ss certains jou r, ou l’eau vapo-
rifée dans la Serre s’attache au vitrage & intercepte
les rayons du foleil, ou les coups de foleil
foRt d’une telle intenfité , que la plupart des
feuilles des plantes font grillées, ce qui caufe
l’affoibiiffement & même la mort de beaucoup de
pieds.
Pour diminuer les inconvéniens de ces fortes de
Serres, on fubftitue au vitrage incliné, dans fa
partie poftérieure, un petit toit de trois à quatre
pieds de large, incliné du côté du nord , toit qui
ne nuit pas à l’adion des rayons du foleil : on le
prolonge même quelquefois au-deffus du vitrage
dans le but, i°. d’empêcher le vent du nord de fe
S E R 5 i5
rabattre fur le vitrage} 20. d’y attacher des tories
pour couvrir le même vitrage pendant les grandes
chaleurs, pendant les grands froids, & lorfque U
grêle eft à craindre.
La toiture des Serres doit être fuperpofée à un
efpace vide qui n’ ait pas de communication avec
l’ air extérieur, à l’effet de q uoi, outre le plafond
intérieur, le deffous des folivès qui fupportentles
tuiles ou les ardoifes, en portera également un
qui aura au moins trois pouces d’épaifleur.
Quelques perfonnes penfent qu’il vaut mieux
couvrir les Serres avec des chaumes ou des rofeaux,
qu’avec des tuiles ou des ardoifes ; & en effet,
ces chaumes & ces rofeaux font de moins bons
conducteurs de la chaleur, mais ce n’eft que dans lès
pépinière^des marchands qu’on le fait quelquefois.
Les muré des Serres doivent être intérieurement
récrépis avec le plus grand foin, & même peints
en blanc, à l’huile ou en détrempe,. Le badigeonnage
au lait caillé ou à la pomme de terre peut
leur être appliqué.
Le vitrage d ’une Serre, quelle que foit fa difpo-
fition, doit repofer, autant que faire fe peut, fur
un mur en pierre de taille, élevé d’un pied ou
deux au-deflus du maffif qui lui fert de bafe, dans
celles où le vitrage eft perpendiculaire ou feulement
incliné. Sur ce mur eft fixé un madrier dans
lequel font percées des mortaifes qui reçoivent
des montans qui, dans les ferres à vitrage fimple ,
vont s’attacher à une faîtière pofée fur l’extrémité
des deux mûrs latéraux, & fupportant un des
côtés du toit.
Lorfque la Serre eft à vitrage b r ifé , ces montans
font au plus de quatre à cinq pieds de longueur,
& s’ infèrent dans une traverfe qui fait le
tour des deux tiers ou prefque des deux tiers de
la Serre} car celles de ces fortes de Serres qui portent
un petit toit , ont de chaque côté un mur de
même largeur pour le foutenir. Ces traverfes font
pourvues d’autres mortaifes inclinées , correfpon-
i dant à celles qui reçoivent les montans, de manière
à recevoir des folives qui vont fe fixer
contre le mur du fond ou contré la faîtière du toit.
La diftance entre les montans, & par conféquent
entre les folives, varie} mais celle de quatre à
cinq pieds eft la plus convenable.
Toutes ces pièces de bois doivent être unies &
pourvues de feuillures propres à recevoir les
châffis. On les peint à l’huile, en gris-blanc, à
plufieurs couches} on foitifie leur affemblage,
vers leur milieu, par le moyen d’une tringle de
fer qui les traverfe & qui eft arrêtée, à chacune
d’ elles, par une fiche entrant dans un trou ménagé
à cet effet.
Quant à leur groffeur, elle doit être affez confidérable
pour affurer leur folidité & leur durée,
mais pas trop cependant, puifqu’ elle intercepteroic
d’autant plus les rayons du foleil.
Les panneaux qui doivent être fixés entre ces
montans feront également de coeur de chêne bien
R r ij